Loin des contenus roses et bleus qui ont fait sa réputation sur Youtube, l’influenceuse Océane Amsler se livre sur les aspects les plus noirs de sa vie. Dans une série authentique.
Célèbres pour ses vidéos ultra-produites, ses contenus originaux (et franchement drôles), son glam à toute épreuve et ses “outfit of the day”, la YouTubeuse Océane a surpris ses abonnés avec un contenu inédit : un documentaire en trois épisodes dans laquelle la jeune femme et son entourage apparaissent sans filtre, et évoquent le côté sombre des réseaux sociaux. “J’étais loin de penser que je ferais une dépression en 2024 et que ce serait ça le sujet de ma vidéo. Je pensais que cela allait être vraiment fabuleux et que j’allais montrer ma croissance, comme c’était le cas en 2023. Et en fait, non.”
Réalisée par Alex Haze et co-écrit avec la créatrice de contenus Newin Bokhari, cette web-série aborde sans détour la santé mentale dans le monde de l’influence. Sans tomber dans la mièvrerie. Sans créer d’agacement. Parce que finalement, n’ont-ils pas tout ces influenceurs ? Ne l’ont-il pas choisi voire mérité pour certains. Le revers de la médaille chez Océane a un goût de vérité.
Normaliser la dépression
“Océane et Olivier ont eu une très belle année 2023. C’était un succès fulgurant pendant cette année. Donc, ils voulaient retracer un peu tout le travail derrière”, nous raconte Newin Bohkari, “Et finalement, la réalité est arrivée : Océane a été touchée par un épisode dépressif. » De quoi donner un autre tournant au contenu du couple formé par l’influenceuse et sa moitié, le producteur à succès Le Motif. Un contenu qui d’habitude met en scène une vie idyllique, des relations familiales saines (Olivier est père de deux enfants d’une précédente union et Audrey, la maman, est très proche du couple, ndlr). Bref, la petite famille-recomposée parfaite.
“En tant que créateur de contenu, on est souvent perçu à travers des formats divertissants conçus pour faire rire et montrer le meilleur de soi-même. Il y a des jours où j’étais très mal mais je continuais à faire des lives devant 20 000 personnes parce qu’il fallait rester souriant ; c’est simplement le travail”, admet d’ailleurs Océane elle-même, “Comme dans n’importe quel métier, on peut aller mal mais il faut continuer à avancer avec un sourire. Toutefois, à un moment donné, le niveau d’anxiété peut nous rattraper. Mon métier m’a permis d’en parler et je suis tellement heureuse de l’avoir fait car cela touche beaucoup de gens qui se sentent ainsi moins seuls.”
Et si la Youtubeuse est réputée pour être nature peinture auprès de ses abonnés, la course aux vues ne pousse t-elle par à mettre en scène la version authentique la plus séduisante de nous même ? “Je me suis toujours vantée d’être authentique parce que je n’ai jamais eu peur d’exprimer mes pensées ou qui j’étais réellement. Cependant, je montrais généralement le côté fort et séduisant de ma personnalité. Mais il existe aussi un aspect moins plaisant à voir qui est tout aussi réel”.
Entre l’absence de son père et le décès de sa sœur, Océane ne lisse rien, et immerge les spectateurs dans un quotidien parfois difficile, sans tomber dans l’emphase. “Je pense que c’est ça le pathos : on y tombe quand c’est faux, quand on met en avant que du négatif. L’histoire d’Océane, ce n’est pas ça. Le réalisateur a bien choisi ses moments. Il a voulu respecter l’histoire. Ne pas être dans le drama. L’idée était de raconter une réalité,” explique Newin.
Célèbre et racisé : interdit de craquer ?
« Tu seras heureuse » c’est aussi l’histoire dans l’histoire. Celle de Le Motif. Producteur de musique réputé, le frère de Shay, est aussi un entrepreneur inspiré, un père très présent – et un créateur de contenus au sourire constant. Une bonne humeur qui a fait son succès, récemment ébranlée par un burn-out difficile. “Avec Alex, nous avons convenu qu’il serait intéressant d’approfondir ce sujet et de parler dans un deuxième épisode, toujours axé sur la santé mentale, d’Olivier. Il est également très pertinent de discuter d’Olivier car c’est un homme noir qui s’ouvre sur des sujets aussi forts et marquants”, nous détaille Newin Bokhari.
En effet, s’il est difficile d’évoquer des problèmes d’ordre mental en général, cela devient presque impossible lorsque l’on est une personne racisée. Dans beaucoup de communautés, parler santé mentale, est tout simplement interdit. Un tabou qui s’explique par l’héritage culturel, la pression sociale ou la religion et dont les représentations visibles sont particulièrement rares. “Le fait qu’un homme noir partage son expérience peut également impacter des communautés qui pourraient s’identifier à lui et se sentir légitimes dans leurs ressentis. En grandissant avec des origines algériennes comme Océane ou moi-même, il n’est pas courant d’avoir des personnes qui nous ressemblent abordant ces sujets-là” , appuie Newin Bokhari.
22 janvier 2025