La New-yorkaise qui voulait faire tomber H&M

Le géant de la fast fashion fait l’objet d’une plainte pour greenwashing.

La gamme Conscious lancée en 2011 par H&M promet des vêtements plus durables – Crédit photo : H&M

Parmi une des caractéristiques néfastes de la fast fashion, le greenwashing. Cette méthode de marketing trompeuse vise à rendre en apparence une entreprise polluante plus écologique. Et c’est ce qui est reproché à H&M par une habitante de l’état de New-York qui a porté plainte (PDF) contre l’entreprise suédoise. Chelsea Commodore, experte en durabilité et persuadée d’acheter des produits écolo H&M sous le label “conscious choice” de la marque, a déposé une proposition de plainte en recours collectif au tribunal fédéral de New York le 22 juillet dernier. Une action judiciaire qui fait suite à une longue enquête du site Qwartz, et dans laquelle H&M est pointé du doigt pour son greenwashing. Il est démontré que le géant suédois surfe sur l’intérêt croissant des consommateurs pour la slow fashion et les labels responsables, quitte à utiliser des données falsifiées pour orienter le client vers un achat faussement responsable.

Entre pratiques trompeuses et informations falsifiées

Pour présenter ses produits “comme respectueux de l’environnement alors qu’ils ne le sont pas”, écrit la new-yorkaise, H&M aurait employé pour l’étiquetage, l’emballage et les campagnes de publicité de ses produits, des “fiches d’évaluation environnementale” qui ne répondaient pas réellement aux normes de durabilité. À titre d’exemple, H&M affirmait qu’une de leur robe était fabriquée avec 20% d’eau en moins en moyenne tandis qu’une enquête menée par le média Quartz révèle que la robe était, au contraire, conçue avec 20% d’eau en plus. Les mots “plus” et “moins” ont été inversés et changent alors la réalité écologique du produit. Selon Chelsea Commodore H&M aurait agi de la sorte “pour chaque fiche de notation du profil de durabilité” de ses produits.

L’enquête de Quartz montre qu’H&M utilise plus d’eau pour fabriquer ses produits qu’elle ne le prétend.
Crédit photo : Site Quartz

La gamme Conscious de la marque est également accusée de fausses déclarations. Commodore pointe du doigt le fait que ces produits appelés plus “conscients” par H&M et présentés comme fabriqués avec “au moins 50 % de matériaux durables, tels que du coton biologique et du polyester recyclé” sont conçues en réalité à partir de polyester non recyclé, matériau loin d’être durable car non biodégradable. “Les solutions de recyclage n’existent pas ou ne sont pas commercialement disponibles à l’échelle pour la grande majorité des produits”, affirme Commodore dans sa plainte tout en soutenant qu’il “faudrait à H&M plus d’une décennie pour recycler ce qu’elle vend en quelques jours”.

Au-delà d’une demande d’injonction et de dommages-intérêts, Chelsea Commodore demande au tribunal d’accepter sa proposition de recours collectif afin de permettre à d’autres consommateurs ayant acheté des produits H&M contenant un profil de durabilité falsifié de se joindre à l’action. H&M de son côté n’a fait aucun commentaire sur l’affaire pour le moment.

En France, la loi anti-gaspillage interdit désormais la destruction de vêtements invendus aux enseignes de prêt-à-porter.

11 août 2022

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