Lève ta main et crie Victoire

On a parlé pâtisserie, mais aussi football avec l’ancienne candidate du Meilleur Pâtissier.

Crédit photo : Chiraz Abdesselem / ANCRÉ

Il est 18h passé. Les derniers portraits de Victoire ont été tirés il y a plus d’une heure. Mais elle est encore là. À discuter, de tout. De rien. L’occasion de piquer une anecdote, hors interview, qui dresse parfaitement le portrait de celle que vous avez découvert lors de la nouvelle saison du Meilleur Pâtissier sur M6. Entière. Espiègle. Attentive. La native de Villeneuve-Saint-Georges qui avoue qu’avec ce prénom ses parents lui ont donné « un coup de pied au cul », est à l’écran ce qu’elle est dans la vraie vie. Une expression en chasse une autre, sur son visage éclairé tantôt par l’étonnement, d’autres fois par l’interrogation, faisant de ses grands yeux verts, un parfait indicateur de son état émotif à chaque seconde. Alors quand elle entreprend de nous raconter l’anecdote qui va suivre, elle est traversée par un énervement teinté de tristesse. « Ils n’ont pas voulu me laisser rentrer en Jordan », débute t-elle nous expliquant avoir été refoulée d’un établissement parisien alors qu’elle se rendait à l’anniversaire d’une amie. « Le mec a côté de moi il passe avec la même paire que la mienne. J’avais mis une petite paire soignée. Je lui dis moi à la physio, je suis là pour danser, comment tu veux que je danses en talons ? Je veux juste m’amuser être confortable. Et le mec lui avec la même paire que moi il rentre ? Donc en gros on nous demande de faire les « putes », nous les femmes, je dois me trémousser en talons pour rentrer ». Elle rejoindra le dancefloor finalement grâce à une paire prêtée par une copine. Talons aux pieds. Larmes aux yeux.

La Vista

Crédit photo : Crédit photo : Chiraz Abdesselem / ANCRÉ

On n’est donc pas étonné d’apprendre que Victoire voulait être footballeuse professionnelle avant de se découvrir une passion pour la pâtisserie. « Quand j’ai commencé le foot à Juvisy, on n’avait pas vraiment d’exemples de femmes qui réussissaient dans le football, on ne les voyait pas à la télé… je me sentais seule dans mon délire, alors même si j’avais atteint un niveau national, j’ai réfléchis à ce que je voulais faire à part le football. J’ai pensé à être psychologue mais je me suis rendue compte que j’étais trop une éponge pour ça ». Après avoir été milieu gauche, celle qui nous apprendra qu’elle est la petite cousine du rappeur Stomy Bugsy, occupera le poste de gardienne de but, « le meilleur joueur du terrain », comme elle nous l’explique avec cette envie non dissimulée de toujours être différente. « J’étais milieu gauche mais je me suis blessée. Comme je suis impatiente j’ai demandé à mon coach de faire des entrainements gardien pour travailler mes appuis. Je suis tombée amoureuse de ce poste là. Tu es unique. Tu es la seule à jouer avec les mains, tu as une vision large du jeu. Les buts que l’attaquant a raté on ne les compte pas mais on compte les buts encaissés. Tout est dans la tête quand tu es gardien. »

Crédit photo : Chiraz Abdesselem / ANCRÉ

Et du mental elle en a Victoire. Il ne faudrait pas se fier à son manque de confiance en elle qui transpirait à l’écran. « On ne s’est pas intéressé à pourquoi je voulais faire du foot, ou même de la pâtisserie. C’est surtout les autres qui ont fait prendre conscience à ma famille que j’étais talentueuse là dedans. Par contre on m’a toujours laissé faire mes choix, et j’avais besoin de ça. J’aime faire les choses par moi même même si après il m’arrive de dire à ma mère qu’elle avait raison (rires) », concède celle qui s’est désormais mise à la boxe anglaise. « Si tu es fatiguée tu ne peux compter que sur toi même alors qu’au football tu as une équipe derrière toi. J’ai un problème avec les émotions, l’énervement, la tristesse, la beauté je pleurais facilement dès que j’étais touchée par quelque chose. La boxe ça m’a canalisé. J’étais incapable d’aller donner des cours à un enfant handicapé avant par exemple, c’était trop dur pour moi, trop d’émotions ».

Et c’est une histoire de cabeza encore quand à 15 ans, elle se lance sur un coup de tête dans la pâtisserie au lycée. Un défi pour celle qui n’avait jamais pâtissé, avec pour premier objectif de« faire plaisir aux gens » avec la gastronomie française. La chef tourrière qui officie actuellement 40 heures par semaines chez BO&MIE le concède pourtant : elle pourrait tout plaquer. L’émission tournée en 2019, mais diffusée en 2021 sur M6 pour cause de pandémie, a réveillé en elle l’envie de se lancer dans la photo ou l’acting. « Je me suis touchée moi même en me regardant à la télé. Je me suis trouvée vraie et pour une fois dans ma vie je peux le dire, je suis une belle personne. Ça m’a donné cette image de moi. Je suis fière de ça », nous glisse t-elle timide mais fière. Forte d’une première expérience avec Maison Kitsuné qui l’a choisi pour illustrer sa collection spéciale à l’occasion du Pride Month, Victoire veut continuer d’écrire son histoire, bien loin des pages qui l’auraient cantonné à une simple jeune femme de banlieue. Et ne pas compter pour du beurre.

Pour suivre Victoire : son compte Instagram ici.

24 juin 2021

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