Aux États-Unis les rappeuses sont-elles aussi mises de côté ?

Le possible featuring entre Cardi B et Kanye West prend presque des allures d’exception.

Crédit photo : Gauche/Pepsi – Droite/GQ

Il pleut des featuring dans le rap comme il a plu sur François Hollande pendant son mandat. C’est à dire beaucoup. Pourtant l’annonce d’une potentielle collaboration entre Cardi B et Kanye West ne nous a pas laissé indifférent. La fusion entre deux mastodontes du hip-hop n’y est pas pour rien c’est sûr, mais surtout parce qu’elle est venue nous rappeler que si la France semble encore mettre de côté les rappeuses, aux États-Unis, terre du rap, les femmes souffrent aussi de ne pas être accueillies tant que ça sur les projets de leurs pairs. Alors que Megan Thee Stallion a les faveurs de ses acolytes Lil Baby, Tyga ou encore DaBaby, les plus grands noms masculins du rap US semblent eux plus frileux à donner la réplique à leurs comparses féminines. D’où la petite hype autour du feat Kanye West x Cardi B.

Affinités privilégiées ou sexisme ordinaire ?

Dans un papier du site américain spécialisé dans les cultures urbaines, Complex, la journaliste Jessica McKinney se questionnait en août dernier sur le faible nombre de featuring proposés aux femmes par des hommes sur des albums de rap. Partant du constat que le dernier album de Kanye West “Donda” n’affichait aucun nom féminin, la journaliste remarque que beaucoup de projets masculins du top Billboard sortis il y a peu, suivent un chemin identique. L’album de 15 titres de Nas, “King’s Disease II”, ne comporte qu’une seule femme (Lauryn Hill) sur huit invités au total. L’album de 18 titres de Lil Baby et Lil Durk, “The Voice of the Heroes”, composé de quatre featuring n’en a invité aucune. Et sur le 12 titres “Hall of Fame” de Polo G, seule Nicki Minaj représente une voix féminine. À l’heure pourtant où les rappeuses américaines ont pris d’assaut les playlists, avec un équilibre entre les big stars comme Saweetie, Cardi B ou encore Nicky Minaj, et les jeunes rookies, force est de constater que le mélange n’est pas encore une évidence.

La faute a une industrie peu inclusive ? Surement. Raconter ses déboires et autres victoires avec un autre homme a plus de sens pour la gent masculine ? Aussi sûrement et on le comprend même si French Montana s’offrait récemment un trio en invitant Doja Cat et Saweetie sur le même morceau. Est-on toujours obligé de pointer du doigt le manque de représentations féminines dans le rap ? Oui, pas pour jouer les pleureuses mais pour continuer à éduquer et à briser les stéréotypes du style : une femme ça ne sait pas rapper. Pour montrer que la sororité entre garçons aussi belle soit-elle, peut aussi apparaitre comme un entre-soi sexiste.

En réponse, les artistes américaines s’unissent. Doja Cat et Megan Thee Stallion sont venues chatouiller les élans d’Ariana Grande dans le Remix de “34+35”. Un peu plus tôt la rappeuse de Houston asseyait sa notoriété en collaboration avec Cardi B sur “WAP“, un titre visionné plus de 438 millions de fois sur Youtube. Saweetie elle, embarquait Tay Money, une “brand new bitch” dans le rap game sur le morceau “Bussin 2.0”.

À lire : un guide des rappeuses montantes aux US en ce moment.

10 janvier 2021

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