Tout comprendre de la polémique qui touche la plateforme de streaming.
Ils sont plusieurs artistes, la légende du rock Neil Young, Joni Mitchell, India.Arie et Graham Nash à avoir retiré leur catalogue musical de Spotify. Si la plateforme est souvent taxée de sous-payer les artistes, la raison de ce geste est ailleurs. En cause : un podcast animé par Joe Rogan, ancien champion de Taekwondo et aujourd’hui animateur du podcast le plus écouté de Spotify. DansThe Joe Rogan Experience, qui cumule 11 millions d’auditeurs par numéro sur Spotify et dont la plateforme de streaming s’est offert l’exclusivité en 2020 contre 100 millions de dollars, il accueille de nombreuses personnalités issues de la politique et du spectacle mais aussi d’autres qualifiées de complotistes. Des invités qui se positionnent notamment contre le vaccin du Covid-19 comme par exemple le docteur Robert Malone apprécié des antivax et banni de Twitter pour y avoir relayé de fausses informations.
Pression de la part de certains artistes et du Prince Harry et Meghan Markle
Pour la rockstar Neil Young, “Spotify diffuse de fausses informations sur les vaccins – causant potentiellement la mort de ceux qui croient à la désinformation qu’ils diffusent“, écrit-il le 25 janvier sur son compte Twitter, déclenchant alors une vague de contestations. “Je veux que vous fassiez savoir à Spotify dès AUJOURD’HUI que je veux que toute ma musique soit retirée de leur plateforme”, ordonnera t-il dans la foulée à sa maison de disque Warner, qui s’exécutera deux jours plus tard. “Ils peuvent avoir Rogan ou Young. Pas les deux”, poursuit l’artiste qui ne décolère pas.“Spotify est devenu un lieu de désinformation potentiellement mortelle sur le Covid. Des mensonges vendus contre de l’argent”.
Déjà inquiets des sujets abordés dans le podcast de Joe Rogan, un groupe de 270 scientifiques et professionnels de la santé avaient publié à la mi-janvier une lettre ouverte à Spotify, jugeant l’émission comme une menace pour la santé publique. Face à la vague contestataire le directeur de l’OMS s’est lui aussi emparé de la polémique en saluant le geste de Neil Young sur Twitter. “Les secteurs publics et privés, en particulier les plateformes de #réseaux sociaux, les médias, les particuliers – nous avons tous un rôle à jouer pour mettre fin à cette pandémie et à cette infodémie”, écrit le porte-parole de l’Organisation mondiale de la Santé. Dans son sillon, le Prince Harry et Meghan Markle qui ont signé en 2020 un partenariat avec Spotify pour la création de podcasts, s’inquiètent eux aussi. “Nous n’avons cessé d’exprimer nos inquiétudes à Spotify afin que des changements interviennent sur la plateforme pour aider à faire face à cette crise de santé publique”, font-ils savoir. “Nous attendons de Spotify qu’ils soient à la hauteur des enjeux, et nous sommes engagés en ce sens à poursuivre notre collaboration avec eux.”.
.@NeilYoungNYA, thanks for standing up against misinformation and inaccuracies around #COVID19 vaccination.
— Tedros Adhanom Ghebreyesus (@DrTedros) January 27, 2022
Public and private sector, in particular #socialmedia platforms, media, individuals – we all have a role to play to end this pandemic and infodemic.https://t.co/kcFyIZQF7T
La réaction de Spotify
Si tout d’abord Spotify semblait s’être rangé du coté de leur podcasteur phare en assurant avoir depuis le début de la pandémie “supprimé plus de 20 000 épisodes de podcasts liés au covid” et disant regretter la décision de Neil Young de retirer son catalogue musical mais sans jamais rebondir sur la teneur des podcast de Joe Rogan, c’est finalement le PDG de Spotify lui même qui est venu mettre un peu d’eau pour éteindre le feu.
“Sur la base des retours que nous avons depuis ces dernières semaines, il est devenu clair pour moi que nous avions une obligation de faire plus pour fournir de l’équilibre et donner accès à une information largement acceptée des communautés médicales et scientifiques
“, écrit le PDG et fondateur Daniel Ek dans un communiqué. Un décision qui intervient alors que l’action en bourse de Spotify avait chuté de 6 %, entrainant une perte de 2,1 milliards de dollars, soit 1,8 milliard d’euros à la firme suédoise. Le podcasteur Joe Rogan a lui depuis fait son mea-culpa dans une vidéo postée sur Instagram et dans laquelle il s’engage à inviter des intervenants plus diversifiés.
Récemment c’est la chanteuse Adele qui faisait plier Spotify.
2 février 2022