La suissesse Anastasia Bull mêle utopie et pointe de toxicité dans sa marque

La designeuse suisse joue avec les formes et les couleurs à travers ses créations fantaisistes.

Crédit photo : Gauche/Katharina Halser – Droite/Camilla Fivian

C’est à l’âge de 12 ans que la jeune créatrice suisse Anastasia Bull se lie d’amitié avec la mode avant d’explorer ses différents aspects. Diplômée de l’Académie d’Art et de Design à Bâle, elle s’intéresse à l’effet des couleurs sur les émotions ainsi qu’à l’influence que peuvent avoir les formes sur un espace. Ne soyez donc pas surpris par ses épaules surdimensionnées à volants ou pointues, ou par ses mélanges de couleurs que vous n’avez sûrement jamais encore vu ailleurs. Avec ses volumes oversize, Anastasia Bull souhaite créer une utopie, un monde qui vit de sa vision et elle vous y invite avec féérie et légèreté. Rencontre.

ANCRÉ : Comment décririez-vous l’esthétique de votre marque ? 

Anastasia Bulle, créatrice : L’esthétique de ma marque pourrait être décrite avec les mots utopique, éthéré, toxique, fantaisiste, de l’autre monde. J’aime vraiment créer un monde différent, un paradis. L’idée d’une société utopique m’inspire beaucoup. C’est drôle comme l’utopie a une signification différente pour chacun. Mais en même temps, en visualisant votre utopie, vous pourriez trouver les personnes dont la propre utopie résonne avec la vôtre, ce qui est une belle pensée. 

Crédit photo : Gauche/Katharina Halser – Droite/Camilla Fivian

Vous semblez avoir une obsession pour les épaules. Pourquoi cela ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ? 

Pour moi, cet aspect de la silhouette consiste à prendre de l’espace et à le revendiquer. J’ai toujours l’impression d’être trop introvertie et trop à l’ouest pour ce monde. Je ressens donc naturellement le besoin de revendiquer un espace d’une manière plus matérielle et physique. Les épaules et les manches en flamme sont la visualisation de mes émotions et reflètent ce besoin.

Crédit photo : Camilla Fivian

Dans votre biographie, vous dites créer des vêtements pour le corps et l’âme. Comment parlez-vous à l’âme avec vos vêtements ? 

Je pense que cela se fait automatiquement. Cela vient du plus profond de soi. Je suppose que j’essaie de laisser mon âme parler à travers mon travail. C’est un processus très émotionnel. 

Votre palette de couleurs est très colorée mais aussi sombre. Comment y réfléchissez-vous ?  

J’aime utiliser des couleurs qui ne vont pas forcément ensemble à première vue. Comme le violet et le vert, ou le vert fluo et le rouge. Il y a quelque chose de toxique dans tout cela, mais à la fin, tout a un sens et cela semble presque pur. Cependant, j’ai récemment commencé à travailler un peu plus avec le noir et le blanc. Cela m’a fait réaliser que la façon dont ces couleurs extrêmes fonctionnent ensemble et ce qu’elles communiquent peut aussi être transmis par la silhouette elle-même. Il s’agit vraiment de trouver où je veux que la toxicité d’un vert néon se retrouve ou quand est-ce que j’ai besoin d’un simple tissu blanc qui laissera le design parler de lui-même. 

Crédit photo : Gauche/Tiago Aguiart – Droite/Katharina Halser

Vous êtes basée en Suisse ? Comment est la scène créative là-bas ? 

J’ai étudié à Bâle, à l’Académie d’Art et de Design, où nous étions vraiment autorisés à nous épanouir et à choisir de créer et de travailler sur ce qui nous inspire et nous intéresse le plus. Cependant, je pense que la scène mode ici en Suisse est petite. J’aimerais qu’elle soit plus grande. Mais je pense aussi que, si le Covid nous aura appris une chose, c’est que l’endroit où l’on se trouve physiquement n’a pas vraiment d’importance. Il y a toujours un moyen de communiquer en dehors de son environnement et de trouver des gens dans d’autres régions du monde qui résonnent avec votre travail. 

Pouvez-vous nous parler de votre parcours dans la mode (quel âge avez-vous, quand avez-vous commencé…) ?

J’avais peut-être 12 ans lorsque j’ai commencé à m’intéresser à la mode. Il m’a fallu quelques années de plus, jusqu’à ce que je commence ma licence, puis ma maîtrise à Bâle. C’est assez drôle, parce que je pense qu’au début, j’étais juste fascinée par la mode, mais je ne pouvais pas vraiment dire ce que c’était. Il faut parfois un certain temps pour comprendre ce qui vous attire et ce qui vous fait avancer. Pour moi finalement la mode est devenue un outil de communication et un exutoire pour les émotions. On peut faire presque tout.

Découvrez également Zoubida, le label qui s’inspire des salons marocains pour en faire des vêtements.

22 septembre 2022

Previous Article

Des veuves noires présentées à la Fashion Week de Londres en hommage à Elizabeth II

Next Article

Upcycling et mode font bon ménage lors d'un événement à Paris

Related Posts