Alors que la Fashion Week Haute Couture se tient à Paris, combien sont-ils à s’acheter des robes qui valent des centaines de milliers d’euros ?
Pendant quatre jours vont se succéder sur les runway parisiens, la crème de la crème de la Haute Couture. “Juridiquement protégée depuis 1945 en France, le terme haute couture désigne une tradition française, symbole de luxe, d’excellence et de savoir-faire”, explique simplement Wikipédia. La Fédération de la Haute Couture et de la Mode précise que seules peuvent se prévaloir de cette appellation “les maisons, les entreprises agréées chaque année par une commission dédiée animée par la Chambre Syndicale de la Couture se tenant sous l’égide du Ministère de l’Industrie”. Pour présenter une collection Haute Couture il faut donc respecter quelques critères comme le travail réalisé à la main dans les ateliers de la maison, ces derniers doivent être au nombre de deux, le nombre d’employés est quantifié, et les marques doivent présenter deux défilés dans le calendrier de la haute couture chaque année. S’il y a des membres permanents comme Schiaparelli, Chanel, Givenchy Dior… il y a également des correspondants comme Fendi Couture, Miu Miu ou encore Viktor & Rolf.
5000 clients seulement
Très regardée, proposant de plus en plus des moments de “fashion buzz” comme lors du défilé Balenciaga de 2022, la Fashion Week Haute Couture repose en réalité sur une clientèle ultra réduite. Elle serait composée d’environ 5 000 clients selon FashionNetwork pour 29 marques internationales qui défilent. Ces super-riches peuvent mettre des milliers d’euros pour une création sur mesure comme l’explique le nouvel arrivant Robert Wun. Celui qui clôturera le calendrier de cette nouvelle Fashion Week Haute Couture, propose des créations dont les prix peuvent “varier de 10 000 à 45 000 livres sterling (soit de 11 000 à 51 000€). Les pièces spéciales, comme les robes de mariée, sont plus proches de 60 000 £”(environ 70 000€), détaille t-il dans les colonnes de Vogue Business. “La clientèle de la marque est internationale, avec une majorité basée aux États-Unis, en Chine et au Moyen-Orient”, précise Wun.
Certaines robes portées par des actrices comme Kate Winslet, Anne Hathaway ou encore Cate Blanchett sont estimées à plus de 100 000 euros. Un coût largement justifié selon Julien Fournié, créateur français de Haute Couture et qui habille reines et princesses des pays arabe. “On a atteint parfois des prix insensés parce qu’il y a 290 heures de broderie ou 390 heures de plumasserie (…) On vend du temps horaire et du savoir-faire français”, expliquait-t-il à l’AFP en 2021. Est-ce que ces stars paient leurs robes ? “Il ne s’agit pas d’une transaction commerciale ; il s’agit de célébrer des personnes qui méritent d’être célébrées”, résume assez bien Robert Wun qui prête ses robes au gratin hollywoodien.
Les demandes ont aussi changée poursuit le couturier français.“Il faut arrêter de penser que les clientes de la haute couture veulent porter des meringues brodées, elles me demandent des choses pour vivre et être dans l’action”. De quoi faire résonance avec la collection Haute Couture quasi sobre de Balenciaga en 2022 ou celle plus récente de Jean Paul Gaultier x Ackermann. Tout est dans la coupe assure Fournié, pas dans “les froufrous à volants”.
Un marché aux chiffres d’affaires impressionnant
S’ils ne seront qu’une élite à pouvoir se payer des coupes bien ajustées au prix de centaines de milliers d’euros, la Fashion Week Haute Couture repose en réalité sur bien plus que sa base clientèle. “La Haute Couture est très puissante, économiquement parlant. Elle stimule l’imaginaire et représente une figure de proue pour toute l’économie de la mode. Le marché de la Haute Couture a récemment été estimé à 11,5 milliards de dollars pour 2021, avec un prévisionnel de 13,5 milliards d’ici 2028. Le secteur emploie plusieurs milliers de personnes, directement ou indirectement, avec les arts et savoir-faire qui lui sont associés“, explique Pascale Morand, vice-président de la Fédération de la Haute Couture. “Au-delà des chiffres, l’impact qualitatif de la Haute Couture est très important, comme l’atteste l’impact médiatique de la semaine de Haute Couture (le Media Impact Value, ou MIV), évalué à 120 millions d’euros en juillet 2022. Elle représente de fait un moteur et une influence cruciale pour le prêt-à-porter créatif, et même bien au-delà. La Haute Couture incarne Paris en tant que capitale mondiale de la mode, du savoir-faire et de la créativité.“, poursuit-il. La vidéo ci-dessous de Doja Cat arrivant au défilé Schiaparelli a par exemple été vue plus de 22 millions de fois.
Alors si les maisons de luxe se gardent bien de communiquer sur leur clientèle, c’est parfois leurs clientes elles-mêmes qui le font. Comme en 2014, quand dans les colonnes de Madame Figaro une américaine invite le média à la suivre dans son shopping Haute Couture. Elle cherche des robes à parfois presque 200 000 euros parce que cette dernière veut être unique. “Se retrouver en face d’une femme qui porte la même tenue lors d’un gala est très embarrassant ! Avec la haute couture, ce genre de désagrément n’arrive jamais. Il se peut que le modèle soit vendu à une autre, mais, dans ce cas, la maison prend soin de prévenir et vérifie que ces clientes n’habitent pas sur le même continent.” , détaille t-elle. Avant d’ajouter d’un avis bien tranché : “La haute couture favorise toujours la cliente ! Il n’y a qu’à voir la différence entre la semaine de la haute couture et celle du prêt-à-porter. Un cirque ! C’est le bal des blogueurs, des actrices, des VIP en tout genre… Dans la haute couture, la star, c’est la cliente. Pour une simple raison : elle est là pour acheter, pas pour faire le show !”.
Dites ça à Kylie Jenner.
26 janvier 2023