Voici l’histoire de Sandrine Sophie, PDG de Kalia Nature et qui lutte contre un cancer du sein.
Sandrine est de ces combattantes qui n’ont pas eu le choix. De celle qui un jour la maladie réveille. Sournoisement. Au détour d’un sein, là bien accrochée, une petite boule. C’est son mari qui lui fera remarquer, avant qu’elle ne pratique elle-même l’auto-palpation. Le doute est confirmé plus tard lors d’une mammographie, durant laquelle il faudra insister auprès de l’équipe médicale qui n’avait rien vu. Boule au sein, boule au ventre. C’est ainsi que Sandrine Sophie continue de travailler au déploiement de sa marque pour cheveux texturés Kalia Nature, lancée quelques années plus tôt depuis le sous sol de sa maison. Après 17 ans passée chez L’Oréal, cette maman a voulu trouver une formule adaptée aux cheveux de sa fille née grande-prématurée.
« Je me suis dis pourquoi moi, pourquoi encore moi ? », nous lance Sandrine Sophie alors qu’on la rencontre dans un de ses salons partenaires, le studio Ana’e dans le 4ème arrondissement de Paris.« Mais de quoi te plains-tu me dit mon mari. ‘Tu es en France, tu as la chance de t’en rendre compte tôt, tu es prise en charge. Tu as les médecins et les médicaments. Tu n’as rien à faire. Tout le monde peut s’occuper de toi. », continue t-elle. Celui qui l’accompagne dans Kalia Nature sera son pilier tout au long de son combat. « C’est peut-être bizarre à dire mais j’ai trouvé de la poésie dans la maladie. Le temps s’arrête. On prend aussi le temps de profiter de la vie, de ses enfants. On savoure, ce que la vie de cheffe d’entreprise vous enlève parfois ». Elle en est sûre c’est son entreprise qui lui a déclenché son cancer du sein.« C’est un épisode traumatique au travail qui l’a réveillé », avance t-elle. Ce gêne qu’elle porte en elle vient de son grand-père et se transmet dans sa famille depuis plusieurs générations. Cette découverte lui permet alors de sensibiliser ses filles. Pour que la machine s’enraye.
Depuis l’annonce en 2022 de la maladie, Sandrine Sophie a dû multiplier les traitements avant de se faire retirer les deux seins. « On ne le dit pas assez mais les chefs d’entreprise quand ils tombent malade, ont droit à presque rien, 950 et quelques euros par mois. Je voudrais faire passer ce message : prenez une prévoyance qui vous couvre. C’est important ». Toujours à la barre, tout en prenant du temps pour se reposer, elle enchainent les séances de chimiothérapies « pimpées comme jamais, maquillée, vernis sur les ongles comme pour dire à la maladie qu’elle n’allait pas m’avoir ». Au même moment elle reçoit plusieurs prix, celui de l’innovation du meilleur artisan de la Caraïbes, et celui du meilleur artisan de la Seine Saint-Denis. « Je négociais un peu avec mon oncologue pour ne pas avoir de séance de chimio et ne pas être malade au moment de la remise de ses prix (rires). »
Sandrine Sophie a pu aussi et surtout compter sur le soutien de sa famille. « J’ai voulu me raser les cheveux seules. Mais mon mari et mes filles m’ont vu et m’ont dit ‘on le fait avec toi’. Mon mari est allé chercher sa tondeuse et c’est lui qui me les a coupés, pendant que mes filles me tenaient la main. Ça a été un moment de connexion et de soutien (…) Je lançais ma marque pour cheveux texturés et je m’apprêtais à perdre les miens. Et c’est étrange peut-être, mais je n’avais pas peur de la mort. J’avais surtout peur de perdre mes cheveux ». Signe de la féminité pour Sandrine, les cheveux sont presque le seul signe visible de la maladie. Ne plus en avoir c’est regarder le cancer dans les yeux.
Tout au long de notre interview, Sandrine Sophie déroule ses rendez-vous médicaux, ses examens avec précision, la perte à nouveau de sa prothèse après que sa peau ait craquée. Son mari encore là pour lui dire de recommencer. Déformation professionnelle sans doute, elle contrôle son cancer. Elle nous apprend aussi que son hématologue lui apprend que les populations africaines ont une structure au niveau du sang complètement différente. « Nos globules blancs ne restent pas dans les veines, ils se collent à la paroi. Ce qui fait que lors d’une prise de sang à jeun on n’en attrape pas assez. Ce qui peut fausser les résultats ». Une découverte pour Sandrine Sophie qui comprend qu’elle n’a peut-être pas toujours reçu les traitements adaptés en raison de résultats faussés.
Et qui rentre en résonance avec la raison du lancement de sa marque. « Chez L’Oréal je leur disais que leurs produits n’étaient pas adaptés à tous les types de cheveux, que les produits pour cheveux caucasiens ne répondaient pas aux besoins spécifiques des cheveux texturés ». Si la boucle est presque bouclée, le combat continue pour Sandrine. Toujours sous surveillance, la PDG a retrouvé ses cheveux, sans jamais avoir perdu son sourire.
24 octobre 2024