Ninho, taille patron

Avec son nouvel album « Jefe », l’artiste de 25 ans seulement, continue de s’imposer dans un rap game en ébullition.

Crédit photo : Courtesy Rec 188 / Mal Luné Music

Ninho le dit souvent : il faut du flair. Pour réussir dans la vie, pour percer dans la musique. Et le loup du binks comme il se surnomme, en a eu sur son nouvel album « Jefe » qu’il allume au chalumeau dès l’intro. Pendant trois minutes zéro une il nous lacère au barbelé, bien loin d’une Zumba d’ambiance qu’il nous aurait balancé pour nous endormir. Ninho sort le sifflet pour réveiller un public qu’il averti : Johnny la qualidad a sorti ses guitares et ses feux d’artifices pour un disque de rock star. Nous voilà prévenu, ça va dégueuler comme Kaaris mais aussi nous caresser sur des instrumentales solaires avec Ninho qui passe la pommade. Si le rappeur assume son statut de vedette il tient à marteler tout le long de ce disque, qu’il charbonne. Comme animé par la peur de se vautrer dans le succès, le Jefe s’endormira « dehors » parce qu’il « dois tripler ça » avant de rentrer à la maison, comme il l’écrit dès l’ouverture de ce sixième album. Bien que le costume du patron soit désormais ciglé Armani ou Balmain.

Il faut dire que le « petit » semble vouloir tenir son terrain. Avec l’envie de photographier son succès mais avec la peur, aussi, d’oublier ce qu’est la vie de bohème. C’est peut-être pour cela d’ailleurs qu’il sample une interview d’Aznavour sur le titre « Jefe », placé en numéro 2 sur la tracklist, comme pour rappeler dès le début qu’il est bel et bien le chef. « Je n’ai pas travaillé pour l’argent mais j’ai aimé gagner d’l’argent« , lance Charles dans une phrase qui sonne comme le mantra de cet album savamment dosé. Les adeptes du Ninho qui wine se délecteront de « Arme de poing », ou « Vérité » tandis que les amoureux des turbulences préféreront voyager avec le Jefe sur son « RER D » ou monter en « Sky Priority ». Les petites zouz sont prévenues elles, le bambino cherche « une guerrière comme Athéna » qu’il fera rimer avec « Aïcha » quelques morceaux plus haut. On pourra peut-être reprocher à cet album de ne pas être gavé de surprises, de ne pas être un calendrier de l’Avent, le Jefe ne laisse d’ailleurs personne squatter en featuring. Mais dans un paysage du rap français largement gavé en sorties et connexions, on appréciera ce quality time passé en one to one avec l’autoproclamé Jefe.

Critique : Le nouvel album d’Angèle, pas le grand huit attendu

6 décembre 2021

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