Les usines Boohoo en Angleterre montent d’un cran dans l’esclavagisme moderne

Une travailleuse explique devoir rendre une partie de son salaire en cash à sa chaine de production.

Crédit photo : Boohoo

Après avoir reconnu des “problèmes clairement inacceptables” dans ses usines en Angleterre, Boohoo avait affirmé faire le nécessaire pour que ses usines et fournisseurs respectent le droit du travail, notamment dans ses usines à Leceister. Un documentaire diffusé sur Arte révélait notamment que des dizaines de travailleur(se)s entassés les uns à la suite des autres, s’attelaient à la tâche pour un salaire misérable de 3 euros de l’heure payé en liquide, sans aucun contrat de travail. Face au tollé, une enquête de huit mois avait été menée par la marque de fast-fashion la forçant à passer de 200 à 78 fournisseurs. Boohoo avait par la suite assuré vouloir travailler sur des “améliorations recommandées aux processus de gouvernance d’entreprise, de conformité et de surveillance de l’entreprise”. Mais selon une enquête de SkyNews dévoilée fin juillet dernier, Boohoo continue de manquer à ses impératifs.

Rends l’argent

Selon une travailleuse qui témoigne de manière anonyme de peur de perdre son travail, son patron a trouvé un nouveau moyen d’éviter de payer au personnel le salaire minimum légal de 8,91 £ par heure en Angleterre. Dans des fiches de paie consultées par SkyNews, on découvre qu’officiellement la travailleuse est bien payée au minimum légal. Seulement, un autre petit mot cette fois écrit à la main et attaché à sa fiche de paie, annonce un chiffre. Une somme manuscrite que la travailleuse doit retirer en cash et rendre à son patron à l’usine. Jusqu’à présent, elle a remboursé des centaines de livres britanniques, assure SkyNews.

“Ils disent que vous devez rendre cet argent”, explique t-elle au média britannique. “Ils ont dit, vous savez, ‘Je ne peux pas vous donner de salaire minimum, je ne peux pas me permettre de vous payer un salaire minimum parce que les prix de notre produit sont très bas.’ “Je crains que s’ils découvrent que je ne rends pas d’argent, ils pourraient me licencier.” , poursuit-elle. Selon la travailleuse son salaire a bien été augmenté après l’enquête menée par Boohoo, mais cette technique a été immédiatement mise en place.

Des enquêtes qui ont peu d’impact

L’association caritative anti-esclavagiste Hope for Justice dit être au courant de ce procédé dans les usines de Leceister. “Nous savons (…) que l’approche d’audit ne nous a pas vraiment donné de résultats pour identifier des preuves d’esclavage parce que les propriétaires d’usines deviennent vraiment créatifs et innovants dans la façon dont ils traitent cela et comment ils le cachent.”, avoue Paul McAnulty, porte-parole de l’association. Pour un des loueurs des immeubles qui servent aux fournisseurs Boohoo, la balle est dans le camp de l’entreprise de fast-fashion. “Ces gars les serrent et les serrent tout le temps”, confie-t-il. “En leur donnant quelques centimes par vêtement et ils vendent pour 30 à 40 £ les articles qu’ils ont achetés pour 2-3 £. C’est vraiment injuste.”

De son côté Boohoo affirme faire le nécessaire pour respecter ses engagements : “Nous surveillons continuellement nos fournisseurs et avons mis à jour la liste deux fois depuis la publication initiale, supprimant certains fournisseurs qui n’ont pas réussi à démontrer les normes élevées requises et en ajoutant également de nouveaux“, assure un porte-parole du groupe. “Les droits des travailleurs du vêtement sont au cœur de notre programme Agenda for Change. Nous demandons à tous nos fournisseurs de mettre à dispo notre ligne d’assistance au Royaume-Uni et nous nous assurons que chaque préoccupation soulevée fait l’objet d’une enquête approfondie”. Selon SkyNews Boohoo ne serait pas au courant de ces nouvelles techniques.

18 août 2021

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