Florine, 27 ans et reconvertie en cascadeuse

Florine, 27 ans, nous raconte comment elle s’est réorientée vers ce métier où les femmes ne font plus que prendre des gifles. Mais en donnent aussi.

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
Florine porte une chemise La Veste, béret, Anthony Peto, jupe Molli, bottes Free lance, Bo Pleaseness

Si vous n’avez pas encore visonné le documentaire” Cascadeuses” sorti au cinéma en novembre 2022 alors on ne peut que vous conseiller de le faire. Dedans, Virginie Arnaud, Petra Sprecher et Estelle Piget, cascadeuses professionnelles, racontent comment elles doivent encaisser les coups sans parfois voir leurs noms au générique de fin des films. Comment aussi elles ont dû pendant longtemps jouer des scènes où les femmes étaient violentées. Mais avec l’apparition du streaming il semblerait que les choses bougent comme nous l’écrit Florine. À 27 ans la jeune femme cumule les projets de tournage. Après le film français “La Gravité”, la série Netflix “Bird Box Barcelona”, ou encore Loki (saison 2) sur Disney Plus, on la retrouvera en 2024 dans “Citadel India”, série de Prime Vidéo ou encore dans le très attendu “Gladiator 2” de Ridley Scott. Rencontre.

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
Robe Theunissen, body Baserange, sneakers Saucony, Bo Pleaseness

ANCRÉ : Comment finit-on par devenir cascadeuse ? 

J’ai suivi un parcours “classique” après l’obtention de mon bac, en suivant des études d’Information et Communication, puis un Master en Sport Business pour me spécialiser dans l’organisation d’événements sportifs. J’ai toujours su au fond de moi que je n’étais pas faite pour rester assise derrière un bureau tous les jours de 9h-17h, alors je suis partie voyager quelques temps, avant que le Covid arrive dans nos vies. J’ai recommencé des études à 24 ans, un peu moins dans les standards, mais qui me ressemblent beaucoup plus : une école de cascades physiques nommée Campus Univers Cascades (je précise cascades physiques car il y a également la cascade mécanique (voiture, moto, etc) et la cascade équestre qui se distinguent). Cette école m’a ouvert des portes très rapidement en m’offrant un réseau direct et des opportunités de travail que je n’aurais pas eu aussi vite en choisissant d’y arriver par mes propres moyens. 

Il faut forcément passer par une école de cascade ?

Il existe aujourd’hui des écoles et des workshops qui rendent le métier un peu plus accessible qu’avant, mais il n’existe pas qu’un seul chemin. Je pense que le dénominateur commun quant à la réussite d’une carrière dans ce milieu, un peu comme dans tous les milieux artistiques, reste la discipline, beaucoup de travail, et un bon réseau. Quand j’ai commencé cette école, j’ai tout de suite su que j’étais au bon endroit. Je pense appartenir au milieu artistique, et si le métier de cascadeuse ne m’est pas apparu comme une évidence toute ma vie, c’est comme si toutes les pièces de mon puzzle s’étaient assemblées.

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
À gauche : Robe tressé, babies Carel, gants Maison Fabre, lunettes Lapima, collier Cleopatra’s bling
À droite : Combinaison The Silk Road, sneakers Saucony, chapeau Anthony Peto

À quoi ressemble le rythme de vie d’une cascadeuse ?

Si je devais choisir un mot pour le décrire : déstructuré. Tout est incertain, alors il faut chercher du confort dans l’inconfort, de la stabilité dans l’instabilité. Un jour je travaille la journée, un autre la nuit, puis pendant des semaines, des mois, rien. Je m’entraine 5 à 6 fois par semaine. Je mets un point d’honneur à avoir une routine sportive qui s’adapte assez bien à toutes les situations, que je sois en tournage ou non. Je fais attention à mon sommeil et à mon alimentation, qui sont les points clés pour une bonne récupération, surtout les jours où j’en demande beaucoup à mon corps. 

Comment entretiens-tu ton corps justement ?

C’est mon outil de travail, alors j’en prends soin. Je le renforce avec de la musculation, je l’assouplis avec des étirements et de la mobilité et j’apprends, avec des entraînements spécifiques liés à la cascade physique : arts martiaux, sports de combat, acrobaties, parkour, chutes. 

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
Top Fête impériale, bermuda, Masscob, Santiags Free Lance, caleçon la Nouvelle, 
Bo Vann, Barette Maison Ola, Bague cœur Zylberstein, bagues pierres Ginette NY, chevaliere De jaegher

Quand on pense cascade, on pense baston, chutes impressionnantes… La cascade est-elle réservée aux films d’action ?

Pas du tout, un cascadeur ou une cascadeuse va intervenir dans beaucoup de situations et scénarios différents, du film d’auteur romantique au gros blockbuster : une baffe, quelqu’un qui se fait bousculer, une chute au sol, dans les escaliers, d’une falaise, dans une douche, quelqu’un qui se fait renverser par une voiture… les possibilités sont infinies et chaque action, aussi petite qu’elle puisse être, requiert la présence d’un coordinateur de cascade et donc d’un cascadeur. Un autre domaine dans lequel le cascadeur peut exercer est le spectacle vivant, généralement dans les parcs à thèmes. C’est que qui permet actuellement le plus aux cascadeurs français de vivre de ce métier.

Quand tu doubles un acteur, dois-tu, au delà du corps, travailler le personnage et l’émotion de la scène ?

C’est très important dans le métier de cascadeur d’avoir des notions de comédie et d’acting. Nous sommes là pour faire exister et briller un personnage dans certaines situations. Alors oui, il va être important d’être attentif à la façon de marcher, courir, se déplacer, se tenir, de l’actrice que l’on double afin de garder une concordance et mettre en avant le travail de l’actrice sur son personnage. Si dans une scène, l’actrice que l’on double doit être effrayée, ses émotions vont se retranscrire dans son corps, et son corps prendra une forme différente, avec des épaules crispées et des poings fermés par exemple. Les émotions impactent l’apparence et l’expression physique, et vont donc avoir un rapport direct avec notre travail de doublure. 

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
À gauche : Combinaison The Silk Road, leggings Guess, top, LGNC, sneakers Saucony, chapeau Anthony Peto
À droite : Robe Prune Goldschmidt, soutien gorge Ysé, Babies Carel, boucles d’oreilles pleaseness

Le milieu de la cascade est-il majoritairement masculin ? Si oui, comment évolues-tu dans ce milieu d’homme ?

Oui, il l’est. La cascade a longtemps été réservée aux hommes, et les peu de femmes qui voulaient vivre de ce métier ont dû prouver qu’elles étaient capables d’encaisser autant que les hommes. Mais c’est aussi lié aux rôles des hommes et des femmes au cinéma. Il y a quelques années, les femmes n’étaient pas des héroïnes, elles n’allaient pas sauver le monde et elles n’utilisaient pas d’armes. Il n’y avait pas autant de demandes que maintenant. En 2023, et depuis peu, on peut dire que c’est le début de l’expansion des cascadeuses au cinéma. Les plateformes de streaming donnent beaucoup plus de travail et donc beaucoup plus de possibilités pour les femmes d’être dans ce milieu et d’en vivre.

Crédit photo : Juliette Malveau/ANCRÉ
Chemise La Veste sur un top Martial, béret, Anthony Peto

Crédit photo :
Photographe et interview : Juliette Malveau
Styliste : Hélène Redolfi
MUA : Leah Hoffman
Cascadeuse : Florine Silva

11 décembre 2023

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