Broyée par une apparition dans la série “Nouvelle école” de Netflix, la rappeuse sort un EP qui fait frissonner.
Elle prévient “j’écris du fond de ma haine”, Soumeya rappeuse marseillaise vient de dévoiler son EP “Résilience”. Quelques heures seulement après être apparue dans la nouvelle émission de Netflix “Nouvelle école”, dédiée au rap français. Dans ce télécrochet trois juges, SCH, Shay et Niska (accusé d’agressions sur Aya Nakamura) partent à la recherche de la nouvelle star du rap FR. Au milieu de cette production trône Soumeya, violemment balayée par une battle qui ne tourne pas en sa faveur à l’écran. Ce combat lyrique qui l’expose aux moqueries virulentes des internautes sur les réseaux sociaux, ne se serait pas tout à fait passée comme Netflix France a choisi de le diffuser à l’écran. Après la mise en ligne de l’épisode, Soumeya dénonce un montage en sa défaveur, agencé pour faire le buzz, pour lui dessiner une personnalité de “Wesh Wesh”.
Nouvelle école, message important prenez le temps de lire 😒 pic.twitter.com/QXSMppfZYw
— Soumeya (@__Soumeya) June 16, 2022
Elle le dit, elle appréhendait depuis un an la diffusion de cette scène. “Je ne méritais pas d’être diffusée au grand public comme ça”, écrit-elle dans un long message posté sur ses réseaux sociaux. Hantée par cette expérience, Soumeya n’a plus le coeur à défendre “Résilience”, un EP taillé au barbelé, brut, aussi noir que lumineux. Alors on le fera pour elle. “Ma misère leur servira de pourboire”, rappe t-elle dans “Triste réalité”, presque comme un synopsis de son expérience sur Netflix.
En 6 titres, Soumeya gribouille nos yeux, à en arracher des larmes de sang, comme dans “L’aigle et la fourmi” où elle révèle avoir été agressée sexuellement enfant. Une gifle auditive et lyrique, adressée sur une instrumentale nous rappelant les meilleures heures de Diam’s. Ses paysages noirs, Soumeya les dessine avec une plume aiguisée comme un cutter. Elle lacère ses monstres, arrache les ailes de l’aigle, elle petite fourmi qui écrit. Qui travaille pour transformer labeur en beurre, pleurs en mots d’auteure.
Son flow décoloré à l’acide comme ses cheveux, fait de Soumeya une figure à part entière du rap français, trop loin des produits marketing du moment comme elle l’écrit dans le titre “Psychanalyse”. “T’as rien de féminin alors qui va t’écouter. C’est pas moi qui ait travesti le rap français alors venir me dire ça c’est culotté”. La culotte du rap français c’est Soumeya qui semble pourtant la porter dans “Résilience”, avec un EP qui pousse loin des branches de la tendance. Fourmi n’attend plus que sa colonie.
20 juin 2022