Marie Pasquiet nous donne sa recette pour sublimer le bling bling et le kitsch. Spoiler : une grand-mère en Alsace, rencontrée sur Vinted, réalise les pièces en tricot de la marque.
Si elle travaille actuellement chez Courrèges, Marie Pasquiet élabore en parallèle sa propre marque. Cette diplômée de l’IFM s’inspire d’une recette explosive. Elle saupoudre ses créations de poussières de bling-bling, de kitsch et de mauvais goût. Mélangez tout ça et vous aurez quoi ? Bibbidi-Bobbidi-Boo : une marque du nom de Marie Taylor qui semble sortir tout droit de l’esprit de Paris Hilton. Robe ajourée léopard surmontée de coutures roses flashy, des boucles d’oreilles en perles reprenant les logos des grandes marques et semblant sortir tout droit des métiers à tisser que vous aviez enfant… Rien ne sembler échapper à l’aiguille magique de Marie Pasquiet, jeune créatrice de 22 ans qui s’inspire également d’objets du quotidien comme de cette couette rose transformée en robe du soir.
ANCRÉ : Vous êtes passée par l’IFM, qu’est ce que vous a apporté cette école?
Marie Pasquiet : J’ai étudié à l’IFM, école qui m’a énormément appris techniquement mais qui m’a surtout appris à me développer créativement. Ils m’ont poussé à explorer mon univers, à aller plus loin tout en m’encourageant à rester fidèle à mes idées et à ma personnalité.
Vous dites vous inspirer du kitch, du bling et du mauvais goût. C’est quoi le mauvais goût en mode?
Je travaille autour du Kitsch, du Bling Bling et du mauvais goût, thèmes qui relèvent de la culture populaire, du Too much, d’une exagération; comme une explosion d’informations. Il s’agit aussi de prendre un peu de recul et d’humour sur le monde de la mode. De revenir à des concepts plus significatifs et emblématiques comme un édredon de couette qu’on retrouve chez notre grand-mère ou encore un faux porte monnaie Vuitton. Des éléments plus quotidiens et privés mais qui se retrouvent toujours chez au moins une femme qu’on connait.
Vous basez vos collections sur des tissus trouvés en brocante. En baignant dans la mode, est-ce qu’on est “dégoûté” de son impact sur l’environnement ? Quelle est votre vision de jeune femme de 22 ans sur l’avenir justement ?
Notre combat dans la mode et à notre échelle en tant que jeune designer, est évidemment d’élargir notre conscience environnementale. Je pense que la génération à venir s’inquiète de plus en plus et qu’elle est déjà entrain de se battre pour changer la vision de la mode, notamment de la fast-fashion avec l’essor des magasins de seconde main etc…
Comment est née la collection que vous avez imaginé pour valider votre diplôme de designer ? Vous l’avez intitulée “Malibu Coconut Club”. Qu’est-ce que ça veut dire ?
Je me suis inspirée des femmes âgées qui refusent de vieillir parce que c’est ce que la société leur impose, mais aussi de celles qui continuent de se “sur”maquiller, qui portent du léopard et qui n’ont pas peur d’être ringardes, ridicules et encore moins vulgaires. Je voulais mettre en avant ces femmes qui utilisent leur sexualité comme forme de pouvoir : les bimbos qui s’assument, l’empowerment féminin. L’intitulé Malibu Coconut Club représente autant une boite de nuit vieillotte qu’un club de tricot dans une maison de retraite en Floride.
Entre le crochet et plus récemment vos boucles d’oreilles en perles, vous reprenez souvent des logos de grosses marques. Pourquoi surfer sur d’autres marques que la vôtre ?
Ma collection d’accessoires reprend les codes des contrefaçons des sacs de luxe en jouant avec les logos et monogrammes des grandes marques tout en mêlant un savoir-faire : je les ai brodé à la main perles par perles quand aux tricots, ils ont été faits par une grand-mère en Alsace, rencontrée sur Vinted. C’est une façon d’allier le vestiaire de la mamie et de la cagole.
Vous pouvez retrouver les collections de Marie Taylor Pasquiet sur son compte Instagram.
14 février 2023