Dans notre série Quartier Libre, par la photographe Zoé Cavaro.
Dans notre nouveau programme Quartier Libre, nous donnons une page blanche aux photographes francophones pour qu’ils illustrent leur notion de quartier. Est-il simplement géographique, humain ou même architecturale ? Un peu des trois pour la photographe Zoé Cavaro qui prend les rênes de cette nouvelle série. Après une incursion en Guadeloupe et dans le 20ème arrondissement de Paris, la jeune femme a choisi de revenir sur ses terres natales. Près de Nantes la photographe utilise l’extérieur comme terrain de jeu.
ANCRÉ : Comment définirais-tu ton quartier ?
Zoé Cavaro : En ce moment, mon quartier n’existe pas. Chez moi, pas de quartier à proprement parler. Pas de ville à sous catégories, pas de voisinnage à photographier. Comme j’ai dû quitter la ville il y a quelques mois, je me suis ré-appropriée le terme comme s’il s’agissait à la fois d’un « quartier de moi » et du lieu où je vis. D’un côté c’est donc la commune où j’ai grandi, de l’autre c’est comment je ré-injecte la manière dont je m’y sens en photographiant une personne qui m’est chère. J’ai choisi de travailler autour de chez mes parents à la campagne où j’ai grandi et habite encore provisoirement. Nous sommes allées dans des marais où j’ai connu les balades familiales, les sorties scolaires, les pique-niques avec des amies… Ce paysage diffère des kilomètres de champs de vignes qui constituent la grande majorité des espaces autour de chez moi.
Pour cette série photo tu as choisi d’avoir une seule modèle, pourquoi ?
J’ai choisi de shooter une modèle qui fasse sens par rapport à la série. Inès Taga est ma cousine et est artiste également. On a grandi ensemble et sommes toujours très proches. Quand on était petites, on créait beaucoup à travers différents médiums ; on prenait mon appareil photo et sortait sur un coup de tête dans un paysage près de chez moi faire des photos et vidéos sans début ni fin. Cette série a été un moyen de retrouver et poursuivre ces petites aventures à notre âge adulte avec une approche propre à ce que nous sommes devenues.
Qu’as tu voulu transmettre à travers cette série photo ?
J’ai voulu traiter l’idée d’un quartier de manière métaphorique plutôt que d’une approche documentaire traitant d’un quotidien. Je ne suis ni une photographe des instants volés, ni une photographe de scènes urbaines. Il me semblait plus intéressant de me ré-approprier un territoire pour en créer un terrain artistique où diffuser mon univers plutôt que de me poster en simple spectatrice de l’environnement qui m’entoure. J’y montre à la fois quelque chose de coloré et pop mais aussi de triste et plus sombre. L’espace temps est assez confus, les paysages sans frontière et peu définissables, les lumières artificielles surréalistes : le quartier est donc inexistant, imaginaire.
Tes photos sont pour la plupart prises le soir, à la tombée de la nuit, cela a-t-il un sens particulier pour toi ?
La série s’étend du coucher de soleil à la nuit totale. Les premières photos présentent une atmosphère chaleureuse, les suivantes deviennent de plus en plus introspectives et surréalistes au fur et à mesure que la lumière naturelle baisse. Sur les dernières, la modèle apparait comme une sorte de personnage fantomatique et lumineux. Ces images reflètent pour moi l’apparition/disparition de souvenirs de personnes de notre passé surgissant dans nos environnements quotidiens.
Pour suivre les travaux de Zoé Cavaro c’est ici.
21 décembre 2021