Il était un ovni dans le monde de la mode, il ne le sera bientôt plus en sonnant la fin de son indépendance.
Si tous les observateurs mode louaient son indépendance, Jacquemus s’apprête à tirer un trait dessus. Celui qui a conquis les Fashion Week de Paris à grand renfort de défilés dans des lieux tous plus époustouflants les uns que les autres, a choisi de ne plus être le seul capitaine de son navire. En effet, on apprend dans les pages du Figaro que Jacquemus cherche bien un actionnaire. Une mission qu’il a donné à la banque d’affaires Rothschild & Co. Des discussions seraient d’ailleurs bien avancées avec un potentiel investisseur qui pourrait bientôt prendre une part minoritaire dans le capital de Jacquemus.
Si la rumeur avait enflé sur la toile il y a quelques jours, Simon Porte Jacquemus l’a confirmé à haute voix. “Je tiens à mon indépendance, je souhaite transmettre l’entreprise à mes enfants, mais je dois briser le plafond de verre en trouvant le bon partenaire qui restera actionnaire minoritaire”, a ainsi déclaré le créateur dans les colonnes du Figaro. En 2022 il tenait tellement à son indépendance qu’il rachetait au prix fort (4,145 millions d’euros selon Glitz Paris) les 10% que le groupe espagnol Puig détenait au capital de son entreprise depuis 2019. Ils annonçaient d’ailleurs conjointement en 2021 le lancement d’une ligne de parfum.
Un parc de boutiques
La raison à cette décision : supporter l’ouverture de plusieurs boutiques Jacquemus à travers le monde. La dernière en date : un shop en plein Soho à New York pour conquérir les américaines branchées, friquées, plus ou moins desperate housewives ou tout simplement la nouvelle génération qui rêve d’adopter le style Jacquemus, un mélange de France, de bisous et de lifestyle savamment orchestré sur les réseaux sociaux. Car si Jacquemus est de plus en plus critiqué en France pour la qualité de ses produits, non en phase avec le prix sur l’étiquette, il joui outre-Atlantique d’un capital sympathie immense. En témoigne son prix du talent artistique 2024 remis en septembre dernier la part du Conseil de la Couture du FIT Museum de New York.
Un peu avant New York le créateur Simon Porte Jacquemus avait délaissé un temps sa Provence natale pour ouvrir coup sur coup une boutique en Corée du Sud et une autre dans un mall de Dubaï. Une prochaine inauguration à Londres est également prévue avant la fin de l’année, et d’autres ouvertures sur les territoires européens, américains et asiatiques devraient suivre d’ici 2026.
Et bientôt une ligne de beauté
Si l’expansion à l’international a tout l’air d’être le but principal du créateur, le Provençal a également d’autres projets en tête. En effet, lors du même entretien, Simon Porte Jacquemus a avoué souhaiter “diversifier [ses] activités vers la beauté”. “Jacquemus a tout pour devenir une grande marque de beauté ; nous avons l’univers, l’art de vivre et la magie pour le faire.” a-t-il indiqué, visiblement confiant quant à l’avenir de la Maison.
En décembre dernier pourtant, Jacquemus perdait son CEO et fraichement nommé Président, Bastien Daguzan après deux petites années à la tête de la marque. Un revirement de situation qui serait dû à une brouille entre les deux dirigeants selon le très renseigné Glitz Paris. Embauché pour accélérer le développement et la structuration de la marque, Daguzan n’a toujours pas de remplaçant. En janvier 2024 en revanche, Jacquemus musclait ses équipes en créant le poste de directrice commerciale confié dans la foulée à Mélissa Ait-Ouakli, issue de LVMH.
“Capitaine, à la barre d’une petite entreprise dans un monde de géants, ses moyens sont donc limités, alors à chaque fois, il fait tapis à l’instinct et ses mises s’avèrent toujours stratégiques, donc gagnantes !“, confiait Lucien Pagès en 2023, en charge de ses relations presse. Une petite entreprise, plus pour longtemps, qui affichait un chiffre d’affaires à 280 millions d’euros selon les estimations du marché.
4 novembre 2024