Des flux de haine auxquels la plateforme de live streaming tarde à mettre fin.
Depuis le mois de mai, le service de streaming de vidéos en direct Twitch, fait l’objet de raids haineux et racistes ciblants les streamers noirs. C’est le cas de Raven, noire et non-binaire, qui depuis quelques jours, est la cible d’un déferlement violent d’attaques racistes dès lors qu’elle se connecte pour une session de streaming. Pendant près de deux heures et demi, la créatrice de contenus, connue sous son pseudonyme RekitRaven, a déclaré avoir reçu plus de 300 messages de haine comprenant même son nom de famille, qu’elle ne divulguait pas par soucis de confidentialité. « Il est important de savoir que la quantité de harcèlement sur la plateforme a véritablement causé beaucoup de traumatismes à beaucoup de gens », a déclaré Raven à Insider.
Well I see what these hate raids are all about, having experienced one myself just now.
— trihex @ fitness (17.0% body fat) (@trihex) August 22, 2021
We gotta fix this sooner rather than later, huh @Twitch? pic.twitter.com/Av3eUebXN1
Sur Twitch, 81,5% des spectateurs et streamers sont des hommes et 71,5% s’identifient comme blancs tandis que les créateurs noirs ne représentent seulement que 3,9% des utilisateurs de la plateforme, selon les données recueillies en 2018 par StreamElements. Suite à ses attaques répétées, Raven a lancé le hashtag #TwitchDoBetter sur Twitter tout en planifiant un boycott général de la plateforme, sous le hashtag #ADayOffTwitch et prévu pour le 1er septembre. Toujours dans le but de se faire entendre, et en collaboration avec le streamer Lu Morrow, elle a créé une pétition qui a atteint plus de 14 000 signatures.
Une déferlement de haine qui ne cesse d’enfler depuis un mois
Les « raids » sur Twitch, sont facilités avec la fonctionnalité permettant aux streamers d’envoyer leurs spectateurs sur une autre chaîne lorsqu’ils sont hors ligne. Si certains l’utilisent dans le but de favoriser les petits créateurs souhaitant davantage se faire connaître. Lors d’un « raid haineux », cette fonction est utilisée de manière abusive à l’aide de robots venants spammer la section chat d’un streamer. Selon une étude Pew Research de 2020, 54% des individus noirs qui ont été harcelés en ligne disent l’avoir été en raison de leur ethnie. « Nous traversons tellement de choses et nous agissons de manière forte, mais finalement, il y a toujours des gens qui nous détestent simplement parce que nous existons. », explique la streameuse DefinedByKy sur son stream Twitch après le premier raid qu’elle a subi.
This is part of my live reaction to the hate raid. Normally I’d never show myself as this vulnerable but it’s important for people to hear what I said! If you want to watch the entire thing it starts at 1 hr 22 mins in the below link. #TwitchDoBetter https://t.co/OZBEz0xRtD https://t.co/BWEMQYGzWN pic.twitter.com/ePxWBB6xuU
— Ky | She/Her (@DefinedByKy) August 15, 2021
La réponse de Twitch
En réponse aux nombreuses réactions face aux raids, Twitch assure avoir mis en place un système permettant de détecter ceux qui contournent les interdictions sur le site, et encourage les streamers à signaler les commentaires malveillants. « C’est une bataille permanente, la haine sur Internet ne gagnera pas. (…) Nous nous sommes efforcés de rendre ces raids haineux beaucoup plus difficiles à mettre en œuvre » a déclaré le co-animateur RayApollo lors d’un stream organisé par Twitch concernant les dernières mises à jour. Des paroles qui ne suffisent pas à endiguer le problème, sans réel plan d’actions. L’avocat spécialisé dans le divertissement, Noah Downs explique lui que Twitch « a la capacité de créer des outils pour mettre fin à cela » mais interroge sur le désir de la plateforme de consacrer le temps et les ressources nécessaires pour y parvenir.
Les raids ne sont pas seulement liés à la race, mais aussi au sexe, comme nous l’expliquait la streameuse française Maghla dans une récente interview.
30 août 2021