Toutes ces fois où Serena Williams a pris position pour les femmes et contre le racisme

La joueuse de tennis, philanthrope et entrepreneuse américaine a tout au long de sa carrière tenu à faire entendre ses revendications. Au nom de la société, des femmes et des personnes racisées.

Crédit photo : photo originale via Nike – montage ANCRÉ

Le 10 août dernier, Serena Williams annonçait publiquement sa retraite sportive. “Il arrive un moment dans la vie où l’on doit décider de prendre une autre direction.”, écrivait la joueuse de tennis âgée de 40 ans en légende d’un post Instagram présentant la prochaine édition du magazine Vogue où elle figure en couverture. Après plus de deux décennies à performer sur les courts, Williams raccrochera la raquette après l’US Open, afin de se consacrer pleinement à sa famille et à ses futurs projets. “Je suis ici pour vous dire que j’évolue loin du tennis, vers d’autres choses qui sont importantes pour moi. Il y a quelques années, j’ai lancé tranquillement Serena Ventures, une société de capital-risque. Peu de temps après, j’ai fondé une famille. Je veux agrandir cette famille.”, poursuivait Williams, déjà maman d’une petite fille de 5 ans.“Si j’avais été un homme, je n’aurais pas à faire ce choix”, avouait-elle dans la foulée, avant d’ajouter : “Je serais en train de jouer pendant que ma femme serait en train de travailler à agrandir notre famille.

Tout au long de sa carrière, Serena Williams a donné de la voix en dehors du court, s’érigeant comme une personnalité résolument engagée et ce pour différentes causes. Alors si elle continuera à utiliser son exposition pour changer les choses, offrons nous un retour sur ses prises de paroles au cours de sa carrière.

Pour le droit des personnes racisées et le mouvement Black Lives Matter

Crédit photo : Serena Williams Facebook

“Je suis une femme noire et je suis dans un sport qui n’est pas vraiment fait pour les Noirs. Donc, pour ceux d’entre vous qui sont impliqués dans des mouvements qui prônent l’égalité et la justice comme le mouvement Black Lives Matter, je vous dis : ‘Tenez bon ! Ne laissez pas ces trolls vous arrêter !’ Nous avons vécu tellement de choses pendant des siècles, et nous parviendrons à les surmonter aussi”, écrivait la joueuse de tennis dans l’édition de novembre 2015 du magazine Wired pour laquelle elle était invitée en tant que rédactrice du mois. Un message qui faisait suite à la montée en puissance du mouvement BLM né en 2012 après le meurtre d’un jeune adolescent de 17 ans, Trayvon Martin, tué par balles dans la banlieue d’Orlando, en Floride, alors qu’il était non armé.

Quelques mois plus tard, C’est sur Facebook que Serena Williams choisira de se confier sur une histoire personnelle. Elle raconte avoir demandé à son neveu âgé de 18 ans de la conduire en voiture à un rendez-vous afin qu’elle puisse travailler sur son téléphone durant le trajet. En plein milieu de la route, elle voit des policiers au loin et adopte directement le réflexe de vérifier si son neveu n’est pas en excès de vitesse. Elle est ensuite prise par la peur en se souvenant de l’affaire Philando Castile, un homme noir abattu par balles par la police lors d’un contrôle routier, sous les yeux de sa petite amie assise sur le siège passager. “J’ai regretté de ne pas avoir pris le volant. Je ne me le pardonnerais jamais s’il arrivait quelque chose à mon neveu. Pourquoi dois-je encore y penser en 2016 ? N’avons-nous pas traversé suffisamment de choses, ouvert assez de portes, impacté des milliards de vies ?”, écrit-elle alors à ses milliers de followers, avant de citer Martin Luther King : “Il arrive un moment où le silence est une trahison. Je ne vais pas rester silencieuse, Serena..

Pour plus d’inclusivité et de diversité dans la mode

https://www.youtube.com/watch?v=vnla-WFKcew

En 2019, Serena Williams lançait main dans la main avec Nike, le Serena William Design Crew, un incubateur de talent pour plus de diversité dans la mode et notamment le sportswear. Ici, la championne de tennis s’attaquait à la sous-représentation des talents racisés au sein des équipes de productions. Résultat, deux ans après la mise en place du programme, la première collection de vêtement et d’accessoires Nike designée par un groupe de 10 jeunes créateurs voit vu le jour. La collection présentait pour l’occasion une multitude de références aux cultures noires ainsi qu’à la carrière de Williams. Une combinaison et un jogging s’inspirent par exemple du tissu Kente originaire d’Afrique de l’Ouest. En 2022, elle s’attellera également avec Nike a créer un collectif visant à mettre en lumière les sportives féminines.

Williams n’opère pas seulement avec son équipementier Nike, la championne lutte contre les inégalités également en solo. En 2018, elle dévoile sa propre marque de vêtement éponyme, Serena. Déterminée à briser les standards de beauté dans l’industrie de la mode, elle renomme les grandes tailles souvent baptisées “plus size” en “great”. “J’en ai marre du mot ‘plus’. Je ne veux pas être ‘plus’. Je veux être géniale. Je veux que les autres femmes se sentent aussi comme ça. Je voulais créer des vêtements qui conviendraient à une femme galbée pour lui permettre de se sentir bien”, confiait-t-elle dans Marie-Claire au moment du lancement.

Collection Serena pour les femmes “géniales”
Crédit photo : Serena

Égalité salariale

La joueuse de tennis américaine ne s’est jamais empêchée de s’exprimer sur le sujet de l’égalité des salaires hommes-femmes. Dans une lettre ouverte publiée dans l’édition spéciale Femmes Influentes du magazine Porter Magazine, elle déclarait : “J’ai fait les mêmes sacrifices que les hommes. Je ne voudrais jamais voir ma fille être payée moins que mon fils pour le même travail effectué”. Elle invitait au même moment les femmes à “faire tomber de nombreuses barrières sur leur route vers le succès – Nous devrions toujours être jugées par rapport à nos accomplissements, pas à notre sexe (…). Nous devons continuer à viser les étoiles. En faisant cela, nous habiliterons la prochaine génération de femmes à être aussi puissantes que nous lorsqu’elles poursuivront leurs rêves”.

À l’occasion de la Journée du Salaire Équitable pour les Femmes Noires, Williams s’emparera de son compte Twitter comme mégaphone : “Les femmes noires sont la pierre angulaire de nos communautés, elles sont phénoménales et elles méritent un salaire équitable”, écrira t-elle en guise d’encouragement à la cause. Dans la foulée, elle rédigera une tribune sur le site de Fortune dans laquelle elle rapporte qu’à poste égal, une femme noire gagne 17% de moins qu’une femme blanche et 37% de moins qu’un homme blanc selon les chiffre du National Women’s Law Center. Elle précisera également que pour chaque dollar gagné par un homme, les femmes noires gagnent 63 centimes, les appellant ainsi à aller “récupérer leurs 37 centimes”.

Empowerment sportif

En 2019, c’est dans un spot publicitaire Nike intitulé “Dream Crazier”, que Williams donne de la voix pour les athlètes féminines. Dans la vidéo, elle pointe du doigt les injonctions bien trop souvent prononcées à l’égard des femmes. “Si nous rêvons d’opportunités égales, nous sommes en pleine illusion. Si nous nous battons pour quelque chose, nous détraquons. Quand nous sommes trop fortes, il y a quelque chose qui ne va pas chez nous. Une femme qui fait de la boxe, c’est une folle. Une femme qui fait un dunk, c’est une folle. Une femme coach d’une équipe de NBA, c’est une folle”, scande Williams tout au long du clip avant de conclure : “S’ils veulent vous qualifier de folles, laissez-les. Montrez-leur ce qu’une folle peut faire”. La même année, elle révélera avoir lancé avec sa société Serena Ventures, un fonds d’investissement engagé à soutenir les entreprises fondées et dirigées par des femmes racisées et des communautés sous-représentées.

En 2018 elle se présente à Rolland-Garros dans une combinaison noir moulante. L’habit imaginé par Nike, a une vertu thérapeutique. Celle qui vient de donner naissance à sa première fille, explique avoir connu des complications médicales, notamment des “problèmes de caillots de sang”. Pour l’aider à surmonter ce problème médicale, elle explique avoir besoin de jouer en pantalon pour favoriser sa circulation sanguine. Mais pour le président de la Fédération française de tennis, l’habit ne respecte pas les règles de Roland-Garros. “Je crois qu’on est parfois allé trop loin. Cette tenue ne sera plus acceptée. Il faut respecter le jeu et l’endroit. Tout le monde a envie de profiter de cet écrin“, confiera t-il. Si cette sortie médiatique sera suivi d’un tollé, on reprochera notamment au tournoi de vouloir contrôler le corps de femmes, Serena Williams fera profil bas. Expliquant que chaque tournoi à ses propres règles. En interne en revanche, la joueuse se battra pour porter sa combinaison. Et alors qu’elle avait comparé sa tenue à une cape de super-héroïne, son équipementier Nike se fendra d’un tweet devenu viral : “Vous pouvez retirer le costume au super héros, mais vous ne pouvez jamais lui enlever ses super pouvoirs“.

Contre les violences conjugales

En octobre 2018, Williams collabore avec la Fondation Allstate, autour d’une campagne dénonçant l’emprise financière que subissent les victimes de violences conjugales. Pour sensibiliser à cette forme de violence domestique souvent dissimulée, et ouvrir une conversation à l’échelle nationale, l’organisme met en scène la tenniswoman en pleine préparation d’avant match. “Si je boitais sur le court, vous le remarqueriez. Si j’avais un œil au beurre noir et des os cassés, vous le remarqueriez. (…) Mais qu’en est-il des abus que vous ne pouvez voir ?”, lance Serena.

Serena sur Serena

Nous ne sommes pas les seuls à faire le bilan des nombreuses prises de paroles de Serena Williams. La joueuse elle même s’offrira une rétrospective de ses actions dans le dernier numéro de Vogue. “J’aimerais penser que grâce à ce que j’ai pu faire, les athlètes femmes peuvent être elles-mêmes sur le court. Qu’elles peuvent jouer avec agressivité, en montrant les poings. Qu’elles peuvent être fortes et magnifiques à la fois. Qu’elles peuvent porter ce qu’elles veulent, dire ce qu’elles veulent, botter des fesses et être fières de tout cela., confie Williams. “J’aimerais penser que je suis passée par des étapes difficiles en tant que joueuse de tennis professionnelle, afin que cela soit plus facile pour la génération future.”

Génération Serena.

5 septembre 2022

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