L’entreprise qui est en plein remaniement, se sépare d’un nouveau membre de la famille fondatrice de la marque de cristaux.
Swarovski est un nom qui pour certains se limite à des boutiques et un cygne. Derrière le patronyme de cette marque se trouve en réalité une entreprise familiale fondée en 1895 par Daniel Swarovski et depuis managée par des membres de la famille. Mais depuis octobre dernier, le groupe s’est résigné à ouvrir les portes de son entreprise à des personnes extérieures aux descendants de Daniel Swarovski. La raison : des ventes en baisse et des querelles en interne qui forcent le clan à laver son linge sale en public. Pas une habitude chez le héritiers du cristaux qui, s’ils ont connu leurs heures de gloire durant la période de l’après-guerre, souffrent aujourd’hui d’une concurrence chinoise accrue. La pandémie aura également secoué une entreprise vieillissante, poussant Robert Buchbauer, alors CEO de la marque depuis 2020 et arrière-arrière-petit fils du fondateur, à opérer un écrémage de ses salariés.
Fast life et licenciements en pagaille
Mais voilà, les mesures drastiques prises par Buchbauer font grincer des dents jusque dans les rangs de la famille Swarovski. Il faut dire que les arrivées de Buchbauer en hélicoptère à des réunions internes ont dû mal à faire passer la cure d’amaigrissement imposée aux salariés. En 2020 l’entreprise annonçait le licenciement de 6 000 de ses employés et la fermeture de 750 de ses 3 000 magasins. Les langues se délient alors et un des cousins éloignés, Paul Swarovski, accuse Buchbauer de “diriger le bateau vers les récifs”. Les voix discordantes se rangent derrière ce cousin en colère poussant Buchbauer le 19 octobre dernier à quitter ses fonctions de CEO. Un choc comme le décrit la presse spécialisée même si la tension semble à son comble dans la dynastie de la pierre polie. Quelques mois auparavant l’ex CEO posait pourtant fièrement devant la nouvelle boutique Swarovski fraichement ouverte sur les Champs-Élysée. En mars dernier lors de cette inauguration, il assurait vouloir monter en gamme et s’éloigner des customisations de coques de téléphones et autres accessoires.
Autre départ simultané, celui de Mathias Margreiter, le directeur financier et lui aussi arrière-arrière-petit fils du fondateur. Par voix de presse le clan Swarovski annonce alors son renouveau. “En recrutant des profils aux compétences différentes, les familles propriétaires espèrent engendrer un nouvel élan pour poursuivre le réalignement de l’entreprise sur le long terme”, explique le groupe qui pour la première fois de son histoire se cherche un dirigeant en dehors du clan familial. Ce 20 décembre la famille semble se fracturer davantage avec l’annonce du départ de Nadja Swarovski, arrière-arrière-petite-fille du fondateur. Celle qui avait rejoint l’entreprise en 1995 a notamment créé la Fondation Swarovski et était en charge des relations avec les artistes et couturiers. Son départ signe un nouveau rebondissement dans cette saga digne de la série “Succession”.
Si l’avenir de Swarovski semble s’écrire sans l’ensemble de ses héritiers en son sein, ses employés eux constatent avec tristesse qu’ils sont la dernière roue du carrosse. Remettant même en doute l’avenir de la compagnie. “Les super riches n’ont pas besoin des cristaux Swarovski. Ils peuvent s’offrir des diamants”, lâchait en 2020 la représentante syndicale de Swarovski Selina Staerz.
21 décembre 2021