Jacquemus s’est-il un peu (trop) inspiré d’Alaïa ?

Après le dernier défilé du Provençal, difficile de ne pas faire le rapprochement entre les deux créateurs. 

Crédit photo : À gauche : une silhouette du défilé Printemps-Été 2025 de Jacquemus / À droite : une silhouette du défilé Été-Automne 2023 d’Alaïa par Pieter Mulier

Jacquemus s’est-il largement inspiré d’Alaïa ? C’est la question que plusieurs internautes se posent après avoir vu le tout dernier défilé du sudiste. Absent depuis presque cinq ans au calendrier officiel de la Fashion Week, Simon Porte Jacquemus avait annoncé son show “La croisière” sur Instagram, intégralement filmé à l’iPhone et ouvert à ses 6,6 millions de followers grâce à la mise en place d’une fan-zone. Des annonces progressistes qui collent à l’image que l’on se fait de Jacquemus, un créateur jeune, authentique et proche de sa communauté. Voilà ce qu’on attendait en découvrant sa nouvelle collection. Pourtant, c’est une toute autre facette du designer qui nous a été présentée. Passéiste, craintif, voire un brin copieur, est-ce vraiment là le futur de Jacquemus ?

Jacquemus se rêve en vieille maison

À travers cette collection, le Provençal s’est lui-même imaginé en griffe historique ressortant ses plus belles archives. “J’avais en tête cette idée des maisons de couture comme Dior et Chanel qui ont traversé l’Atlantique pour présenter les codes de leur marque. Je me suis donc demandé ce qui définit vraiment Jacquemus et j’ai revisité nos archives de ces quinze dernières années,” a d’ailleurs avoué celui qui a récemment ouvert sa première boutique à New-York à la fin de son défilé. Si l’on a apprécié sa réédition la veste Ovalo en blanc ou son réemploi de l’emblématique jaune pâle sur des silhouettes plus chic, on peine à trouver les autres archives qui auraient contribuées à l’élaboration de cette collection. C’est simple, dans cet ensemble, on ne voit qu’une chose : le travail de Pieter Mulier, Directeur Artistique chez Alaïa depuis 2022.

Si les influences citées par le designer en quête d’investisseurs sont plutôt issues des années 1950 et des premiers exports des maisons de luxe vers les Etats-Unis (tiens tiens), difficile en effet de ne pas voir les (grosses) ressemblances avec les derniers défilés Alaïa, griffe du couturier tunisien Azzedine Alaïa lancée dans les années 1980 et qui connait un gros regain d’intérêt depuis quelques années (elle a notamment vu ses requêtes augmenter de +51% sur la plateforme Lyst en 2024). Si cette influence n’est pas revendiquée par Jacquemus, le couturier semble pourtant s’être très largement inspiré de diverses collections de la marque, flirtant même avec le plagiat ou l’hommage déguisé ? 

Simon Porte Alaïa

Bien loin de la promesse de fraîcheur et d’accessibilité prônée par la marque depuis son lancement, en 2009, “La Croisière” interroge : Simon Porte Jacquemus souffrirait-il du syndrome de l’imposteur ? Comment se rêver en vieille maison lorsque l’on a à peine 15 ans d’existence, si ce n’est emprunter les codes du vintage réinvestis par les grandes marques d’antan, Alaïa en tête de file ? Même jeux de transparence, mêmes ajouts duveteux sur les manches, mêmes silhouettes barrels, mêmes codes couleur…

Connu pour avoir fait défiler les premiers supermodel des années 1990, Azzedine Alaïa semble avoir également inspiré Simon Porte Jacquemus sur ce terrain là : Laetitia Casta et Carla Bruni (anciennes muses du créateur tunisien) étaient au premier rang pour voir défiler, entre autres, Eva Herzigová et Christy Turlington, stars des shows Alaïa. Si les défilés de Jacquemus fleuraient habituellement bon la lavande, ils sentent aujourd’hui la naphtaline, faisant du petit prodige de la mode un jeune-vieux, qui a tout l’air d’avoir perdu sa créativité dans sa quête d’international. Dommage.

28 janvier 2025

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