En cause, une comparaison constante sur l’application liée à l’apparence physique.
Dans de récents documents internes dévoilés par le Wall Street Journal, Facebook reconnaissait les effets néfastes d’Instagram sur le jeune public féminin d’Instagram. Une révélation qui a fait l’effet d’une bombe chez le géant américain qui a été contraint de se justifier sur ces études menées en internes et jamais dévoilées. Dans une intervention publique le 29 septembre dernier, Facebook a passé en revu certaines des recherches publiées par le Wall Street Journal en réfutant chacune des affirmations provenant du journal économique. La réponse du quotidien américain ne s’est pas faite attendre. Le WSJ a dans la foulée publié d’autres documents venant appuyer ses conclusions sur les effets néfastes de l’application sur les adolescentes. On y découvre que les adolescentes françaises figurent parmi celles qui se comparent négativement sur Instagram.
La pression de devoir être parfaite
Le document leaké datant de février, commente une étude interne à Facebook visant plus de 50 000 utilisateurs et utilisatrices répartis sur 10 pays, dont la France. “Les formes négatives de comparaison sociale, particulièrement celles basées sur l’apparence, peut aggraver les problèmes d’image corporelle, les troubles alimentaires, l’anxiété et la solitude. Les adolescentes perçoivent Instagram comme le pire réseau social lorsqu’il s’agit de comparer son corps et son apparence.”, peut-on lire dans le document. À l’échelle mondiale, près de la moitié des adolescentes avoue comparer de manière fréquente leur apparence lorsqu’elles utilisent Instagram, leur provoquant “un sentiment de mal-être” et générant une source de complexes. Des conséquences qui sont notamment très présentes chez les adolescentes françaises qui arrivent en troisième place, après le Royaume-Uni et les États-Unis. Un graphique émanant de Facebook montre que les pays occidentaux sont les plus concernés par ces effets de comparaisons. Les femmes sont plus touchées que les hommes par ce phénomène, sauf en Inde ou l’inverse se produit.
L’étude affirme que 34% des adolescentes au monde ressentent une forte pression pour afficher une apparence parfaite. Cette comparaison physique est récurrente chez les adolescentes âgées de 13 à 18 ans mais également chez les jeunes femmes entre 19 à 30 ans. Elles sont 48% à affirmer se comparer sur le réseau social. Passé la trentaine, l’impact d’Instagram sur l’apparence physique commence à diminuer. “Cela renforce l’idée que nous devons concentrer nos efforts sur les adolescents et les jeunes adultes”, affirme la note internet. La révélation de ces résultats internes ont en tout cas poussé Instagram à mettre en pause le développement de sa version pour enfants. “Les détracteurs d’Instagram Kids verront [cette suspension] comme une reconnaissance que le projet est une mauvaise idée. Ce n’est pas le cas. La réalité est que les enfants sont déjà en ligne, et nous pensons que le développement d’expériences adaptées à leur âge et conçues spécifiquement pour eux est bien meilleur pour les parents que la situation actuelle”, s’est défendu Adam Mosseri, responsable d’Instagram.
Les mentions “J’aime” et les filtres en cause
Une autre étude portant cette fois-ci sur 100 000 individus provenant de 9 pays (dont la France), démontre que 10% d’adolescentes françaises se comparent de façon toxique sur Instagram. Les effets nocifs des fonctions “J’aime” et des filtres sont notamment pointés du doigt. Les chercheurs affirment que le fait de voir un grand nombre de mentions “J’aime” sur les publications des autres peut avoir un effet négatif sur le ressenti des utilisatrices. L’utilisation des filtres déformant le visage et lissant la peau représente également un danger conséquent sur la santé mentale des adolescentes.
Conséquence direct de cette pression liée au physique sur les réseaux sociaux : les 18-34 ans ont désormais plus recours à la chirurgie que les 50-60 ans.
2 octobre 2021