Décidément les rêves de Zuckerberg se transforment en cauchemar pour d’autres.
On se demandait récemment si le Metavers allait devoir faire face aux mêmes problèmes que ceux rencontrés dans la vie réelle. Est-ce que les marques de mode allaient être confrontées à la contrefaçon par exemple. En revanche nous n’avions pas imaginé, naïvement peut-être, que les femmes seraient aussi rapidement exposées dans le nouvel univers virtuel de Mark Zuckerberg. Comme le révèlent plusieurs témoignages, des femmes ont été victimes d’agressions sexuelles dans le Metavers. Alors qu’une première version du monde de virtuel de Facebook, intitulé “Horizon Worlds”, a été lancée aux États-Unis et au Canada la semaine dernière, de nombreux récits font part d’expériences traumatisantes et inquiétantes.
Un environnement oppressant
Le très sérieux site The Verge rapporte dans un article datant du 9 décembre, qu’une beta-testeuse a alerté Facebook dans le groupe officiel d’Horizon. Elle explique que son avatar a été tripoté par un étranger. “Le harcèlement sexuel n’est pas une blague sur Internet, mais être en réalité virtuelle ajoute une autre couche qui rend l’événement plus intense”, écrit-elle. “Non seulement j’ai été tripotée la nuit dernière, mais il y avait d’autres personnes là-bas qui ont soutenu ce comportement qui m’a fait me sentir isolée.”, continue t-elle, décrivant des comportements de soutien de la part d’autres utilisateurs envers ses agresseurs sexuels. Un témoignage qui a fait réagir le vice-président d’Horizon, Vivek Sharma. Ce dernier a qualifié la situation de “absolument malheureuse” dans une interview pour The Verge. “C’est toujours un bon retour pour nous parce que je veux rendre [la fonction Safe Zone] trivialement facile et trouvable”, explique Sharma.
Une supériorité masculine
Plus tard, le 15 décembre c’est la journaliste de Bloomberg Parmy Olson, qui tire la sonnette d’alarme dans un article intitulé “C’est gênant d’être une femme dans le metavers”. Celle qui a pu tester Horizon Worlds décrit l’expérience comme inconfortable. “Se connecter avec des gens en réalité virtuelle est amusant et excitant, mais c’est aussi intense, fatiguant et souvent gênant. Y entrer en tant que femme était aussi parfois très inconfortable” écrit-elle avant de détailler davantage son sentiment via son compte Twitter. “De nombreuses rencontres ont eu lieu avec des personnes bien intentionnées, mais des incidents tels que le harcèlement et un comportement effrayant en général se sont produits suffisamment de fois pour me faire penser que les problèmes de harcèlement et de « grieving» (fait d’harcèlement volontairement un joueur) qui existent dans les jeux depuis des années arrivent dans la réalité virtuelle sociale”.
Many encounters were with well-meaning people, but incidents like stalking and general creepy behavior happened enough to make me think the harassment and ‘griefing’ problems that has been in gaming for years, are coming to social VR.
— Parmy Olson (@parmy) December 15, 2021
Avec un nombre plus élevé d’hommes dans le Metavers, la journaliste s’est sentie oppressée, plusieurs joueurs l’ont par exemple encerclé et prise en photo. “Je ne me sentais pas en danger, mais j’étais mal à l’aise et il n’y avait pas de règles claires concernant l’espace personnel”, conclut Olson. Dans un récent article, Libération rappelle qu’en 2016 une adepte du jeu de tir à l’arc QuiVr avait accusé un autre joueur d’attouchement sexuel. Ce dernier lui aurait virtuellement touché la poitrine sans son consentement. Le joueur “m’a poursuivi en faisant des mouvements de pincement près de ma poitrine. Enhardi, il a même poussé sa main vers mon entrejambe virtuel et a commencé à frotter.“ Un événement choquant pour la jeune femme qui avait déjà été victime de faits similaires dans le monde réel.
Que dit la loi ?
Le harcèlement sexuel est passible en France, de peines allant d’un an d’emprisonnement assorti à 15 000 euros d’amende jusqu’à à trois ans et 45 000 euros. Ces actes sexuels simulés sont soumis aux mêmes règles que celles du monde réel comme le rappelle Numerama. “Le monde numérique n’obéit pas à des règles différentes”, écrit le site dédié aux nouvelles technologies, tout en alertant également sur Roblox. Plateforme dédiée initialement aux enfants et plébiscitée par Nike ou encore Tommy Hilfiger récemment, elle est aussi le terrain d’agressions sexuelles,“assez pour que le terme « Roblox Rape » (« Roblox viol » en français) pointe vers de nombreuses vidéos YouTube difficilement supportables”, écrit le média.
Facebook de son côté avertit chaque utilisateur d’Horizon que des “spécialistes de la sécurité formés” peuvent avoir accès à un enregistrement de tout incident signalé. Les utilisateurs de l’environnement virtuel peuvent également activer une zone de sécurité autour d’eux en appuyant sur un bouton situé sur leur poignet virtuel. Les avatars autour d’eux sont alors mis en sourdine. Décidément les rêves de Zuckerberg, se transforment en cauchemar pour d’autres.
20 décembre 2021