Quelles marques pourraient fermer en France cette année ?

De Claire’s à C&A, retour sur les enseignes les plus éprouvées par les nouvelles manières de consommer.

Crédit photo : Kaporal

Jennyfer a fermé ses portes, Pimkie s’associe avec SHEIN pour tenter de subsister dans un paysage en pleine mutation… Ce n’est pas un scoop : le monde du retail va mal. D’après la Fédération Alliance du Commerce, le secteur du textile a perdu près de 47.000 emplois entre 2013 et 2024. Peinant à s’aligner avec les géants de la fast-fashion en ligne, les enseignes emblématiques de notre adolescence s’enlisent toutes, peu à peu, dans des démêlées judiciaires pour tenter de survivre. On vous fait le récap.

Claire’s

Crédit photo : Claire’s

Spécialiste des bijoux fantaisies et des piercings-minutes, l’enseigne de bijoux a été placée en redressement judiciaire en juillet dernier, justifié par une baisse significative des ventes en magasin depuis plusieurs années, que les nouvelles taxes américaine sur les produits chinois (largement exploité par Claire’s) n’ont pas aidées. À la suite d’une période d’observation de trois mois, le tribunal a décidé, le 25 septembre dernier, de maintenir cette procédure jusqu’à fin janvier. Une chance subsiste ainsi tant que la justice n’a pas tranché en faveur de la liquidation judiciaire, permettant ainsi à de potentiels repreneurs de déposer des offres. Trois propositions ont déjà été effectuées, mais elles ont été jugées “trop minimaliste” par les instances, notamment au sujet des emplois.

En effet, 250 magasins et entre 800 et 1.000 emplois sont en danger. Les représentants du personnel, invités lors de l’audience de septembre, ont signalé des faits qualifiés « d’irrégularités graves dans la gestion de la société », accusant notamment la maison mère américaine d’avoir « vidé les caisses ».

Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam

Crédit photo : Comptoir des Cotonniers

Propriétaires des deux marques, le groupe Fast Retailing France (également détenteur d’Uniqlo) avait déjà entamé un plan de sauvegarde en juin 2023, annonçant envisager la fermeture de 55 magasins de Comptoir des cotonniers et Princesse tam.tam sur 136 en France. La suppression de 304 postes pour ces deux enseignes a également été considérée deux ans plus tard, en juin 2025, en raison de “la poursuite de la détérioration financière”, de leurs comptes, “dans un contexte de marché qui ne s’est pas amélioré”, avait confié une source à l’AFP. Particulièrement impactées par l’essor de la fast-fashion en ligne, les deux enseignes avaient d’abord tenté de baisser leurs prix de vente de 30%, afin d’élargir leur clientèle. Sans succès. En juillet dernier, les deux marques ont été placées en redressement judiciaire et le groupe vise “un projet de réorganisation socialement responsable”.

Selon Le Parisien, les offres de reprise ne sont pas nombreuses. Cinq ont été déposées, mais elles seraient toutes très faibles, sans garantie de maintien des marques, axant plutôt leur proposition sur l’acquisition de magasins à l’unité ou par lots. Dans le cas du groupe Antonelle (notamment propriétaire de Kookaï), l’offre est un peu plus sérieuse, et prévoit la reprise de six boutiques, 17 salariés afin de développer les deux enseignes dans certaines villes où elles sont déjà implantées, comme Saint-Tropez, Strasbourg, Dijon, Saint-Malo et Paris. Rappelons qu’actuellement, le groupe Fast Retailing emploie 500 salariés en France pour Comptoir des Cotonniers et Princesse tam.tam.

Naf Naf

Créée en 1973, Naf Naf a longtemps fait le bonheur des modeuses françaises, notamment dans les années 1990 où elle rencontre un immense succès. S’essoufflant peu à peu sur le chemin, elle est allé jusqu’à afficher devant certaines de ses vitrines un message sans appel en août dernier : “Naf Naf vous dit au revoir”. Après trois redressements judiciaires successifs dûs à“des difficultés de trésorerie”, l’enseigne a été rachetée en août dernier par le Groupe Beaumanoir (déjà propriétaire de Cache Cache, Bonobo ou Morgan), qui a fait l’acquisition de 12 magasins en France, “sélectionnés pour leur emplacement stratégique permettant au groupe de poursuivre et renforcer son maillage territorial sur ses marques actuelles,” comme l’a déclaré une source à l’AFP. Dans un communiqué, le Groupe Beaumanoir affirme que “l’offre inclut également la reprise de 55 collaborateurs rattachés à ces magasins et près de 250 offres de reclassement supplémentaires au sein de ses différentes enseignes”. Un chiffre qui correspond à peine à la moitié des 600 emplois concernés, répartis entre les succursales et le siège de l’enseigne.

Une reprise qui s’inscrit dans une stratégie plus globale “dont l’objectif est de construire une offre mode exhaustive par le biais d’un portefeuille de marques diverses et complémentaires, s’adressant à une clientèle élargie”. En effet, le Groupe est à l’origine du rachat de La Halle (2020), Caroll (2021), Sarenza (2022), Boardriders (2024) ou encore Jennyfer (2025).

Jennyfer

Justement en grande difficulté depuis plusieurs années, Jennyfer était d’abord sortie de redressement judiciaire l’été dernier, dévoilant une nouvelle identité et sa stratégie pour les années à venir. Première étape ? Un retour au source marqué par le réemploi de son nom d’origine (modifié pour « Don’t Call me Jennyfer » en 2019, ndlr), Jennyfer. Pourtant, si l’enseigne embrasse son héritage, c’est sous un nouveau logo monogrammé qu’elle le fait. Au programme de ce rebranding ? Des “collections renouvelées”, mais toujours “avec un brin de nostalgie un héritage 90’s dont nous sommes fiers” poursuit le CEO. Un revirement qui n’a manifestement pas suffit puisqu’une liquidation judiciaire a été prononcée le 30 avril dernier.

Reprise partiellement par les groupes Celio et Beaumanoir, la marque a pu sauver 33 boutiques sur 300. Le reste de son stock a été vendu aux enchères, et une grosse partie (1,9 million d’articles) a été acquise par le leader européen du déstockage, Noz. Mises en rayon à partir du 29 septembre dernier, les différentes pièces sont bradées par l’enseigne, qui descend jusqu’à -75% par rapport au prix d’origine (faisant par exemple passer les jeans à 6,50 euros au lieu de 25,99 euros).

IKKS

Crédit photo : IKKS

Fondée en 1987 dans le Maine-et-Loire, l’entreprise de prêt-à-porter IKKS France a été placée jeudi 25 septembre en redressement judiciaire par le tribunal de commerce de Paris. En plan social depuis deux ans, le groupe qui emploie près de 1000 personnes en France (dont 400 au siège) avait déjà vu plus de 70 boutiques sur 600 fermer, encourageant la suppression de plus de 200 postes. Ce plan, baptisé “PhoenIKKS”, visant notamment à recentrer l’activité sur les segments les plus rentables de la marque, avait pourtant fait ses preuves car certaines améliorations étaient déjà perceptibles. Mais cela n’a malheureusement pas suffit.

Fragilisée par le Covid, l’ultra fast fashion mais aussi le conflit russo-ukrainien – la marque faisait notamment produire une partie de ses manteaux, parkas et costumes en Ukraine -, l’entreprise détenue depuis 2019 par les fonds américains Avenue Capital, CarVal Investors et Marathon Asset Management cherche aujourd’hui des repreneurs.

C&A

Enlisé depuis des années dans une mêlée financière, C&A a annoncé en mars dernier son huitième plan social en huit ans. Si en juin 2024, Nadia Bothorel, la directrice générale de C&A France, paraissait optimiste à l’occasion de la première ouverture d’un magasin en 11 ans, parlant d’un “renouveau de la marque” et de son “potentiel fou pour séduire”, quelques mois plus tard, le rêve s’effondre. En mars dernier, le groupe néerlandais a annoncé la fermeture de 24 magasins sur 147 et de 57 corners. Une décision qui s’accompagne de la suppression de 324 postes. Rappelons que depuis 2017, date du premier plan de relance, près de 800 salariés se sont retrouvés sans emploi et que 32 boutiques (dont les deux flagships parisiens) ont déjà baissé le rideau.

Également fragilisé par l’essor de SHEIN et autres Temu, C&A peine à s’aligner, avec des prix qui ont augmenté de 30% et des modèles pas toujours au goût du jour. “Avant la crise, C&A occupait un bon positionnement tarifaire avec des produits classiques, qui trouvaient un écho auprès des clients. Mais les tendances ont évolué et le basique ne fonctionne plus,” explique Thomas Graffagnino, managing director, marketing et customer strategy chez SiaPartners, à Capital. D’après la CGT, si C&A est conscient des problèmes de son entreprise, aucune stratégie n’a été présentée. “La seule idée que la direction a mis en avant c’est de travailler davantage avec des influenceurs pour mettre en avant les collections,” indiquent les représentants syndicaux, toujours à Capital. Pas suffisant pour relancer tout un empire.

Café Coton

Placée en liquidation judiciaire avec poursuite d’activité en avril dernier, la marque de prêt à porter masculine s’est vue accorder un plan de cession par le tribunal de commerce de Bobigny, en faveur de la holding BCR-i. Déjà été visée par une procédure de sauvegarde en 2021, l’enseigne, particulièrement impactée par le Covid et la baisse de demande concernant les tenues formelles masculines compte sur cette reprise pour se relancer. Une reprise qui implique notamment le nom de marque, le site marchand, les stocks, ainsi qu’une vingtaine de boutiques (sur 60).

Kaporal

Crédit photo : Kaporal

Après un redressement judiciaire et une année passée sous l’observation du tribunal de commerce de Marseille pour faire face à “des difficultés économiques sans précédent”, la marque de denim phare des années lycée Kaporal était revenue avec une nouvelle collection. Sa stratégie ? Se recentrer sur le denim et leur identité provençale.

Un concept qui n’a manifestement pas suffit à sauver la marque puisque le groupe a été placé en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce de Marseille, avec arrêt immédiat de l’activité, en mars dernier. Une décision qui entraîne le licenciement de 280 employés. En juillet 2023, un plan de reprise par trois cadres du groupe avait pourtant été retenu, prévoyant la reprise de 78 magasins sur 85 et de 395 collaborateurs sur 434. Malgré le fait que “les équipes aient travaillé sans relâche pour redresser l’entreprise” durant “deux années de travail acharné et de transformation profonde”, “les défis économiques actuels” ont rendu “la poursuite de ce travail impossible dans le cadre actuel,” a expliqué la direction de Kaporal dans un communiqué.

André

Marque historique de chaussures, André connaît une période difficile depuis plus de sept ans. Avec, entre autres, deux redressements judiciaires et trois changements de main depuis 2018. Propriété de l’homme d’affaires belge Karim Redjal depuis 2023, l’enseigne a demandé son placement en redressement judiciaire en mai dernier, dans le but “d’accélérer la restructuration engagée il y a plusieurs mois” et avec “pour objectif la présentation d’un plan de continuation une fois la restructuration finalisée”, comme le détaille la société dans un communiqué. Une décision validée par le tribunal de commerce de Paris.

Autrefois emblématique et implanté dans de nombreuses communes françaises, André s’appuie désormais sur un réseau réduit de boutiques, avec seulement 16 points de vente, notamment situés dans des centres commerciaux, contre 500 à son apogée, dans les années 1980. Pour élargir sa clientèle, l’entreprise avait récemment dévoilé un nouveau concept sous le nom de “Maison André”, proposant des chaussures plus haut de gamme, entièrement en cuir.

Minelli

Crédit photo : Minelli

La marque de chaussure créée en 1973 avait été placée en redressement judiciaire devant le tribunal de Marseille, en septembre 2023. Sauvée en 2024 par trois repreneurs, des investisseurs et la marque de vêtements « Mes Demoiselles Paris », la marque, devenue « Maison Minelli » semblait sortir la tête de l’eau, malgré le licenciement de nombreux salariés, du à un plan de reprise qui prévoyait de ne conserver qu’un peu plus de 200 employés sur 600.

Des décisions difficiles à prendre qui n’ont manifestement pas suffit, puisqu’une procédure de sauvegarde a été prononcée par le tribunal des activités économiques de Paris envers « Maison Minelli ». D’après le jugement, pour le premier exercice annuel de la marque, clos en février 2025, on a pu observer une perte nette de 4,2 millions d’euros, pour 22 millions d’euros de vente. Rappelons que le dirigeant prévoyait un chiffe d’affaire de 29 millions d’euros. Il espère relancer la marque à travers « la fermeture des points de vente déficitaires » et grâce une « montée en gamme ».

6 octobre 2025

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