Ces créatrices façonnent un monde jusque là réservé aux hommes.
Le streetwear est souvent associée à de grands noms masculins tels que Virgil Abloh, Demna Gvasalia, Nigo ou encore Kanye West. À tort puisque de nombreuses créatrices de mode participent elles-aussi activement à rendre populaire le streetwear. Ces femmes sont souvent laissées de côtés, au profit de leurs congénères masculins dans un monde largement dominé par les hommes. L’occasion pour nous de célébrer ces figures féminines qui font évoluer le streewear depuis de nombreuses années. Si elles partagent une même passion pour la mode, et les vêtements confortables elles n’ont pas la même vision du streewear, guidées par des influences personnelles totalement différentes.
Priya Ahluwalia
Grande gagnante du concours H&M Design Award en 2019, puis finaliste du prestigieux prix LVMH un an plus tard, Priya Ahluwalia s’est imposée comme une créatrice émergente à ne pas manquer. À travers sa marque Ahluwalia, la jeune styliste britannique a souhaité rendre hommage au Nigeria et à l’Inde, ses deux pays d’origine. Pour cela, elle confectionne des collections exclusivement masculines, dans lesquelles on retrouve des pantalons reprenant les couleurs des drapeaux indiens et nigérians ou encore des tee-shirts avec l’inscription “Nigeria”. Pour réaliser ses pièces, Priya Ahluwalia recycle des vêtements, et utilise des tissus qui ont déjà servi. Une marque inclusive et éco-responsable, qui s’est déjà fait un nom puisqu’elle figure dans le calendrier officiel de la Fashion Week londonienne.
Yoon Ahn du duo AMBUSH
C’est probablement la créatrice la plus en vogue du moment et pour cause elle est à la tête de la direction artistique de la joaillerie Homme chez Dior, et collabore avec Nike mais aussi Moët et Chandon. Elle fait également partie du duo de AMBUSH, marque co-créée avec son mari Verbal, célèbre rappeur japponnais. Si la marque s’adressait dans un premier temps à un public de niche, elle a très vite gagné en popularité grâce à des figures comme Pharrell Williams, Kanye West et A$SAP Rocky, qui ont tous adopté les colliers “Pow” dans les années 2000, bijoux phares d’AMBUSH. Face à ce succès international, Yoon Ahn a décidé d’étendre son business, en créant une marque de prêt-à-porter. Elle est l’une des designers féminines phares de Nike qui lui a confié plusieurs paires de Dunk à redesigner.
Sara Gourlay de Frankie Collective
À l’origine de Frankie Collective, on retrouve cette idée que rien ne se perd, mais tout se transforme. La créatrice canadienne de la marque, Sara Gourlay s’engage à proposer une mode éco-responsable, plus soucieuse de l’environnement et de l’homme. Elle récupère des vêtements jetés ou abandonnés et les transforme pour leur donner une seconde vie, depuis ses ateliers à Vancouver. Mélangeant ainsi une esthétique streetwear mais aussi football à un vestiaire féminin. Elle fait partie des pionnières de la seconde main. “Tout a commencé quand j’ai été présenté à Jesse et Drew Heifetz de F de la boutique Frank Vintage. Ils possèdent deux magasins phares vintage et dirigeaient un site vintage pour hommes fasinfrankvintage.com. À ce moment-là, je concevais ma propre ligne et les garçons étaient assis sur une énorme archive de vêtements pour femmes, c’est tout naturellement que nous avons lancé Frankie Collective”, expliquait déjà Sara en 2017 .
Natalia Maczek de MISBHV
Rien ne prédestinait Natalia Maczek a être l’une des pionnières du streetwear. Si de nombreux créateurs se découvrent une passion pour les vêtements durant l’adolescence, Natalia Maczek a commencé à s’intéresser à la mode à partir de ses 19 ans. La créatrice de mode étudiait le droit la journée et profitait de ses soirées pour confectionner des tee-shirts personnalisés. C’est ainsi qu’elle crée en 2013 sa marque Misbhv, qui lui a permis de rayonner à l’international. Et pour cause, la griffe polonaise s’est faite repérer lors de sa participation à la Fashion Week de New York en 2016, et est régulièrement adoptée par des célébrités telles que Rihanna ou encore Kim Kardashian. Un joli succès pour cette jeune créatrice qui n’a jamais reçu de formation mode, et s’est formée en autodidacte. “Le manque d’éducation formelle en matière de conception, nous avons tous deux étudié le droit (avec son directeur créatif Thomas Wirski, ndlr), nous a forcé à faire reposer notre travail sur du contenu émotionnel plutôt que sui les simples techniques“, déclarait Natalia Maczek en 2018, en évoquant son propre parcours.
Erin Magee de MadeMe
Erin Magee s’impose comme l’une des précurseuses du streetwear féminin, puisqu’elle a lancé sa marque en 2007 alors même que le streetwear était essentiellement réservé aux hommes. Un défi de taille à cette époque, qui n’a pas découragé la créatrice qui a toujours voulu changer les codes et permettre aux femmes de s’habiller comme elles le souhaitent. Fondatrice de MadeMe, mais également chef du développement, des projets spéciaux et de la production chez Supreme, Erin Magee a réussi à se faire une place dans la mode et le streetwear au fil des années. Très engagée au quotidien, elle lutte pour une égalité pour tous, et se bat contre le racisme, l’homophobie et toute autre discrimination. Des valeurs fortes que l’on retrouve dans sa marque, qui souhaite mettre en avant des femmes talentueuses, fortes et inspirantes plutôt que des mannequins fidèles aux dictats de beauté. En 2019 Nike l’avait choisi pour designer certains maillots de la coupe du monde de football féminin.
Melody Eshani
Après s’être lancée dans des études de droit, l’américaine Melody Eshani a décidé de complètement changer de voix en se lançant dans le design et le stylisme. Une réorientation nécessaire pour le lancement de sa marque de ses initiales ME. Liberté, égalité et expression de soi sont les valeurs fondamentales de ce label lancé en 2008. D’origine irano-américaine, Melody Eshadi rend hommage à sa double culture et à son métissage à travers une marque aux influences multiples. C’est également la première femme nommée directrice créative des collections femme Foot Locker, un grand pas pour l’enseigne de sport mais aussi pour la créatrice qui renforce son influence dans le streetwear. Elle a également designé une Air Jordan, avec des cadrans de montres pour le Jumpman.
À découvrir en podcast : les acteurs du monde de la sneaker prennent-ils assez en compte les femmes ?
24 juin 2021