Lancer son business entre soeurs

C’est ce qu’on fait Maliganne et Savannah il y a à peine un an en décidant de traduire leur amour de la fripe en une boutique en ligne. Rencontre.

À 22 et 24 ans, Maliganne et Savannah ont décidé de se lancer ensemble dans ce qu’elles aiment : la fripe. Cet amour de la seconde main leur vient de leur maman, c’est d’ailleurs parfois directement dans son vestiaire qu’elles piochent des pièces pour les revendre. “Quand on était plus jeunes on avait honte de dire qu’on achetait de la seconde-main, comme si c’était associé à quelque chose de pauvre. Chez nous c’était surtout un état d’esprit. Ma mère nous répétait : “ce sont des vêtements uniques”“, nous confie l’ainée Savannah. Dans ce duo elle est en charge de trouver les tenues qui viendront garnir leur fripe en ligne intitulé @lesvhmh, et dont le nom a été imaginé à partir des lettres de leurs patronymes. “Ça fait un peu LVMH”, rigole Savannah.

Si elles continuent toutes deux en parallèle leur travail, ce business lancé il y a un an est devenu une source de loisirs. “C’est ce qu’on faisait déjà pour nous en réalité, on a juste eu envie de le faire pour les autres, pour les sensibiliser. Parce que c’est aussi ça la fripe, c’est éduquer les gens à un meilleur mode de consommation. Notre fripe elle est aussi là pour aider le regard des gens à se forger sur le potentiel d’une pièce. En fripe ou ailleurs on peut parfois trouver un habit pas très beau. Nous on est là pour le révéler.”, explique Savannah. “C’est pour ça qu’on organise des shooting”, ajoute Maliganne qui est en charge du compte Instagram de la fripe, leur première vitrine. Mais aussi de toute l’image qu’elles forgent depuis plusieurs mois. Pour les shooting photos qu’elles mettent en place avant chaque drop, elles peuvent compter sur leurs amies. “On reçoit également beaucoup de DM de filles qui veulent poser, ça nous fait plaisir”. Preuve que désormais l’ultra-mode et fripe ne font plus qu’un.

Leur style, même si elles peinent encore à le définir tant il leur semble naturel : des ensembles coordonnés, des matières amples, des jupes parachutes mais aussi des blousons en cuir. “On n’achète pas de fast fashion, ça n’aurait pas de sens pour nous”, explique Savannah. À regarder leur drop on pourrait croire qu’elles ont créé une marque, tant la sélection des pièces constitue leur force. “J’aimerai avoir mon label à terme, pas Maliganne”, avoue l’ainée qui pour l’instant s’occupe de la curation de Les VHMH en allant directement elle-même faire son shopping dans les fripes de Paris. “On ne regarde pas les gros stocks, nous n’en sommes pas encore là”.

Quand on leur demande si un jour la fast-fashion pourrait copier les fripes de leur genre, où la sélection des habits constitue presque en soi une véritable collection, elles doutent encore. “La mode c’est un éternellement recommencement, je pense que la fast-fashion a pour l’instant d’autres choses à copier, comme les petits designers”, assure Savannah. Mais les soeurs achètent-elles encore en boutique ? “Oui ça nous arrive évidemment, surtout pour les chaussures”, affirme Maliganne. “On a aussi déjà reçu des DM dans lesquels on nous disait qu’on vendait des fringues à nous qu’on ne voulait plus, parce que pour beaucoup ce n’est pas de l’a marque. Alors que c’est tout l’inverse, il y a un vrai travail de recherches, de production”. De quoi donner encore de beaux jours à la maxime qui suit : la mode ne fait pas le style.

^{14 février 2022}