La chute d’une star digitale : l’affaire Chiara Ferragni et des brioches de Noël

Elle fut l’une des premières stars de l’influence. Aujourd’hui, l’Italienne Chiara Ferragni risque bien de troquer les robes de créateurs pour une combinaison orange et encourt 1 an et huit mois de prison. On vous explique.

Crédit photo : Chiara Ferragni

En 2009, Chiara Ferragni, jeune mannequin italienne de 16 ans, explose sur Internet, via son blog “The Blonde Salad”. Célébrée comme “blogueuse du moment” par Teen Vogue deux ans plus tard, elle prend vite le virage Instagram, devenant l’une des premières influenceuses dans le monde. Poupée Barbie à son effigie, marque de chaussures à son nom, ambassadrice mondiale Pantene, cours à son sujet à la Harvard Business School… La jeune femme domine le monde des médias et ouvre la voie à toute une génération de créateurs de contenus, qui la prend pour modèle absolu. Suivie aujourd’hui par plus de 28 millions de personnes, la personnalité numérique la plus populaire d’Italie s’est constituée une solide base de fans. Une armada de followers dont Chiara Ferragni semble avoir profité, jusqu’à se mettre la justice à dos. 

De récidives en récidives

En effet, en janvier dernier, l’influenceuse a été mise en examen par la justice italienne pour fraude aggravée liée à des campagnes caritatives jugées trompeuses. Initiée par l’Autorité italienne de la concurrence, une enquête met en cause un partenariat entre la créatrice de contenus et l’entreprise alimentaire italienne Balocco, visant à commercialiser des pandoros (des brioches italiennes très appréciées à l’approche de Noël) à l’effigie de sa marque, dans une campagne suggérant que les recettes devaient servir à financer des recherches à l’hôpital Regina Margherita de Turin. Or, une grande partie des bénéfices est revenue à l’influenceuse. La marque, elle, avait effectué un don unique de 50 000 euros à l’hôpital avant même le lancement du pandoro. 

Crédit photo : I Bambini delle Fate

Le truc, c’est que ce n’est pas la première fois que Chiara Ferragni fait la promotion de produits soi-disant destinés à des œuvres caritatives. En 2023, elle avait déjà été condamnée à à payer un peu plus d’un million d’euros pour une autre opération autour des pandoros, une somme qui s’ajoutait aux 1,2 million d’euros déjà exigés par l’Etat pour la mise en place d’un stratagème similaire basé sur de fausses affirmations selon lesquelles des œufs de Pâques seraient destinés à soutenir une association caritative pour enfants baptisée “I Bambini delle Fate”, ou “Les Enfants des fées”, en français. Après ces amendes, le gouvernement italien est allé plus loin en l’inculpant de fraude aggravée lors d’un procès pénal qui se tient depuis septembre à Milan. Ce mardi 25 novembre, le parquet a requis une peine d’un an et huit mois de prison. L’influenceuse, qui risquait jusqu’à cinq ans de prison, continue de nier les faits et sera entendue une nouvelle fois. Le verdict final, lui, tombera en janvier. Rappelons cependant que, si Chiara Ferragni est déclarée coupable, elle n’effectuera probablement pas de peine, les incarcérations de moins de 2 ans étant rarissimes en Italie.

Les influenceurs, dans le viseur de la justice française

Si jamais un aussi gros nom de l’influence ne s’était frotté d’aussi près à la justice, le secteur, longtemps ignoré par la loi, semble être aujourd’hui une cible pour les autorités. En France, le candidat de télé-réalité et influenceur Dylan Thiry a récemment comparu devant la justice pour “abus de confiance”. Accusé d’avoir détourné l’argent de dons humanitaires à destination de Madagascar, l’ancien participant de “Koh Lanta” et des “Princes de l’Amour” encourt jusqu’à cinq ans de prison et 375 000 euros d’amende. “Au vu de l’épaisseur du dossier”, l’audience se poursuivra en décembre 2026. 

Si elle n’est pas accusée d’avoir détournée de l’argent, l’influenceuse Rym Renom a quant à elle été condamnée à un an de prison avec sursis probatoire de dix-huit mois et 25 000 euros d’amende par le tribunal correctionnel de Versailles, notamment pour avoir fait la promotion de pratiques illicites de chirurgie esthétique. Même combat pour l’ancienne “Marseillaise” Maeva Ghennam, qui a écopé d’un an de prison avec sursis pour pratiques commerciales trompeuses, ainsi que d’une amende de 150 000 euros pour des vidéos allant de janvier 2020 à novembre 2023, dans lesquelles elle n’annonçait pas son intention commerciale. 

En juin 2022, le Collectif AVI (Aide aux Victimes d’Influenceurs) se forme afin de soutenir toutes les victimes de fraudes des stars des réseaux sociaux. L’association milite pour la création d’un parquet du numérique, consacré aux infractions commises en ligne, sur le modèle du parquet national antiterroriste. Car, selon eux, “les lois existent déjà, mais elles ne sont pas appliquées”. Du moins, ça, c’était avant ?

24 novembre 2025

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