Déjà propriétaire de l’OL féminin, la milliardaire coréeo-américaine Michele Kang a récemment acquis le pendant masculin de l’Olympique Lyonnais, devenant au passage la première femme à diriger un club pro masculin français. Portrait.
Mais qui est donc cette “boss queen” qui a sauvé l’OL de la relégation en Ligue 2 ? Née en juin 1959, à Séoul, en Corée du Sud, Michele Kang s’envole pour les États-Unis afin d’étudier l’économie à Chicago. Manifestement passionnée, elle sort diplômée d’un master en administration des affaires à Yale et ne quittera jamais le sol américain, où elle se forge rapidement une réputation de femme d’affaire incontournable. D’abord associée chez EY, une entreprise spécialisée dans la haute technologie et les télécommunications, elle rejoint ensuite Northrop Grumman, un conglomérat de technologie aérospatiale et de défense où elle deviendra après quelques années vice-présidente de l’unité Health & Science Solutions. Des années formatrices qui lui permettent de fonder, à son tour, son propre empire. En 2008, elle crée Cognosante, une entreprise de technologie médicale, puis Cognosante Ventures, une société de capital-risque. Revendue en 2024, ce sont ces sociétés qui lui permettent d’amasser une fortune estimée à 1,2 milliard de dollars par Forbes, et de se hisser à la 28ème place des femmes autodidactes les plus riches du monde.
Les filles avant tout
Un capital qui, dès 2019, lui ouvre les portes du sport. Déjà passionnée de basketball, Michele Kang se tourne vers le football suite au sacre de l’équipe américaine de soccer lors de la Coupe du Monde féminine. En 2022, elle devient l’un des principaux soutiens de média américain dédié au sport féminin Just Women’s Sport et acquiert son premier club, les Washington Spirit, qui lui vaut son surnom de “boss queen”. Alors, d’où lui vient cet amour du ballon rond ? “Je ne peux pas dire que mon implication dans le sport féminin vienne de mon analyse du jeu, reconnaît Michele Kang. Mais j’ai immédiatement vu le potentiel en tant que produit de divertissement. J’ai vu qu’avec un investissement, le futur allait être significatif. C’est comme ça que je me suis lancée.” La femme d’affaire y croit dur comme fer si bien qu’en 2024, elle verse 30 millions de dollars à la Fédération américaine afin de développer le football féminin. “Michele Kang arrive avec une vision plus américaine où le football féminin peut être décliné seul, sans être affilié nécessairement au foot masculin”, note le vice-président de la Fédération française de football (FFF) Jean-Michel Aulas.
En 2023, via sa holding YMK Holdings, elle devient actionnaire de l’OL féminin, intègre le conseil d’administration et achète, en parallèle, le London City Lionesses. Jocelyn Prêcheur, entraîneur de son équipe britannique, dressait un portrait élogieux de sa patronne pour RMC Sport : « Michele Kang veut montrer l’exemple, elle espère inspirer les autres pour qu’il y ait des gens qui achètent les sections féminines et qui investissent dans le football féminin car elle est convaincue, et moi également, que l’on n’est qu’au début de l’essor de la discipline. »
L’aventure lyonnaise
La voici désormais propriétaire de trois clubs, qu’elle finit par réunir sous la bannière de Kynisca Sports International, Ltd, la première organisation mondiale multi-équipes dédiée au football féminin. Officiellement devenue présidente, elle rebaptise le club de Lyon OL Lyonnes. Par féminisme, sans doute. “Nous avons surtout voulu insister sur le fait que les lionnes ne sont pas la même chose que les lions. 22 heures sur 24, le lion mâle dort. Si vous pensez aux lionnes, qui rugit vraiment, qui hurle sa compétitivité, qui cherche à protéger l’équipe et la survie ? C’est de là que provient le mot lionne !”
Alors quand l’équipe masculine s’enfonce dans un bourbier dont elle ne peut s’extirper, qui de mieux alors que Michele Kang pour les en sortir ? Succédant au fantasque John Textor, l’Américaine s’est en effet portée garante du club, dans le but de le tirer de ses graves difficultés financières et de la relégation administrative… et que cela n’affecte pas les filles, sur lesquelles elle a tant misé. “Michele est le choix idéal pour diriger l’OL dans la phase suivante et j’ai pleinement confiance en elle et en l’OL, qui sortira plus fort sous sa direction,” s’est félicité son prédécesseur démissionnaire. Si elle délègue l’aspect sportif à des collaborateurs qualifiés, elle s’occupera de la partie gestion d’une main de fer. Et pour cela, la milliardaire a déjà un plan, à en croire la dernière édition de L’Équipe. Elle compte injecter plusieurs dizaines de millions d’euros dans les prochains jours en vue de l’appel de la décision de la DNCG, lui permettant de diluer l’actionnariat de John Textor au sein du groupe. Elle aurait aussi déjà établi un budget pour le recrutement en vue de la saison prochaine, encore tenu confidentiel, afin de maintenir, coûte que coûte, sa nouvelle équipe en Ligue 1.
18 juillet 2025