La France interdit désormais la destruction des vêtements invendus

Et instaure un score écologique dans le cadre de la loi anti-gaspillage.

Crédit photo : Depop – plateforme de revente

À l’heure où l’impact de la fast-fashion sur l’environnement ne cesse d’être pointé du doigt, les mesures de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire adoptée par le Parlement français en février 2020 sont entrées en vigueur le 1er janvier 2022. Parmi ces mesures, la fin des emballages plastiques autour des produits frais, des journaux et des magazines ou encore la création de fonds publics pour soutenir le recyclage. Concernant l’industrie de la mode, l’une des plus polluantes du monde, les nouvelles mesures obligent les entreprises à doter leurs vêtements d’un affichage visible, révélant l’impact environnemental des produits La destruction de marchandises non-alimentaires neuves et invendues, est désormais interdit, sous peine d’une amende pouvant atteindre les 15 000 euros.

Des milliers de tonnes d’articles détruits chaque année

Ces nouvelles mesures, malgré les coûts d’adaptation qu’elles engendrent, ont été globalement bien accueillies par les acteurs majeurs du secteur. “La réglementation fait en sorte qu’aucune entreprise ne puisse ignorer ces questions, même si le consommateur ne les considère pas comme prioritaires.”, a déclaré Elizabeth Cazorla au WWD, directrice générale de BazarChic, plateforme e-commerce du groupe Galeries Lafayette. Pour Damien Pellé, directeur RSE des Galeries Lafayette et du BHV, “détruire un stock est un échec absolu, et n’a aucun sens économique”, explique-t-il en citant une étude de l’Agence de la transition écologique qui estime à près de 1,7 milliard d’euros la valeur au détail des invendus soit 4,1% du chiffre d’affaires du secteur. Dans ce lot d’invendus, 5% sont détruits soit près de 20 000 tonnes d’articles de mode.

Crédit photo : Estelle Poupalion/Galeries Lafayette

Parmi les solutions adoptées par les grandes enseignes, le don : les Galeries Lafayette, par exemple, mettait en place entre 2014 et 2020 une politique volontaire prévoyant le don de 100 000 à 150 000 pièces qui n’ont pas été vendues dans les trois ans suivant leur introduction dans l’inventaire du grand magasin. “Ce qu’il faut, c’est investir massivement dans le développement de nouvelles technologies qui permettent le recyclage et la réutilisation des matériaux, car c’est là que nous manquons de solutions viables.”, ajoute Damien Pellé.

Des limites au score écologique

Quant au score écologique, ce dernier est directement inspiré des scores nutritionnels pour le produits alimentaires ou encore de l’efficacité énergétique pour l’électroménager par exemple, et notera ainsi les qualités environnementales d’un produit sur une échelle allant de A à E. Un système qui selon Damien Pellé permettra de rebâtir la confiance des consommateurs à l’heure où le greenwashing ne cesse de gagner du terrain. Cependant, la mise en place de ce score connaît ses limites. D’une part, d’un point de vue des statistiques nécessaires au calcul de la note finale car “les informations peuvent être difficiles à identifier, et les affirmations ne sont pas faciles à étayer par des preuves” comme l’explique Elizabeth Cazorla. D’autre part, d’un point de vue d’échelles : le score écologique ne peut se cantonner qu’à un seul territoire, l’impact de l’industrie textile étant une problématique d’ordre mondial. On rappelle le récent scandale de la marque américaine Coach qui avait mis à la poubelle de nombreux sacs avant d’être retrouvés par une TikTokeuse.

Découvrez également 5 documentaires pour comprendre l’enfer de la fast-fashion.

6 janvier 2022

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