Les femmes derrières les nouveaux médias français

Florilège de celles qui offrent des perspectives différentes.

À gauche : Claudia Rivera de Sabor Latino Month et Ñañaykuna – Crédit photo : Helen Tchen Cardenas
À droite : Fatma Torkhani, fondatrice d’Arabia Vox

Alors qu’on constatait avec effroi que la presse féminine française ne laisse quasiment aucune place à la diversité sur ses couvertures, certaines actrices du secteur n’hésitent pas à prendre les devants en créant leurs propres médias, en diffusant elles-mêmes leurs propres voix. Voici une liste non exhaustive de celles que l’on aime entendre.

Thu-An Duong et Chiguecky Ndengila, co-fondatrices de BISSAI MEDIA

À gauche : Chiguecky Ndengila et Thu-An Duong, co-fondatrices de BISSAI MEDIA
Crédit photo : Reine-Nadège NYOUM / Maud Drouet

C’est avec la volonté de diversifier les récits portant sur l’immigration que Thu-An Duong et Chiguecky Ndengila lancent BISSAI MEDIA en 2020. À travers ses contenus et évènements, BISSAI donne la voix aux premiers concernés par les questions d’identité et d’héritage culturel. Par un tel travail, le média qui compte une trentaine de bénévoles, répond à un devoir de conservation et de transmission des narrations qui sont nôtres. Ainsi, sur BISSAI on retrouve aussi bien des talks abordant le syndrome de la femme forte (rendez-vous dans “Santé mentale et quartiers populaires”) que des ateliers ou des évènements festifs. Le prochain, “Bisso na Bissai”, se déroulera d’ailleurs le 3 février à la Flèche d’Or.

BISSAI MEDIA : site ici

Le collectif derrière Arabengers

À gauche : une partie du collectif Arabengers
Crédit photo : Yanis Ratbi / Donia Ismail

Incarné par un collectif de huit femmes d’origines arabes et maghrébines, Arabengers construit au fil de ses actions, des lieux de partage où il y fait bon vivre ensemble. Nadia Bouchenni, journaliste et membre du média d’à peine 2 ans, confiait ainsi à BISSAI : “La philosophie des événements du collectif c’est : oui la réflexion intellectuelle et culturelle c’est notre métier, mais organiser la célébration de soi, la joie, le bonheur de se sentir dans un endroit où on est bien, ça apporte encore plus.”. Toutes issues de la culture et des médias, les membres d’Arabengers créent des évènements mêlant tables rondes, expositions, concerts et DJ sets. Connu pour leur format “Raconter l’Algérie”, le collectif était revenu en octobre dernier avec “Raconter le Maroc”. Une fête de la culture marocaine se déroulant peu de temps après les séismes ayant touché le centre du pays. D’ailleurs, leur nouvel évènement “AfriCAN” se déroule actuellement. La programmation du projet s’articulant autour de la Coupe d’Afrique des Nations de football est à retrouver sur leur Instagram. Les membres : Donia Ismail, Ouafae Mameche, Nadia Bouchenni , Lina Soualem, Hajer Ben Boubaker, Farah Khodja, Shereen Dbouk, Dorothée-Myrian Kellou.

Arabengers : Instagram ici

Linda Nguon, fondatrice de Banh Mi Média

À gauche : Linda Nguon, fondatrice de Banh Mi Média
Crédit photo : Wendy Huynh / Banh Mi Média

Après avoir vécu dans différentes parties de l’Asie durant 8 ans, Linda Nguon rentre en France avec une conscience réelle de la difficulté de converger héritage culturel et style de vie occidental. Souhaitant explorer le mélange des cultures asiatiques et occidentales, elle crée en 2020 Banh Mi Podcast, qui deviendra par la suite Banh Mi Média. Complet, le média parle aussi bien de nourriture que de voyage, de musique ou de cinéma. Ainsi, sur Banh Mi on rit en écoutant les épisodes du podcast Les Tatas et on s’informe en écoutant les invités inspirants du média. Coup de cœur sur l’exposition “Humans of Chinatown” réalisée dans le 13ème arrondissement de Paris par le photographe VuTéara Kham. Le projet, qui s’inspire de la série mondialement connue “Humans of New-York”, avait symboliquement été exposé au parc de Choisy, le Central Park du 13ème.

Banh Mi Media : site ici

Farah Khodja, initiatrice de Récits d’Algérie

À gauche : Farah Khodja, fondatrice de Récits d’Algérie
Crédit photo : Radio Orient / Récits d’Algérie

Archiver et transmettre les narrations de nos aînés afin que celles-ci ne s’évanouissent pas avec eux, c’est le travail minutieux que réalise Farah Khodja au travers de Récits d’Algérie. Concernant le lancement du projet, l’auteure confiait à jeuneafrique : “Étant moi-même d’origine algérienne, j’ai réalisé assez tardivement, à l’âge de 19 ans, que mon grand-père ne nous parlait jamais de cette partie de sa vie. J’ai alors souhaité apprendre cette histoire à travers ceux qui l’avaient vécue, la génération de mon grand-père.”. Ce qui était d’abord un site internet collaboratif, lancé en février 2020, a laissé place à un livre deux ans plus tard. Ce dernier retrace les témoignages de ceux ayant connu la guerre d’Algérie, de la colonisation à l’indépendance, ainsi que les récits de leurs descendants. Le site comme le livre recueillent aussi bien des poèmes que des interviews ou des lettres. Aujourd’hui, Farah continue ce travail de mémoire aussi bien sur les réseaux sociaux du média qu’au travers de rencontres.

Récits d’Algérie : site ici

Liz Gomis, fondatrice de OFF TO

À gauche : Liz Gomis
Crédit photo : Manuel Obadia-Willis / Alko Zyan

Journaliste de profession, Liz Gomis s’est exercée d’abord chez radio Nova et Canal Plus avant de se lancer en freelance. Peut-être la connaissez-vous déjà pour la réalisation et l’écriture de la série documentaire “Africa Riding”, disponible sur Arte, ou pour le documentaire vibrant “Africa Demain”, disponible sur Francetv. Au travers de son travail, elle nourrit un dialogue essentiel entre héritage africain et occident, tout en apportant un regard plus juste sur l’Afrique et ses cultures. Avec OFF TO, la journaliste étend ce dialogue à chaque pays africain auquel elle dédie un numéro. Lancé en 2020, OFF TO est un magazine papier intemporel, bilingue et bi-annuel mettant en avant l’Afrique sous différents angles. Le média rappelle ainsi dans son manifesto : “OFF TO is the starting point for a conversation about our futures.” (OFF TO est le point de départ d’une conversation sur nos futures, ndlr).

OFF TO : site ici

Sabor Latino Month et Ñañaykuna par Claudia Rivera

Claudia Rivera, fondatrice du Sabor Latino Month et de Ñañaykuna
Crédit photo : Helen Tchen Cardenas / Agathe Breton

Il ne s’agit peut-être pas de médias au sens propre du terme, mais il nous paraissait tout de même essentiel d’inclure les travaux de Claudia Rivera dans cette liste non exhaustive. D’origine franco-péruvienne, l’artiste photographe a su construire une communauté autour de la célébration des cultures latino-américaines, pourtant si peu représentées en France. Créée en 2021, l’initiative Ñañaykuna est sûrement le point de départ de tout. Au travers de ce projet photographique, Claudia Rivera traitait de la manières dont des jeunes femmes d’origines latines et habitant en France, gardaient un lien avec leurs origines latino-américaines. Aujourd’hui, Ñañaykuna est un évènement à part entière prenant la forme de talks, d’expositions ou de concerts. En parallèle, Claudia a lancé le Sabor Latino Month, un festival célébrant durant un mois les cultures latines via des cours de danse, expositions, talks, ciné clubs et bien plus encore.

Ñañaykuna : Instagram ici

Sabor Latino Month : Instagram ici

Fatma Torkhani, la voix derrière Arabia Vox

À gauche : Fatma Torkhani, fondatrice d’Arabiavox
Crédit photo : Arabiavox

Fondé par la journaliste franco-tunisienne Fatma Torkhani, Arabia Vox parle d’un ton frais des cultures arabes et de leurs diasporas. Indépendant, le média s’articule également autour d’évènements tels que le rendez-vous mensuel Kahwa Book Club, des podcasts, et des ciné clubs. Sur Arabia Vox on trouve aussi bien des sujets traitant de l’icône Warda que des sœurs Hadid. On y discute aussi bien de politique que de l’algérianité de l’Orangina.

Arabia Vox : Instagram ici

Amanda, Yamouna et Isabelle, le trio Slash Asian

À gauche : Amanda Tek, fondatrice de Slash Asian
À droite : projet Asidentités – Crédits photo : a Story to Tell

Créé par Amanda Tek, elles sont un trio derrière Slash Asian, une webzine asioféministe portant sur la représentation des femmes et minorités de genre d’origine asiatique. Créé en avril 2020, Slash Asian vise à informer, représenter et alimenter une communauté d’entraide bienveillante. En 2020, le média lançait le projet artistique “Asidentités”. Au travers de différents mediums tels que la photo et la vidéo, “Asidentités” promeut une perception différente des femmes et minorités de genre d’origine asiatique, loin des dictats et des stéréotypes. L’exercice ambitieux réunissait ainsi 150 personnes le tout sous la houlette d’Amanda, Isabelle et Yamouna.

Slash Asian : site ici

1/02/2023

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