Pour notre nouvelle série Quartier Libre.
Dans notre nouveau programme Quartier Libre, nous donnerons une page blanche aux photographes francophones pour qu’ils illustrent la notion de quartier. Est-il simplement géographique, humain ou même architecturale ? Pas sûr quand on entend celui qui inaugure avec ANCRÉ ce nouveau format. Pour Mohamed Said Il-Ham, qui officie sous le pseudonyme Sykaani sur les réseaux sociaux, ses 20 et 19 ème arrondissements de Paris sont un village. Et quel autre meilleur qualificatif pour ces quartiers du nord parisien dont l’un des endroits les plus emblématiques s’appelle tout simplement “Place de fêtes”. “Avant de créer avec mon matériel, c’était celui d’autres personnes que j’empruntais pour créer.”, nous explique le photographe qui, à travers sa série photos, nous donne à voir deux visions, celle de son esprit en noir et blanc, celle du quotidien en couleurs. Il nous emmène aussi en ballade, dans le 20 ème arrondissement, parce que Paris est avant tout un terrain de jeu idéal.
ANCRÉ : Quelle est ta vision du quartier, et comment définirais-tu ton quartier ?
Mohamed Said Il-Ham : Le quartier pour moi c’est une sorte de village. Le mien, c’est le 20ème arrondissement de Paris. Il a la particularité d’être grand, le plus grand de Paris. Cela implique des pensées différentes, une richesse culturelle, et un potentiel incroyable. La d’où je viens on dit a de nombreuses personnes qu’elles “ne pourront pas”, ou qu’ils “ne réussiront pas”, et ce qu’il y a de beau, c’est que malgré le manque « d’exemple », les gens se battent pour réussir ce qu’ils entreprennent.
On a l’habitude d’entendre que tout le monde se connaît dans le quartier, mais mon chez moi, c’est autant le grec de maraîcher, que la Place des Fêtes. Entre les deux, la distance est trop grande pour que tout le monde se connaisse, pour autant, ça n’enlève rien à cet arrondissement, au contraire, ça élargit sa richesse.
Si on en revient à moi, j’ai pas réellement de « quartier » ou je traîne. Quand j’étais jeune, ma mère m’envoyait souvent faire les courses, ce qui implique que je bougeais souvent, à vélo la plupart du temps. Malgré mon attachement à ce village, j’ai appris à avoir un rapport plus particulier au petit voyage que me propose un vélib bleu, que le fait de rester à un même endroit. Si mon quartier est un village, pour moi bouger dans Paris est un voyage, qui m’est nécessaire pour apprendre différemment, pour voir les choses différemment, et mieux les comprendre. Mais si je dois parler d’une des particularités de mon grand “village”, c’est qu’une fois que j’ai fait un tour à vélo dans Paris, en rentrant, je me rends compte de la chance que détient ce quartier. C’est comme ça que je sais que je suis chez moi.
Vous pouvez retrouver le travail de Mohamed Said Il-Ham sur son compte Instagram.
16 novembre 2021