Quelles marques sont toujours suspectées de bénéficier du travail forcé des Ouïghours ?

Une nouvelle liste publiée avec Nike, Apple ou encore The North Face.

Crédit photo : The North Face

Plusieurs marques sont accusées de travailler avec des exploitants de cotons qui se situent dans la région du Xinjiang, territoire qui servirait à l’exploitation de la communauté Ouïghours. Nike, adidas, UNIQLO ou encore Apple… ce sont surtout les entreprises de textiles qui font face à une levée de bouclier dans cette véritable guerre froide entre la Chine et le reste du monde. Plusieurs associations les accusent d’être complices de l’exploitation de la minorité musulmane de Chine. Suspectés d’être parqués dans des camps de travail forcé, les Ouïghours serviraient de mains d’œuvre pour récolter du coton dans la province du Xinjiang. Selon un chiffre relayé par Reuters et datant de 2019, ils seraient près de 3 millions à subir la répression du régime chinois.

Des premières actions en 2020

Souvent citée en exemple comme entreprise à exploiter les Ouïghours, Nike dit avoir arrêté d’acheter du coton provenant du Xinjiang. Dans un communiqué publié en mars 2020, la multinationale assure avoir informé ses fournisseurs de sa décision. « Nous sommes préoccupés par les informations faisant état de travail forcé dans et lié à la région autonome ouïghoure du Xinjiang (XUAR). Nike ne s’approvisionne pas en produits auprès de la XUAR et nous avons confirmé à nos fournisseurs contractuels qu’ils n’utilisent pas de textiles ou de filés de la région », peut-on notamment lire. Mais voilà, Nike (comme adidas, Asics, ASOS, Boohoo…) figure toujours parmi les clients de la BCI, plus grande banque de coton qui s’approvisionne dans le Xinjiang. Celle qui affiche parmi ses membres, 254 retailers et marques textiles, vient tout juste d’être épinglée pour avoir fait disparaitre de son site, ses mesures anti-Xinjiang. L’organisme est suspecté d’avoir cédé à la pression de Pékin. En mars 2021 elle indiquait même « n’avoir trouvé aucune signe de travail forcé lié à la production de coton » dans cette région. 

En juin 2020 c’est adidas qui emboite le pas en répondant au député européen Raphaël Glucksmann, engagé dans la lutte contre le travail forcé des Ouïghours. La marque aux trois bande lui assure alors « cesser toute activité avec des fournisseurs et sous-traitants impliqués dans l’exploitation des travailleurs forcés Ouïghours », dans une lettre publiée sur le compte Instagram du député. Accusés à leur tour, Tommy Hilfiger, Lacoste ou encore Calvin Klein expliquent se retirer des chaines d’approvisionnement suspectes dans la foulée.

Près de 80 marques toujours dans la liste

Dans une liste mise à jour le 24 septembre dernier, Raphaël Glucksmann détaille les marques textiles qui sont toujours accusées de bénéficier du travail forcé des ouïghours. Si adidas, CK ou encore Tommy n’y figurent plus, les noms de Nike, Fila, Puma The North Face, Ralph Lauren, Zara, Victoria’s Secret mais aussi le groupe SMCP détenteur de Maje ou encore Sandro, sont écrits noir sur blanc aux côtés de plusieurs dizaines d’acteur du secteur de l’habillement. Les nouvelles technologies et l’automobile ne sont pas en reste avec Apple, Samsung, Dell ou encore Mercedes et BMW qui sont également épinglés.

Les différentes prises de paroles publiques des ONG ou des gouvernements ne semblent pas suffir. Dans un récent article le New York Times révélait même que Nike et Coca-Cola feraient pression contre le nouveau projet de loi américain qui condamne le travail forcé au Xinjiang. Le sénat a fait passé une loi le 15 juillet 2021, qui renforce le contrôle du coton provenant de la province. La Maison Blanche ne l’a pas encore voté.

Une plainte déposée en France

Une plainte a quant à elle été déposée le 9 avril 2021 devant le tribunal judiciaire de Paris​ contre les sociétés Inditex (propriétaire de la marque Zara), Uniqlo, SMCP (Sandro, Maje, de Fursac…) et le chausseur de sport Skechers. Via leur avocat, des ONG et une rescapée ouïghoure ont demandé au tribunal de Paris de condamner ces marques pour « recel de travail forcé et de crimes contre l’humanité ». Le parquet national antiterroriste a depuis ouvert une enquête.

Précisant avoir pris connaissance par voie de presse de l’ouverture de l’enquête, Inditex nie les accusations et conteste« fermement les qualifications pénales qui semblent visées par cette plainte ». Tout comme UNIQLO, le groupe s’est dit prêt à coopérer avec les autorités judiciaires françaises pour prouver que « les allégations provenant de cette plainte sont infondées ».

Début octobre 2021, Amesty International a remis aux autorités chinoises une pétition ayant reçue 323 832 signatures provenant de 184 pays et territoires. Cette dernière exige la libération des minorités musulmanes détenues dans la région autonome ouïghoure du Xinjiang en Chine.

13 octobre 2021

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