Alors que de nouveaux documents accusant la Chine d’avoir recours à des actes de maltraitance contre la minorité musulmane chinoise viennent de faire surface.
Dans la liste des marques accusées de bénéficier du travail forcé des Ouïghours on retrouve Nike et Xiaomi. Les deux marques figurent dans les noms pointés du doigt par le député européen Raphaël Glucksmann qui depuis plusieurs mois maintenant, milite pour que les marques suspectées de se sourcer en coton ou en matière première dans la région du Xinjiang, territoire qui servirait à l’exploitation de la communauté Ouïghours, soient sanctionnées. En France deux campagnes initiées par Nike Paris et la seconde par le comité Miss France ont suscité la colère des associations luttant pour les droits des Ouïghours.
Nike Paris, Colin Kaepernick et les Hijabeuses
Nike Paris, compte Instagram dédié aux activités du swoosh dans la capitale, a multiplié la médiatisation des activations mises en place à l’occasion du 50ème anniversaire de Nike. Parmi les activités proposées, une discussion entre le footballeur américain et activiste Colin Kaepernick, et le collectif français des Hijabeuses qui milite pour le port du voile dans les compétitions de football. Depuis plusieurs années maintenant, ces sportives se battent pour pouvoir jouer au ballon rond. Car malgré l’autorisation du couvre-chef sur les terrains de football par la FIFA depuis 2014, il est toujours interdit, pour les femmes qui portent le foulard, de jouer lors des matchs de compétition officielle en France, sur décision de la FFF mais aussi du gouvernement français. En janvier 2021 les sénateurs s’étaient positionnés contre le port du voile dans les compétitions, tout sport confondu.
Si depuis 2020 Nike se défend de bénéficier du travail forcé des Ouïghours, martelant dans un communiqué ne plus acheter de coton provenant de Xinjiang, la virgule reste toujours dans le viseur de certaines associations. Fin février 2021 une plainte a même été déposée en France contre la firme américaine par l’association des Ouïghours de France. Elle accuse l’entreprise américaine de « complicité de travail forcé et pratiques commerciales trompeuses ». Sous le post publié en commun par Nike Paris et Les Hijabeuses, partageant cette rencontre inédite, le hashtag #FreeUyghurs, inonde les commentaires. En 2020 Nike avait assuré travailler « en étroite collaboration avec nos fournisseurs, les associations industrielles, les marques et d’autres parties prenantes pour piloter des approches de traçabilité et cartographier les sources de matériaux afin de pouvoir être sûrs que les matériaux de nos produits sont produits de manière responsable ». La même année le New York Times révélait que Nike et Apple avaient fait pression sur le Congrès américain pour entériner un projet de loi visant à sanctionner les marques qui se sourceraient dans la région du Xinjiang.
Miss France et Xiaomi
Un symbole pour certain, un simple concours de beauté sexiste pour d’autres, l’élection de Miss France a couronné cette année Diane Leyre. Quelques mois après son intronisation, la jeune femme a été enrôlée par la marque de téléphonie chinoise Xiaomi pour faire la promotion de son smartphone Xiaomi12. Le géant chinois est accusé lui aussi de bénéficier du travail forcé des Ouïghours. Ce qui n’a pas manqué de fair réagir de nombreux internautes qui ont accusé Miss France de faire la promotion d’une marque peu éthique. « Vous êtes l’égérie d’une marque contribuant à l’esclavagisme des Ouïgours (liste de la honte) alors que vous pourriez être porte-parole contre », pouvait-on par exemple lire sur la publication Instagram de Miss France, annonçant son partenariat. Les commentaires ont depuis été bloqués par la jeune femme. De son côté Xiaomi s’est engagé à donner 500 smartphones à Emmaüs Connect « pour aider les personnes en situation de précarité sociale et numérique ». Sur Instagram et Twitter, la présidente de l’Institut Ouïghours d’Europe, avait demandé à la Miss de cesser la promotion d’une « marque complice de la déportation » et de « la torture de millions d’êtres humains« . Elle l’avait enjoint à rejoindre Antoine Griezmann qui avait rompu son contrat avec la firme Huawei en 2020, accusée de participer à la surveillance des Ouïghours.
27 mai 2022