Sale ambiance à la Samaritaine ? Le grand magasin épinglé

Dans deux enquêtes, Mediapart et L’Humanité donnent la parole à plusieurs employés du grand magasin parisien, qui dépeignent un climat délétère.

Crédit photo : WE ARE CONTENTS

Ce n’est visiblement pas la magie de Noël à la Samaritaine, grand magasin situé dans le très chic 1er arrondissement de Paris. Inauguré en grandes pompes le 21 juin dernier par Emmanuel Macron et Bernard Arnault, le nouveau fer de lance de LVMH a rouvert ses portes après plus de quinze années de fermeture. Rachetée par le groupe de luxe en 2000, celle que l’on décrivait comme la fleur fanée de l’habillement de luxe, avait dû subir plusieurs travaux de rénovations. Mais seulement quelques mois après sa réouverture, La Samaritaine serait le terrain d’un « management violent » transformant une partie des équipes en « un personnel apeuré, en arrêt maladie ou sur le départ », comme l’écrit Mediapart dans une nouvelle enquête publiée ce 22 décembre. « Depuis le 23 juin 2021, 46 salariés ont démissionné soit environ 7 % des effectifs », rétorque la société au journal français. Quelques jours plus tôt c’est l’Humanité qui décrivait un envers du décor pas si rose pour ses salariés.

Peur à tous les étages

 Dans l’Humanité une vendeuse décrit une « attitude non professionnelle, infantilisante, rabaissante, agressive, méprisante et despotique » de la part de certains managers. Le tout saupoudré de « propos vexatoires, microagressions permanentes, mal-être, angoisses…  » qui l’auraient poussé à commettre une tentative de suicide. Si d’autres ne souhaitent pas s’exprimer par peur de représailles, plusieurs détaillent un environnement propice au harcèlement. C’est le cas de plusieurs vendeuses et vendeurs qui se sont déjà plaints de leurs managers à la hiérarchie. « À la pause clope, on ne se demande plus si ça va, on sait que ça ne va pas », raconte un salarié à Mediapart. Dans une lettre consultée par le média, une autre employée dépeint sa détresse psychologique. « Alors je me tais encore, prends sur moi et continue à m’enfoncer dans une détresse psychologique, je ne mange plus ou je fais des crises de boulimie. Mon humeur a changé avec mes proches. Je me renferme beaucoup sur moi, ne parle plus, ne prends plus aucun plaisir à quoi que ce soit. Je rêve de pouvoir changer d’emploi et de totalement faire une reconversion. », écrit celle que le journal a renommé Safia.

Crédit photo : WE ARE CONTENTS

Horaires changés à la dernière minute, dimanches travaillés malgré des demandes de congés, ultra-surveillance sur le floor, certains phénomènes décrits dans ces deux articles semblent hélas le lot de plusieurs grands magasins ou enseignes de prêt à porter. En septembre dernier ce sont des employés de Brandy Melville qui dénonçaient un climat délétère au sein de la chaine américaine. Ici ce qui choque surtout les vendeurs et vendeuses de la Samaritaine, c’est la différence entre le luxe affiché dans les rayons et la faible considération octroyée à celles et ceux qui encaissent tous les jours articles et reproches.

Réponse du grand magasin

Avant la publication de son enquête Mediapart a reçu une réponse de La Samaritaine qui pointe du doigt plutôt des cas individuels qu’un climat anxiogène ambiant. Dans une note envoyée à son personnel la veille de la publication de l’enquête, la direction du temple du commerce de luxe réappuie que « ces accusations sans fondement ne reflètent ni (ses) valeurs, ni (ses) convictions, ni le climat social au sein de la Samaritaine« . La note poursuit : « Et nous l’affirmons avec force, nous sommes fiers de la façon dont la Samaritaine s’illustre par sa diversité et son inclusivité ». Pour Olga, employée du grand magasin et habituée du secteur du luxe, quelque chose ne tourne pourtant pas rond. « Ça fait vingt ans que je suis en France, dix-sept ans que je travaille dans le luxe, je n’ai jamais vu ça. Ils ont bousillé ma vie. À LVMH, ils se prennent pour les rois du monde. Ils sont au-dessus des lois et nous on doit se taire. », témoigne t-elle dans les colonnes de Mediapart.

23 décembre 2021

Previous Article

C'est quoi exactement le Metavers ?

Next Article

Sephora condamné pour avoir menti sur le packaging de ses masques

Related Posts