Démêlons le vrai du faux dans cette affaire qui cumule les fausses vérités.
Peut-être l’avez-vous vu, le récent placement de produit d’Assa Traoré sur son compte Instagram a fait couler beaucoup d’encre. La militante a posé paire de Louboutin aux pieds, recevant ainsi une salve de critiques virulentes. La jeune femme est accusée de faire du récupérationisme au profit du capitalisme. Mais alors que nous nous demandions, comment une marque de luxe pouvait lutter plus justement pour des causes sociales, revenons sur des contre vérités qui polluent la toile et cette affaire.
Assa Traoré n’est pas égérie de Louboutin
Beaucoup ont présenté Assa Traoré comme égérie de la nouvelle campagne Louboutin intitulée « Walk a miles in my shoes ». Une campagne menée par Idriss Elba et Sabrina Elba qui ont imaginé plusieurs paires de chaussures Louboutin en reprenant la célèbre phrase de Martin Luther King. Cette collection vise à venir en aide aux victimes de violences policières et d’injustices sociales. Assa Traoré n’a pa été choisie comme égérie pour cette campagne, ni n’a même été payée pour en faire le relais comme l’a confirmé le designer Christian Louboutin à BFMTV. Louboutin a proposé à Assa Traoré de lui envoyer un paire d’escarpin et de relayer la campagne si elle le souhaitait. Ce qu’elle a fait. Tout comme le rappeur Jok’Air ou encore le footballeur Pierre-Emerick Aubameyang. Rappelons également que tous les fonds récoltés grâce à la vente de cette collection seront reversés à des associations caritatives.
Louboutin a également précisé au Figaro que 200 personnes dans le monde ont gracieusement reçu, en qualité d’influenceurs, un soulier, un tee-shirt, une lettre rédigée par Christian Louboutin, Idris Elba et sa femme Sabrina.
LE PLUS – Assa Traoré “égérie” de Louboutin? Le créateur dément et précise sa campagne contre les discriminations (@SoniaaCarneiro) pic.twitter.com/aMVpistM7q
— BFMTV (@BFMTV) June 17, 2021
Louboutin s’est déjà engagé pour valoriser les différentes couleurs de peau.
En 2013, Louboutin a lancé une ligne de chaussures intitulée « Nudes ». Composée de 5 puis de 8 teintes de beige, elle avait pour mission de coller à toutes les carnations de peau en proposant des nuances allant du beige clair au plus foncé. En 2020 Louboutin a agrandit cette gamme en la proposant sur des modèles masculins. « J’ai choisi avec mon travail d’exprimer que la peau et leurs différents tons ne doivent pas créer de différences, nous avons tous un teint unique et c’est ce qui rend la vie belle mais tant que la couleur de la peau reste un problème, nous devrons lutter contre le plus bas forme de misère qui ne devrait plus exister, sous aucune forme ou excuse : le racisme », avait expliqué le designer au sujet de cette collection.
Christian Louboutin s’exprime sur le racisme
Né d’une maman française, Christian Louboutin ne découvrira qu’autour de ses 50 ans que son papa est égyptien. « Je pensais que j’étais un enfant adopté car j’étais beaucoup plus foncé que mes sœurs, blondes au yeux bleus. Je n’ai jamais osé en parler à mes parents, et cette question est toujours restée dans mon imaginaire« , avait-il expliqué en 2017. « Je suis le fils de l’amant de ma mère. C’est fascinant. Je trouve cela formidable que ma mère ait aimé un autre homme, mais qu’elle soit tout de même restée avec son mari, qui ne m’a jamais fait sentir que je n’étais pas son fils« .
Lors du mouvement Black Lives Matter en juin 2020, le créateur s’était exprimé sur sa page Facebook. Il était revenu sur ses expériences personnelles avec le racisme. « Dès mon plus jeune âge, j’ai découvert les différences de couleur de peau… Enfant, je pouvais voir et sentir que j’étais plus sombre que la plupart de mes camarades de classe mais cela m’importait peu à l’époque. Bien plus tard, j’ai découvert cette haine tristement puissante qui s’appelle le racisme », débute t-il dans un long post Facebook. C’est à l’adolescence que Christian Louboutin a été violemment confronté à des agressions racistes. « On m’a crié dessus et appelé : « petit pédé noir ». Je ne pouvais que crier en réponse : « Et alors, allez vous faire foutre » avant d’être obligé de courir, vite, si je ne voulais pas être attrapé et probablement agressé ».
18 juin 2021