L’affaire Moha La Squale est-elle vraiment au point mort ?

L’avocat d’une des plaignantes nous en dit plus sur l’avancée de la justice dans ce dossier ouvert en 2020.

Image de Moha La Squale tirée d’une publicité Lacoste dont il a été l’égérie

En avril 2022 on se demandait déjà où en était l’affaire Moha La Squale. Car au même moment l’artiste sortait un tout nouvel album alors que plusieurs plaintes avaient été déposées contre lui en septembre 2020 et avril 2021. Six femmes accusaient le rappeur de violences et d’agressions sexuelles. Deux ans et demi après les premières révélations, le dossier semble toujours au point mort. En réalité pas vraiment. Incarcéré pour ne pas avoir respecter son contrôle judiciaire depuis juin dernier, Moha La Squale est toujours dans le viseur de la justice française. Nous nous sommes entretenus avec Maître Gravelin-Rodriguez, avocat à la Cour qui représente une des plaignantes. Il nous explique pourquoi la procédure peut sembler longue pour le grand public tout en étant en réalité, en phase avec la lenteur de la justice française.

ANCRÉ : Les premières plaintes dans cette affaire remontent à septembre 2020. Nous sommes en février 2023. Plus de deux ans depuis la révélation des faits. Est-ce un temps judiciaire normal pour ce type d’affaires ? 

Maître Gravelin-Rodriguez, avocats la Cour : C’est un temps sans doute trop long pour les victimes qui attendent péniblement que justice leur soit rendue, mais ce n’est malheureusement pas surprenant au regard des délais habituels de la justice, a fortiori compte tenu du nombre de plaignantes dans ce dossier et de l’ampleur des investigations à réaliser.

Une de vos confrères, Me Thibault Stumm, avait décrit dans le Monde en 2021, une justice au ralenti. Quel est votre point de vue ?

C’est un constat que je partage ; je crains néanmoins que ce ne soit pas une particularité propre à ce dossier mais bien plutôt le résultat d’un manque de moyens chronique de l’institution judiciaire dans son ensemble.

Moha La Squale est actuellement incarcéré pour ne pas avoir respecté son contrôle judiciaire. Cela peut-il accélérer les choses ? 

En théorie, oui. En matière détention provisoire, le Code de procédure pénale prévoit des délais d’instruction stricts, ce qui impose un rythme d’investigations plus soutenu.

Quelle est la suite pour les victimes ? Un procès, de nouvelles confrontations… ? 

En raison du secret de l’instruction, vous comprendrez que je ne suis pas en mesure de vous donner d’information précise sur la suite de la procédure. En tout état de cause, on peut espérer qu’un procès se tienne dans un délai raisonnable, et que les victimes soient reconnues comme tel.

Combien de temps devront encore attendre les victimes avant un verdict ? 

Au moins quelques mois. Peut-être davantage. Il est compliqué d’être précis en la matière, cela dépend de variables que je ne maitrise pas.

Êtes-vous confiant par rapport au dossier ? 

Oui

Les violences conjugales ont été un des dossiers phares du gouvernement d’Emmanuel Macron. Y a t-il eu des avancées d’un point de vue judiciaire pour ces affaires ? 

Il y a eu un certain nombre de réformes qui permettent désormais d’apporter des réponses judiciaires plus rapides et plus adaptées à ce phénomène. Attention, toutefois, à ne pas chercher la surenchère : la justice ne peut pas tout régler. La prise de conscience sur ces sujets et leur ampleur est une excellente chose car elle permet, en amont du judiciaire, de mettre en œuvre des politiques publiques axées sur la prévention. Pour autant, lorsque des faits sont commis, il faut que la justice puisse s’en saisir efficacement, et c’est ce à quoi nous travaillons dans le présent dossier.

En avril 2022 une nouvelle jeune femme accusait Moha La Squale de violence. Elle se présentait comme la dernière petite amie du rappeur.

15 février 2023

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