Est-ce qu’on peut être une femme noire et ne pas aimer Beyoncé ? C’est à cette question que tente de répondre la série documentaire menée par l’autrice Axelle Jah Njiké pour France Culture.
« Toutes les femmes noires sont-elles féministes et toutes les féministes noires sont-elles afro féministes ? ». C’est la question que se pose Axelle Jah Njiké, dans une série podcasts intitulée « Je suis noire et je n’aime pas Beyoncé, une histoire des féminismes noirs francophones » et diffusée sur France Culture. L’autrice féministe franco-camerounaise tente de comprendre ce que veut dire être féministe quand on est une femme africaine en France. Un sujet qui nécessite de répondre à pléthore de questions. Existe-t-il un féminisme africain, un féminisme noir ? Un féminisme afropéen ? Comment se définissent-ils ? Quelle est l’histoire, les enjeux, les défis et les obstacles rencontrés par les femmes noires dans les sociétés africaines et en Europe pour prétendre à leur émancipation ? Est-il facile de se revendiquer féministe quand on est une femme africaine ?
Dans un nouvel épisode de 55 minutes, l’autrice part à la rencontre de dix sept femmes qui racontent leur rapport à l’afro féminisme noir. De la journaliste Jennifer Padjemi à Hortense Assaga, 53 ans, journaliste sur Canal Afrique, mais aussi Fatou Sow, 79 ans, sociologue et chercheuse, CNRS-Université Cheikh Anta Diop. Et toutes partent du même constat : « Nous ne sommes pas un groupe homogène parce que nous sommes noires » , comme le dit la réalisatrice Amandine Gay. Considérer que toutes les femmes noires s’identifient aux mêmes icônes, seraient renier la pluralité des femmes de manière générale.
Quelques passages ci-dessous :
« La sexualité qui est imposée aux femmes noires entre dans deux cases. Soit on nous désexualise complètement, c’est à dire qu’on n’a pas le droit d’être épanouie sexuellement. Soit l’exact opposé : très sexualisée, la panthère, avec tous les stéréotypes issus du colonialisme et de l’esclavage ». Jennifer Padjemi
« Moi je suis noire et je n’aime pas Beyoncé. Moi j’ai un respect en tant que féministe pour ce que les femmes noires peuvent accomplir notamment dans le pop culture et l’industrie, je reste respectueuse de ça, parce que c’est un travail et c’est aussi un patrimoine mais c’est important de ne pas toujours iconiser les gens, et c’est important que les femmes noires trouvent leur propres icônes, qui peuvent être beaucoup plus proche d’elles ».
« Je suis assez mitigée par rapport à la pop culture et à l’imagerie des femmes noires qu’elles renvoient, après ce qui est aussi quand même le cas dans la pop culture, et ce n’est pas un jugement c’est plutôt un constat, c’est qu’on reste quand même la plupart des cas sur des femmes qui ne portent pas nécessairement leurs cheveux naturels, qui sont très maquillées, qui jouent de leur sensualité, parfois même de l’hypersexualisation. »
« Quand j’étais jeune, Beyoncé, était une icône pour moi. Ça m’a aidée à faire sens de moi en tant que métisse dans un environnement qui était très blanc. Mais je me suis sur-identifiée à ce genre de femme. C’était l’époque où elles étaient toutes blondes. C’est plutôt quelque chose qui, à terme, a fait que je n’étais pas moi même ».
Une série d’Axelle Jah Njiké, réalisée par Marie-Laure Ciboulet à retrouver en entier ici.
13 juin 2021