Une affaire de produits blanchissants pour bébé secoue la toile en Côte d’Ivoire

Sur TikTok une influenceuse a vanté les mérites du blanchiment de la peau sur son enfant.

ANCRÉ

Sur TikTok, une influenceuse ivoirienne aux 318 000 abonnés a récemment fait la promotion d’un lait blanchissant de massage pour bébés âgés de 1 à 10 mois, créant un véritable bad buzz. Face caméra et tenant sa fille dans ses bras, elle vante une crème enrichit au beurre de karité qui permet d’éclaircir la peau de son enfant âgé de quelques mois seulement. Si la vidéo a depuis été retirée du compte TikTok de @biscuitsimpolita, elle a suscité de vives réactions en Côte d’Ivoire, qui a notamment interdit les produits blanchissants depuis 2015.

Le blanchiment de la peau toujours très ancré en Afrique

Et pour cause, ces produits assurant rendre les peaux noires plus pâles, comportent souvent des composants dangereux tels que l’hydroquinone, des acides ou du mercure, accusés de provoquer diabète, hypertension artérielle, retards de croissance, insuffisances rénales mais aussi des cancers de la peau. Malgré les mesures mises en place par le gouvernement ivoiriens, les savons “purifiants” et “éclaircissants” continuent d’être vendus, notait TV5 Monde dans un reportage quelques mois après la promulgation de la loi. Derrière le rêve de la peau clair, des années de colonisation et d’esclavagisme qui ont fait croire que la peau blanche était supérieure à la noire. Au Nigéria ou au Sénégal, le problème est le même. Certains observateurs notent même un changement inquiétant des comportements face aux produits blanchissants ces dernières années.

Une ancienne adepte des produits blanchissants pour la peau montre les lésions dues à ces produits.
Crédit photo : © Sylvain Cherkaoui pour Jeune Afrique

“L’ancienne génération utilisait des crèmes, la nouvelle génération utilise des pilules et des injections”, explique en 2018 à l’AFP Lester Davids, professeur de biologie humaine à l’Université de Pretoria en Afrique du Sud. “Nous ne savons même pas ce que ces produits, encore plus concentrés, vont avoir comme conséquence sur le long terme”. Et si des associations tentent d’alarmer sur les effets néfastes des produits vendus dans le commerce, des voix publiques prônent l’inverse. Comme l’artiste et influenceuse congolaise Grace Mbizi qui relançait en mai 2022 le débat sur le blanchiment de la peau en affirmant “Je suis une star, je ne peux pas être noire” sur le plateau de l’émission “Au jour d’aujourd’hui”, de Sam Zirah.

Si la promotion de crèmes et autres produits blanchissants est punie d’une amende pouvant aller de 50 000 à 350 000 francs CFA (76 à 534 euros) en Côte d’Ivoire, les autorités judiciaires n’ont pas encore annoncé l’ouverture d’une enquête contre la tiktokeuse. En Afrique, le Rwanda a depuis 2019 choisi de lutter contre ce fléau en faisant retirer par la police les produits éclaircissants des magasins. Au Burkina Faso la publicité des crèmes et lotions blanchissantes est interdite depuis 2006.

27 octobre 2022

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