Le documentaire choc d’Arte qui épingle Boohoo et Pretty Little Thing

La chaîne franco-allemande enquête sur les systèmes de production des géants de la fast fashion.

Crédit photo : Boohoo

Mardi 9 février, Arte diffusait à 20h50 un documentaire poignant sur l’envers du décor des grandes enseignes de la fast fashion, ou souvent surnommée « mode jetable ». « Fast Fashion – Les dessous de la mode à bas prix« , réalisé par Edouard Perrin et Gilles Bovon, met en lumière les modes de production qui bâtissent ce secteur et le rendent aussi rentable. 400M d’euros de chiffres d’affaires pour Pretty Little Thing avec des robes aux prix oscillants autour de 15 euros. Comment ces robes sont-elles fabriquées ? Une question à laquelle le fondateur de la marque, Umar Kamani, refuse de répondre. En quelques années, la fast fashion a révolutionné les modes de consommation de l’industrie textile notamment chez les millennials : des vêtements tendances, à prix abordables, des codes promo offerts par les influenceurs les plus suivis sur les réseaux et des délais de livraison courts. Tout laisse à penser que ce système rayonne de mille feux. Mais ce n’est que la partie émergée d’un iceberg gravé de pratiques immorales, aux conséquences sociales et environnementales désastreuses.

Entre précarité et greenwashing

Le documentaire nous emmène entre l’Inde et l’Angleterre en passant par le Danemark et Paris, pour comprendre les systèmes de fabrication de ce secteur qui compte parmi ses membres des géants implantés aux quatre coins du monde tels que Zara et H&M mais aussi des colosses du e-commerce comme Boohoo et Pretty Little Thing. Tout au long du documentaire, les journalistes s’infiltrent dans un des ateliers de couture miteux d’un sous-traitant de Pretty Little Thing, du groupe Boohoo, à Leicester en Angleterre. Des fenêtres obstruées, des dizaines de travailleur(se)s entassés les uns à la suite des autres, et un salaire misérable de 3 euros de l’heure payé en liquide, sans aucun contrat de travail. Une somme illégale dans un pays où le salaire minimum atteint plus du triple de ce montant. Le tout à des horaires pouvant atteindre les 14 heures de travail par jour. Les autorités américaines enquêtent d’ailleurs à ce jour sur les pratiques de Boohoo dans cette même usine de Leicester et menace d’interdire d’importation la marque sur son territoire. En parallèle de ces images Arte interroge l’influenceuse Noholita, adepte de ces marques et qui, selon le documentaire, pourrait toucher 5 000 euros pour une vidéo faisant la promotion de ces griffes sur ses réseaux sociaux. Un grand écart vertigineux et glaçant.

Parallèlement à ces pratiques à des années lumière de la moralité et de la légalité, le documentaire met également en évidence les répercussions désastreuses de la fast fashion sur l’environnement. Lorsque l’on sait que l’industrie textile fait partie des plus polluantes de la planète, on s’imagine tout de suite à quel degré cet impact peut être atteint lorsqu’il s’agit d’un secteur peuplé d’enseignes aux systèmes de surproduction et invitants à la surconsommation. Ces dernières prônant une avancée écologique en utilisant la viscose, une soie artificielle, ne sont en fait que l’exemple concret d’un greenwashing de masse. Le documentaire nous dévoile que la viscose utilisée résulte d’un procédé chimique polluant les eaux en Inde et par conséquent rendant malades les habitants des zones avoisinnantes. De quoi s’interroger sur cette utopie qui voudrait unir fast fashion et éco-responsabilité.

Retrouvez le documentaire « Fast Fashion – Les dessous de la mode à bas prix » sur le site d’Arte.

10 mars 2021

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