Dévoilé mercredi 17 septembre, le clip du nouveau morceau de Laura Chab est une ode à la gymnastique, sport qu’elle a pratiqué durant plus d’une décennie avant de lui préférer le micro. Et fait des parallèles étonnants avec sa propre carrière de chanteuse.
Révélée par The Voice en 2013, alors qu’elle n’a que 16 ans, Laura Chab n’a pas attendu de passer en Prime Time à la télévision pour connaître le stress et les paillettes. Gymnaste depuis son plus jeune âge, la chanteuse est habituée aux jury, aux heures de travail pour un passage de quelques minutes devant le public, aux grands sourires qui cachent la déception et le sentiment d’avoir pu mieux faire, au maquillage parfait et au corps qui souffre. En faisant le parallèle entre musique et gymnastique dans son morceau “COEUR SERRÉ”, Laura Chab nous invite à pénétrer les coulisses de deux industries, aussi stimulantes qu’épuisantes.
Un lien évident
“‘COEUR SERRÉ’”, c’est une chanson hyper personnelle que j’ai composée il y a quelquess années. Elle parle de quand je suis arrivée à Paris, toute jeune, à seize, dix-sept ans, et que je fait une émission de télé qui a fait des millions de vues tout en me demandant comment je vais m’en sortir ici, quel va être mon futur. Quand j’ai fait The Voice, j’étais juste une fille qui allait au lycée, qui faisait de la gym le soir. Et d’un coup, ma vie a basculé. Et j’ai remercié mille fois mes parents de m’avoir mise à la gymnastique parce que sans elle, je n’aurai jamais tenu bon dans cette aventure. J’en suis certaine.” Si sa chanson parle de ses débuts de jeune star fraîchement débarquée sur la capitale, le clip de la Nantaise, lui, renvoie à son passé de gymnaste.
“La gym, c’est ce qui m’a donné la force mentale de faire ça. Ça m’a appris à me relever à chaque fois que je tombe. C’est exactement comme dans une carrière : tu échoues, tu continues, tu n’abandonnes jamais. On ne baisse pas les bras, on ne lâche pas. C’est cet esprit de compétition qui m’a permis de continuer, nous livre la chanteuse, Quand j’ai écrit cette chanson, je n’ai pas pensé à la gym d’abord. Mais j’ai probablement fait le lien inconsciemment.” Avec l’idée depuis toujours de mettre son sport en avant dans un de ses clips, lorsqu’elle compose cette chanson, elle n’a alors aucun doute : c’est sur “COEUR SERRÉ” qu’elle se montrera au monde en tant que gymnaste. “C’était une évidence. J’ai co-réalisé le clip avec François Chatain. C’était un projet hyper ambitieux qui a mis presque un pour voir le jour. Réunir des centaines de gymnastes au milieu d’un stade de foot, filmer avec une caméra de cinéma… Je voulais que ça soit grandiose. Je voulais rendre hommage à la gym,” poursuit-elle.
Il faut dire que le refrain entêtant s’y prête parfaitement. “Juste un petit tour, rien qu’un petit tour, et je disparaîtrai” renvoie aussi bien aux saltos sur un praticable qu’à une performance de trois minutes face à un jury à la télé. “Quand tu regardes la gym aux JO, tu vois des justaucorps, des paillettes, alors que derrière, les filles, elles passent des heures et des heures à s’entraîner, elles se blessent, elles se font mal, elles répètent des mouvements des centaines de fois. On a les pieds abîmés, on est fatiguées, on craque des épaules, notre corps est amoché. Ce sont des heures de répétition pour juste briller cinq minutes, détaille Laura Chab, C’est exactement comme dans la musique. Tu passes à la télé, t’es sous les projecteurs, tu brilles aussi, mais derrière, personne ne voit les heures de travail, de dépression parfois, de solitude, de doutes…”
Trouver de la beauté dans la force
Si Laura Chab est aussi passionnée par la musique que par la gym, elle n’hésite pour autant pas à en dresser un portrait fidèle, où la beauté rencontre l’effort, rarement montré à la télévision. “La gym, c’est un mélange de féminité exacerbée et de force physique,” résume-t-elle. Ainsi, son clip n’efface ni les muscles, ni la sueur, ni le souffle court. Mais au contraire, l’inclue dans le rendu esthétique visuel, dans la poésie des mouvements. “Montrer tout ça, c’est une volonté de François. Il m’a toute suite dit : “si on fait ce clip, on la joue vraiment authentique.” Le but, c’était d’être naturelle, de ne pas chercher à me rendre belle, et de faire ça, ça m’a vraiment libérée d’un poids, confie-t-elle, De montrer la vraie texture de la peau, l’essoufflement après une figure, la transpiration. Et ça n’enlève rien à la beauté du rendu, au contraire !”
Habituée à être tirée à quatre épingles en compétition, Laura Chab se montre sous un nouveau jour, plus vraie, plus palpable. De quoi se réconcilier aussi avec un corps qu’elle a longtemps rejeté. “Mon corps, ça a été un sujet pendant longtemps, avoue-t-elle, Déjà à l’école, j’avais un corps hyper musclé par rapport aux filles de mon âge. Et je n’en étais pas forcément fière, parce qu’on me disait que j’avais un corps de garçon.” Une expérience qui la plonge, malheureusement, dans les affres des diktats imposés aux femmes, alors qu’elle n’est encore qu’une très jeune fille. “En tant que femme, on attend souvent qu’on soit douce, jolie, discrète, raffinée. Moi, j’ai grandi dans un corps musclé, solide, robuste. Cette force, on ne la montre pas beaucoup. On nous apprend un peu à la cacher, à la camoufler. Et moi, j’avais envie de montrer à toutes les gamines qui sont musclées, qui sont solides, qui sont courageuses, qu’on a le droit d’être fières de nous. Je voulais montrer que cette force, elle existe et qu’elle est toute aussi belle.”
La question de la santé mentale
Si l’interprète de “COEUR SERRÉ” nous avoue avoir tenu dans le monde de la musique grâce à son passé de gymnaste, c’est aussi cette habitude d’être jugée en permanence qui l’a aidée à avoir les épaules assez larges pour supporter tout ce qu’une soudaine exposition médiatique implique. “En compétition, on passe devant des juges, on est scrutées, on est notées. Quand je suis allée à The Voice, je n’avais pas l’impression de me jeter dans l’inconnu. Je me suis dis : “OK, c’est la même chose. Juste là, tu ne vas pas être jugée sur tes pointes de pieds mais sur ta voix”. Je connaissais.” Si l’épreuve des auditions à l’aveugle fait se retourner les quatre jurés, sur les réseaux sociaux, la jeune femme se rend rapidement compte qu’elle ne pourra pas échapper aux haters. “Au début, c’était hyper important pour moi. Je lisais beaucoup les commentaires, surtout les commentaires méchants et limite, je zappais ceux qui étaient gentils, admet-elle, Mais j’ai fini par me dire que ça fait partie du truc, et que si tu n’es pas intéressante, personne ne fait attention à toi. Donc ça a fini par me donner de la force. La gym m’a permis de garder la tête froide, et de ne pas me laisser ni étourdir par toutes les paillettes, ni par les avis négatifs.” Parce qu’encore une fois, être jugée, Laura, elle connaît ça depuis toujours.
Longtemps tabou, le sujet de la santé mentale est aujourd’hui évoqué ouvertement par de grandes figures de la gymnastique, à l’image de Simone Biles ou de Melanie de Jesus dos Santos. Une libération de la parole qui a fait du bien à toute une génération de gymnastes, Laura Chab en tête de file : “Je trouve ça magnifique d’en parler, et que tout le monde puisse se rendre enfin compte de ce qu’il y a derrière. On devrait plus parler de santé mentale chez les athlètes, et notamment chez les femmes athlètes qui ont la pression d’être parfaite à tous les niveaux. Comme si c’était des super-héroïnes. Non, ce sont des êtres humains, qui ont aussi le droit d’avoir des défauts, des failles, et de les montrer,” s’enthousiasme-t-elle.
Plus fortes, ensemble
Inspirée par ces athlètes de renom, Laura Chab a récemment enfilé la casquette d’entraîneure et transmet, à son tour, son expérience aux plus jeunes. “Quand tu les vois progresser, tu ne peux qu’être fière d’elles, s’émeut notre interlocutrice, Et je crois que c’est ça le plus important : la transmission, l’esprit d’équipe. Je suis quelqu’un qui croit beaucoup au collectif et au fait qu’ensemble, on est plus fortes.” Une conviction chevillée au corps qu’elle a tenu à mettre en avant dans le clip de “COEUR SERRÉ”, qui réunit à lui seul près de 200 gymnastes de sa région nantaise natale. “Pour caster, tous les soirs, j’allais dans un club différent pour aller voir les petites pendant l’entraînement. Je leur parlais du projet, je leur expliquais l’idée du clip, je les rassurais, je répondais à leurs questions… Et puis, petit à petit, j’ai commencé à recevoir de plus en plus de candidatures.” Si l’intérêt est manifestement là, jusqu’au jour du tournage, Laura Chab n’y croit pas. “Je ne savais même pas combien de filles allaient venir. J’étais stressée, je me disais : “imagine il n’y a même pas 30 personnes”. Et là, j’ai commencé à les voir arriver, arriver, arriver. C’était incroyable : tout le monde était venu,” s’émeut-elle.
Rassemblée sur un stade de football, la grande équipe incarne la vision fédératrice de la chanteuse, qui en garde, à ce jour, un souvenir merveilleux. “Il y avait une énergie, une symbiose, c’était incroyable, se remémore l’artiste, Elles sont toutes venues parce qu’elles avaient compris le message. L’émotion a été super forte.” Car dans la gym comme dans la musique et dans la vie, seule, on avance vite. Mais ensemble, on va plus loin. Et après plus d’une heure de conversation, on peut vous l’assurer : Laura Chab est loin d’être seule, et son cœur serré est aujourd’hui rempli de joie.
24 septembre 2025