À Paris, une sublime exposition consacrée aux femmes afghanes

Le célèbre prix Carmignac du photojournalisme récompense deux femmes pour leur reportage sur la condition féminine en Afghanistan, le tout à l’occasion d’un événement parisien.

Des journalistes féminines travaillent dans le bureau d’un média axé sur les femmes. Les femmes journalistes doivent se couvrir le visage, voyager avec un chaperon, sont interdites d’interviewer des officiels, soumises au harcèlement et aux menaces… Crédit photo : Kiana Hayeri, Kaboul, Kaboul, Afghanistan, 29 février 2024

Durant six mois, la photojournaliste canado-iranienne Kiana Hayeri et la chercheuse française Mélissa Cornet ont sillonné les sept provinces d’Afghanistan pour enquêter sur les conditions de vie des jeunes filles et de leurs aînées sous le régime des talibans. Réduites au silence depuis la promulgation d’une loi au mois d’août dernier leur interdisant d’échanger entre elles en dehors du foyer, les femmes afghanes disparaissent peu à peu de l’espace public, et se voient retirer des droits élémentaires depuis l’arrivée des talibans au pouvoir : interdiction d’aller à l’école ou à l’université, de travailler sans autorisation ou encore de fréquenter certains espaces. Difficile alors d’imaginer le quotidien de la moitié de la population, confinée entre les murs de sa maison. “Nous avons oublié toute joie, nous ne savons pas où en trouver.”, confiait d’ailleurs une militante féministe ayant fui le pays au duo franco-canadien.

Une famille, récemment expulsée du Pakistan, s’est temporairement installée dans un quartier de la banlieue de Jalalabad, dans l’est de l’Afghanistan. Credit photo : Kiana Hayeri, Jalalabad, Nangarhar, Afghanistan, 12 février 2024

Voir le monde à la fenêtre

Pour donner vie à ce reportage, Kiana Hayeri et Mélissa Cornet ont rencontré plus de cent Afghanes. Des journalistes et militantes aux mères terrorisées, des adolescentes angoissées aux membres de la communauté LGBTQIA+, chaque visage a été capturé et documenté avec sérieux et bienveillance par le duo, soutenu par la Fondation Carmignac et Amnesty International. Résultat ? Une exposition au Réfectoire des Cordeliers qui se découvre du point de vue de l’espace domestique grâce à une scénographie particulièrement immersive d’Alice de Bortoli et de son collectif Ortiche. Comme les femmes, le spectateur qui ne peut observer le monde qu’à travers la fenêtre. Vécue comme le seul lieu où elles peuvent encore exprimer leur humanité, la maison devient le théâtre de toute une galerie de portraits réalisée par Kiana Hayeri, intimes et saisissants. 

Un institut privé dans l’ouest de Kaboul où les filles suivent le programme américain en anglais, mais ne peuvent obtenir aucun certificat officiel d’éducation afghan, ni aller à l’université en Afghanistan. Credit photo : Kiana Hayeri, Kaboul, Kaboul, Afghanistan, 17 février 2024

Complété par des dessins, des vidéos et des œuvres d’art créées en collaboration avec des adolescentes afghanes, l’ensemble est une invitation au dialogue autour de la situation féminine en Afghanistan, mais aussi dans le monde, et permet d’offrir une voix à celles qui n’en ont plus. Pour rappel, les enquêtes menées par les équipes de recherche d’Amnesty International en Afghanistan depuis le retour des talibans au pouvoir, en août 2021, qualifient les persécutions fondées sur le genre “de possible crime contre l’humanité”.

No Woman’s Land
Du 25 octobre 2024 au 18 novembre 2024
Du lundi au dimanche, 11h-19h
Réfectoire des Cordeliers
15 rue de l’école de médecine
75006 Paris
Entrée libre
Plus d’infos ici

8 novembre 2024

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