Grève de la faim contre le racisme en Italie, le geste radical de la créatrice Stella Jean

Elle accuse la Chambre de la mode italienne de lui voir coupé des budgets en raison de la montée de l’extrême droite dans le pays.

Stella Jean est la première créatrice italienne noire
Crédit photo : Courtesy Stella Jean

L’annonce relayée par de nombreux médias mode est choquante : Stella Jean, l’une des rares créatrices noires des calendriers européens, a annulé son défilé avec d’autres membres du collectif We Are Made In Italy (WAMI) pour la Fashion Week de Milan, qui commencera le 22 février prochain. L’italo-haïtienne a également entamé une grève de la faim pour protéger les membres moins connus de WAMI de potentielles représailles professionnelles. Explications de ce geste radical.

Le contexte

WAMI est un collectif de designers racisé·es basé·es en Italie. La Camera Nazionale della Moda Italiana (institution qui gère le planning officiel de Milan) soutenait cette initiative sur le plan financier et marketing depuis 2020. D’après WAMI, la CNMI aurait cessé de soutenir le collectif en septembre dernier, date qui coïncide selon eux avec l’arrivée au pouvoir en Italie du partie d’extrême droite, et de sa leader controversée Gorgia Meloni. Cette dernière s’était notamment faite remarquer pour ses sorties anti-homosexuels et sa salve contre les musulmans en 2019.

Stella Jean elle, a dénoncé l’arrêt du soutien de la CNMI le 8 février 2023 à l’occasion d’une conférence de presse : “Quand le président Capasa s’est rendu compte qu’il y avait des créateurs italiens qui n’étaient pas blancs, il nous a soutenus pendant deux ans, mais maintenant nous sommes abandonnés depuis septembre“. Pour la designer, le président Carlo Capasa n’aurait pas tenu ses promesses, lui qui s’était pourtant engagé par message à accompagner tous les efforts de le designeuse qui milite pour l’inclusion des personnes racisées dans la mode. Réponse du principal intéressé : il n’y a jamais eu de garantie. La Chambre explique à Vogue Business qu’il y a bien eu des accords de rédigés mais jamais signés.

Racisme et politique

Si la Chambre de la mode italienne a coupé les vivres à WAMI, cela résulterait de plusieurs raisons selon le collectif. Un post Instagram de leur cofondateur Edward Buchanan, qui demandait à l’institution de nommer le collectif correctement sans instrumentaliser le mouvement Black Lives Matter, aurait déplu. La créatrice Stella Jean estime également que son discours prononcé à la fin de son défilé en septembre dernier n’a pas été bien reçu. Elle y dénonçait la montée des politiques racistes en Italie.

Dans un email envoyé au New York Times, le Président Capasa a déclaré qu’ “aucun retour en arrière n’a été fait de notre part sur l’accompagnement que nous avons proposé. Le soutien économique à la production de collections et d’événements pour les marques ne fait pas partie du cœur de métier de la Chambre”.

Mais faute de budget le collectif ne peut pas présenter ses créations correctement et a donc décidé de boycotter la Fashion Week italienne. Un conflit qui pose question dans un pays où l’extrême droite est au pouvoir, et où la mode joue un grand rôle dans l’économie nationale.

15 février 2023

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