La joueuse de tennis revient sur l’épisode de Roland Garros et donne quelques clés pour protéger les athlètes.
« It’s O.K. Not to Be O.K. ». C’est le titre choisi par Naomi Osaka et le Time pour introduire le long essai écrit par la joueuse de tennis et paru ce jour. Alors qu’une série Netflix sera diffusée le 16 juillet prochain et se consacrera au parcours de la championne, Naomi Osaka a choisi de briser le silence tout d’abord à l’écrit. « Au cours des dernières semaines, mon parcours a pris un chemin inattendu mais qui m’a beaucoup appris et m’a aidé à grandir. J’ai appris quelques leçons clés », débute la jeune femme qui avait choisi de quitter Roland Garros pour prendre soin de sa santé mentale et de faire l’impasse sur Wimbledon. En amont du tournoi français Osaka avait annoncé refuser de répondre à la presse, expliquant que les questions des journalistes la mettaient parfois mal à l’aise, jusqu’à engendrer un certain stress. Une prise de position qui lui avait valu une amende et une menace d’expulsion de la part des quatre grands Chelem.
« J’aurai dû être préparée à ce qui s’est passé. »
Dans cet essai qui sera également imprimé sur papier, Naomi Osaka revient sur les réactions qui ont suivi sa décision de boycotter la presse à Roland Garros. « Première leçon : on ne peut jamais plaire à tout le monde. Le monde est aussi divisé aujourd’hui que je me souvienne au cours de mes 23 courtes années. Des problèmes qui me paraissent si évidents à première vue, comme porter un masque en cas de pandémie ou s’agenouiller pour montrer son soutien à l’antiracisme, sont férocement contestés. Je veux dire, wow. Donc, quand j’ai dit que je devais manquer les conférences de presse de Roland-Garros pour prendre soin de moi mentalement, j’aurais dû être préparée à ce qui s’est passé », écrit-elle.
Sur la presse :
« Il ne s’est jamais agit de la presse, mais plutôt du format traditionnel de la conférence de presse. Je le répète pour ceux qui sont à l’arrière : j’adore la presse ; Je n’aime pas toutes les conférences de presse. J’ai toujours entretenu une relation incroyable avec les médias et j’ai donné de nombreuses interviews individuelles approfondies. À part ces super-stars qui existent depuis bien plus longtemps que moi (Novak, Roger, Rafa, Serena), j’estime que j’ai donné plus de temps à la presse que beaucoup d’autres joueurs ces dernières années. J’essaie toujours de répondre sincèrement et du fond du cœur. Je n’ai jamais été formée aux médias, alors ce que vous voyez est ce que vous obtenez. Selon moi, la confiance et le respect de l’athlète à la presse sont réciproques. Cependant, à mon avis (et je tiens à dire que ce n’est que mon avis et non celui de tous les joueurs de tennis en tournée), le format de la conférence de presse lui-même est obsolète et a grand besoin d’être rafraîchi. Je crois que nous pouvons le rendre meilleur, plus intéressant et plus agréable pour chaque partie. Moins de sujet contre objet ; plus d’égal à égal ».
Sur l’organisation de Roland Garros
« Dans mon cas, je me suis sentie sous une forte pression pour révéler mes symptômes, franchement parce que la presse et le tournoi ne m’ont pas cru. Je ne souhaite cela à personne et j’espère que nous pourrons édicter des mesures pour protéger les sportifs, notamment les plus fragiles. Je ne veux pas non plus avoir à m’engager à nouveau dans un examen minutieux de mes antécédents médicaux personnels. Je demande donc à la presse un certain niveau d’intimité et d’empathie la prochaine fois que nous nous rencontrerons ».
Ses recommandations pour aider les sportifs
« J’ai de nombreuses suggestions à proposer à la hiérarchie du tennis, mais ma suggestion n°1 serait de permettre un petit nombre de « jours de maladie » par an où vous êtes dispensé de vos engagements presse sans avoir à divulguer vos raisons personnelles. Je pense que cela permettrait d’aligner le sport sur le reste de la société ».
La jeune femme a également tenu à remercier Michelle Obama, Michael Phelps, Steph Curry, Novak Djokovic, Meghan Markle (entre autres) pour leur soutien. Naomi Osaka qui jouera aux JO de Tokyo, s’est dit également pour le moment mal à l’aise dans le rôle de la porte parole de la santé mentale des athlètes.
De son côté Wimbledon avait tendu la main à l’athlète après sa décision de ne pas participer au tournoi. Il semblerait que la jeune femme ait été entendue et que le monde du tennis soit prêt à ouvrir une discussion pour ne pas perdre ses champions.
8 juillet 2021