Qui est Jay Graber, le pire cauchemar d’Elon Musk ?

Du haut de ses 33 ans, elle fait trembler le patron de X grâce à son nouveau réseau social, Bluesky, devenu le refuge d’ex-twittos fatigués du virage conservateur et des dérives multiples de leur ancienne plateforme préférée.

Jay Graber, nouvelle PDG de Bluesky. Crédit photo : Bluesky

Le papillon battra-t-il l’oiseau ? C’est en tout cas l’ambition de Lantian “Jay” Graber, Sino-américaine de 33 ans et petit génie de la tech, devenue PDG du réseau social Bluesky en 2021. Faisant passer cette plateforme sociale de microblogging de projet expérimental à principal concurrent de X (Twitter), la jeune femme fait aujourd’hui la Une des plus gros médias. Car en plus de faire face au grand vilain du web, Elon Musk, la jeune femme peut s’appuyer sur un story-telling de qualité, comme en raffolent les Américains. Retour sur l’une des personnalités qui risque de marquer les prochaines années.

The American Dream

Née en 1991 à Tulsa, dans l’Oklahoma, d’une mère chinoise acupunctrice et d’un père suisse professeur de mathématiques, la fillette est baptisée Lantian (soit “ciel bleu” en français, ou… “blue sky” en anglais) par sa mère qui voulait que sa fille jouisse d’une “liberté sans limites”. Un présage pour la future ingénieure, diplômée en science de l’Université de Pennsylvanie ? Malgré un talent indéniable – qui lui vaut notamment une bourse en dernière année -, Jay Graber délaisse rapidement les études pour se concentrer sur le terrain de la tech, et notamment sur celui du bitcoin.

Bluesky 22M

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— Dave Lack (@davelack.bsky.social) 24 novembre 2024 à 01:52

Alors que Jay Graber mène tranquillement sa barque, Parag Agrawal – qui remplace le fondateur Jack Dorsey à la tête de Twitter depuis 2021 -, lui propose de reprendre les rênes de Bluesky, un projet expérimental du réseau social mené discrètement par une petite équipe indépendante. Elle accepte à une condition : Bluesky doit se détacher complètement de sa maison mère. Nous sommes à l’aube de l’ère Elon Musk.

L’alternative à la toxicité de X

Lantian a du flair puisque, à peine un an après sa nomination à la tête du projet, Elon Musk rachète Twitter pour 44 milliards de dollars et transforme le réseau au petit oiseau en outil de propagande pour les ultraconservateurs, où la modération se fait particulièrement défaillante. En bref, sous Musk, Twitter devient X et se transforme en une zone de non-droit où racisme, sexisme et violence s’expriment sans censure. De quoi dégoûter un grand nombre d’usagers qui voient en Bluesky l’alternative parfaite à leur ex-réseau préféré, la plateforme offrant un filtrage personnalisé beaucoup plus sûr et surtout, une modération plus efficace. Et surtout un algorithme que chaque utilisateur peut contrôler.

« À l’heure actuelle, la plupart des plateformes sociales enferment les utilisateurs et excluent les développeurs. Nous voulons construire quelque chose qui permette aux utilisateurs d’être libres de se déplacer et aux développeurs d’être libres de construire », écrivait la jeune femme sur X mi novembre. Comme un pied de nez à Musk, sur son propre réseau social. Pressentant un potentiel succès de Bluesky, le groupe META a lui lancé sa copie : Threads. Une application concurrente de X mais surtout élaborée pour tenter de freiner le succès de Bluesky. Le 19 novembre dernier Bluesky atteignaient les 20 millions d’utilisateurs. Contre 200 millions pour Threads. La route sera donc encore longue. Mais plus rien ne semble arrêter Jay Graber, qui rappelait ceci sur CNN :

« Je pense que les réseaux sociaux devraient être une infrastructure commune que la société pourrait utiliser et faire évoluer au fur et à mesure que la société évolue, en construisant une forme plus démocratique de réseaux sociaux pour refléter une société démocratique ».

The Guardian, La Vanguardia ou Ouest France. Les médias désertent X un à un, jugeant la plateforme “toxique” et responsable de la “désinformation”. Même constat du côté des célébrités qui quittent en masse le réseau social à l’oiseau bleu pour celui au papillon. De Barbra Streisand à Alexandria Ocasio-Cortez, un grand nombre de personnalités influentes américaines rejoignent le camp de Jay Graber, rare femme à occuper un poste de pouvoir à la Silicon Valley, ces derniers étant à 89% masculins. Une révolution est-elle (enfin) en marche ?

26 novembre 2024

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