Le grand rebranding du foot féminin français est lancé

L’OM Féminin se réinvente en Les Marseillaises, tandis que les joueuses de l’OL adoptent désormais le nom des Lyonnes… Entre investissements, nouvelles équipes et identité renouvelée, 2025 pourrait bien être l’année de la conquête pour le football féminin français.

À gauche, les Lyonnes Tarcianne Lima et Kadidiatou Diani. À droite, les Marseillaises Salomé Elisor, Chloé N’Gazi, Nao Bamenga et Roselène Khezami. Crédits photo : adidas / Puma

Le 14 septembre dernier, l’Olympique de Marseille a marqué l’histoire en changeant le nom de son équipe féminine historique. Anciennement réunies sous le nom d’équipe “Olympique de Marseille Féminines” (souvent abrégé en “OM Féminines”), les joueuses du sud se feront désormais appelées les Marseillaises, “un nom fort, inspiré de l’hymne révolutionnaire français, qui incarne puissance, liberté et ambition,” comme l’a précisé le club dans un communiqué. Un petit rien qui sonne pourtant comme une révolution dans un sport qui laisse de plus en plus de place aux femmes, longtemps coincées dans l’ombre de leurs collègues masculins

Les Marseillaises prennent leur envol

Au-delà du simple changement de nom, c’est une toute nouvelle identité qui se dessine du côté des féminines, se détachant peu à peu du pendant masculin du club pour se développer de façon individuelle. “Toutes les révolutions commencent par une Marseillaise, s’amuse le club, Car bien plus qu’un changement d’identité, c’est une véritable révolution visuelle, culturelle et stratégique qui s’opère aujourd’hui à Marseille”. Dévoilant un nouvel emblème inspiré du chant français, le club compte bien s’affirmer comme une marque à part entière, surfant sur le regain d’intérêt significatif que l’on observe autour du football féminin. Soutenue par Puma, l’équipe a, en parallèle, dévoilé une collection inédite inspirée par ce rebranding conçu avec la marque au félin. 

“Les Marseillaises ne se définissent plus seulement comme une équipe de football. Elles deviennent une marque, un mouvement, un état d’esprit, poursuit le club, Cette nouvelle identité incarne la culture marseillaise – faite de passion, de résilience et d’unité – et s’ouvre à une dimension lifestyle et internationale. Leur slogan de lancement, ‘Toutes les révolutions commencent par une Marseillaise’, annonce la couleur : fédérer bien au-delà du football, autour de valeurs universelles d’inclusion, de progrès et de liberté.”

La joueuse des Marseillaises, Salomé Elisor pour la sortie du nouveau maillot de l’OM
Crédit photo : Puma France

Nouveau nom, nouveau logo, nouvel uniforme, mais aussi nouveaux canaux, entièrement consacrés aux femmes. Site internet, billetterie, réseaux sociaux… Plus question de n’être qu’un onglet sur les espaces en ligne masculins. “Avec cette transformation, Les Marseillaises affirment une double ambition : briller sur le terrain comme équipe de haut niveau, et s’imposer en dehors comme une marque culturelle et universelle, souligne le club, Fidèles à l’esprit révolutionnaire de Marseille, elles incarnent un mouvement porteur d’avenir. Les Marseillaises ne sont pas seulement une équipe. Elles sont une révolution.”

L’émancipation des Lyonnes

Un virage significatif entamé il y a quelques mois par l’Olympique Lyonnais, devenu les Lyonnes sous l’impulsion de la présidente du club, Michele Kang. “Dans la logique de création d’une institution qui devienne LA marque de référence du football féminin, le club change de nom et s’appellera dorénavant OL Lyonnes,” explique le club dans un communiqué. Pour accompagner ce nouveau nom, OL Lyonnes change également de blason, remplaçant le corps de lion emblématique par une tête de lionne rugissante. Reines des terrains français depuis près de 20 ans, les joueuses arborent désormais fièrement le profil de la reine de la savane sur leur maillot, toujours déclinée dans les couleurs rouge et bleu historique du club, mais aussi agrémentée de touches d’or. “Ce nouveau chapitre pour OL Lyonnes va bien au-delà d’un simple changement de nom et de logo – il s’agit de redéfinir ce qui est possible dans le football féminin, a déclaré Michele Kang, Notre ambition est d’établir une nouvelle référence mondiale en matière d’excellence, d’ambition et d’investissement dans le football féminin. Cette transformation incarne pleinement notre engagement à offrir le meilleur à nos joueuses, à notre staff et à nos supporters.” 

Plus fou encore, l’équipe a annoncé la création du premier campus de performance entièrement dédié au football féminin, incarnant physiquement l’émancipation des Lyonnes. Infrastructures de pointe conçues sur mesure pour les athlètes féminines, mais aussi création du tout premier musée du football féminin en Europe, pas de doute : les ambitions de Michèle Kang concernant son équipe sont plus grandes que jamais. “Dans le cadre de notre engagement à établir une nouvelle référence mondiale pour le sport féminin et à inspirer les générations futures, il est essentiel de créer un environnement unique où les championnes peuvent s’épanouir, détaille la présidente, En investissant dans des infrastructures qui égalent – voire dépassent – les standards des meilleurs clubs masculins, nous affirmons que le football féminin mérite pleinement sa place sur la scène internationale.”

Monaco, inspiré ?

Des avancées considérables qui encouragent manifestement d’autres clubs à valoriser le football féminin, longtemps considéré comme un risque pour les présidents et les investisseurs. En juin dernier, l’ancien joueur de l’AS Monaco Marco Simone a annoncé la création d’un nouveau club monégasque, mettant les femmes au cœur du projet : le Monaco United Football Club. Car si le Monaco United Football Club, dont le parrain n’est autre que l’ancien international Adil Rami, comprend également une section masculine, une section jeune et une académie de football, c’est avant tout le football féminin qui sera mis en avant dans ce club. Une première. “Depuis un an, je me penche sur le football féminin en Europe et plus généralement dans le monde. Si je suis honnête, il y a quelques années en arrière, je ne pensais pas que le football féminin progresserait de cette manière-là, avoue-t-il à la Gazette de Monaco, Dans des pays comme l’Angleterre, l’Allemagne, l’Espagne ou encore l’Italie depuis peu, il y a eu un vrai développement, avec la professionnalisation. Historiquement, la France a été bien représentée par Lyon et le Paris-Saint-Germain. Les gens ne se rendent pas compte du niveau structurel mis en place et quand on regarde les deux dernières finales de la Ligue des Champions, Barcelone-Lyon en 2024 et Arsenal-Barcelone cette année, on se dit que c’est du football de haut niveau. Dans ce contexte, je me suis dit que ce n’était pas possible que la Principauté, qui est représentée de façon exceptionnelle depuis 100 ans par l’AS Monaco chez les hommes, n’ait pas une équipe féminine de haut niveau.” 

Bien que l’AS Monaco soit déjà doté d’une section féminine (AS Monaco football féminin), la création de cette nouvelle équipe met un sacré coup de pression au club historique du rocher, qui a annoncé sa riposte. Une semaine après la conférence de presse du MUFC, l’ASM FF a annoncé une nouvelle collaboration avec DCB Sports sur les dix prochaines années, avec pour objectif de développer son pôle féminin. “Cet investissement s’inscrit dans une politique nationale de développement. La direction du club partage la même conviction : le sport monégasque au féminin peut être un vecteur d’un ambitieux projet en France et en Europe, a ainsi déclaré André-Pierre Couffet, président de l’ASM FF, dans les pages de Nice Matin, Le club souhaite relever avec détermination le défi, et porter ce rayonnement dans un projet plus vaste : faire gagner les femmes sur le terrain du sport et ailleurs, pour un éclairage remarquable sur la performance au féminin. ” Actuellement en troisième division, les filles de l’AS Monaco visent la montée en Arkema Première Ligue d’ici quatre ou cinq ans. Soit la même temporalité annoncée par Marco Simone pour sa propre équipe. La promesse d’assister à une rivalité monégasque d’envergure. Et de voir, enfin, deux clubs féminins devenir une priorité pour les clubs mixtes. 

23 septembre 2025

Previous Article

Vaillant, l'une de nos créatrices françaises préférées, vient de sortir de la lingerie

Related Posts
Lire la suite

Sandy Baltimore, l’étoile tranquille du football féminin

C'est en Angleterre que nous avons retrouvé la française, fraichement signée à Chelsea. Un an après son arrivée outre-manche, la joueuse se place déjà dans les favorites pour recevoir le titre de "joueuse de la saison". Pourtant elle le dit elle même, la célébrité c'est pas trop son truc.