Une page se tourne pour PrettyLittleThing qui perd l’un de ses piliers

La marque britannique de fast fashion voit son CEO quitter le navire.

Portrait d’Umar Kamani – Crédit photo : PrettyLittleThing

Selon la légende, les deux co-fondateurs de PrettyLittleThing auraient imaginé leur marque depuis l’arrière de leur voiture. À bord du véhicule, deux frères Umar et Adam Kamani qui n’étaient pas en terre inconnue lorsqu’il s’agit de fast fashion. En effet, un autre géant de la mode rapide britannique, Boohoo, appartient à leur père Mahmud Kamani. Mais voilà, si la mode semble être un business de famille, Umar Kamani a annoncé en exclusivité à MailOnline qu’il quittait ses fonctions de PDG de PrettyLittleThing, après douze années passées à la tête de la marque. Il a vendu sa participation restante de 34% dans PrettyLittleThing à Boohoo.

Un family business décrié

Tout débute en 1960 lorsque le grand-père Abdullah Kamani, rejoint l’Angleterre après avoir quitté le Kenya. Il vend alors des sacs à main sur un étal de marché avant de fonder une entreprise de textile en gros. Son fils Mahmud, qui s’installera plus tard avec sa jeune famille dans un deux-pièces à Chorlton, dans la banlieue de Manchester, lancera en 2006 Boohoo, un détaillant en ligne sous sa propre marque proposant des prix défiant toute concurrence. Au départ, l’entreprise comptait trois employés et opérait à partir d’un entrepôt de Manchester.

“Ils partageaient tous un appartement à Fallowfield [banlieue de Manchester] et participaient au commerce sur le marché – c’est à partir de là que tout a commencé”, racontait Adam Kamani, con-fondateur de PLT et fils du propriétaire de Boohoo en 2018 à Mirror. De fil en aiguille, et misant sur de la vente exclusivement en ligne, Boohoo se place comme l’un des leaders de la fast-fashion, concurrençant des mastodontes comme Forever 21 ou TopShop bien implantés en Angleterre. Une réussite qui donne envie aux deux frères de lancer leur propre marque quelques années plus tard sous le nom de PrettyLittleThing. “Il y a beaucoup de problèmes dans le monde, et nous créons au milieu de cela un conte de fée pour les femmes”, expliquait Umar Kamani en 2020 à FashionNetwork à propos des valeurs de sa marque. Un récit merveilleux inspiré par Disneyland comme il l’écrit lui-même dans son message de départ laissé sur Instagram.

Mais derrière le vernis de la réussite se cachent plusieurs accusations de travail illégal. Un documentaire choc d’Arte diffusé en 2021 montrait comment PrettyLittleThing et Boohoo payaient leurs ouvriers anglais sur les chaines de production bien en dessous du salaire minimum en Angleterre. Les conditions de travail étaient également épinglées. Des fenêtres obstruées, des dizaines de travailleur(se)s entassés les uns à la suite des autres, et un salaire misérable de 3 euros de l’heure payé en liquide, sans aucun contrat de travail… voici ce que révélait l’enquête de la chaine allemande. Des informations déjà relayées par d’autres médias et qui pousseront les autorités américaines à enquêter sur les pratiques de Boohoo dans cette usine de Leicester, allant jusqu’à menacer d’interdire d’importation la marque sur son territoire.

Clap de fin pour l’un des fils

“Après 12 ans en tant que PDG et fondateur de PrettyLittleThing, j’ai pris la décision difficile de quitter mon poste de PDG. Douze années incroyables qui ont changé ma vie et je serai éternellement reconnaissant pour tous ces souvenirs. Je suis à l’étape de ma vie où je dois me fixer de nouveaux défis et objectifs et créer de nouvelles marques que j’espère vous aimerez et soutiendrez tous autant que vous l’avez fait avec celle-ci”, a écrit le jeune homme de 35 ans sur son compte Instagram. Ne laissant entendre aucune tension au sein du clan familial qui pourraient justifier ce départ surprise.

Avec son frère Adam Kamani, il avait fondé la marque PLT en 2012 jusqu’à en faire un géant de la fast fashion qui a généré un chiffre d’affaires de 882 millions de dollars en 2022.

18 avril 2023

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