Où sont passées les mannequins Plus Size à la Fashion Week de Paris ?

Si la semaine de la mode parisienne n’est pas encore finie, on constate que les grandes maisons font marche arrière sur l’inclusion.

À gauche : Défilé Balmain – À droite : Défilé Paco Rabanne
Crédit photo : Vogue Runway

Saint-Laurent, Dior, Paco Rabanne, Courrèges, Dries Van Noten, Acne Studios et même Balmain. Aucune de ces grandes marques qui ont présenté leur collection Automne/Hiver 2023 lors de la Fashion Week de Paris qui se tient actuellement dans la capitale, n’a fait marcher ce que l’on appelle désormais les mannequins Plus Size. Autrement dit des modèles qui font au delà du 38. Les corps longilignes se succèdent les uns après les autres dans une société qui milite pourtant jour après jour pour plus d’inclusion. Un triste constat déjà partagé par le média spécialisé Business of Fashion lors de la Fashion Week de New York qui s’est tenue quelques jours avant la grand messe française. Pour le journaliste de la publication, la raison serait la suivante : le retour du style Y2K, autrement dit des années 2000, ramène avec lui les normes corporelles de l’époque. Avec en égéries des tops papillons et jeans taille basse : Paris Hilton, Britney Spears ou encore le cast du film Mean Girl. Des femmes blanches. Fines. Tout ce qu’aime la mode.

Skinny Bitch Era

Pourtant sur le catwalk, il suffit de regarder la collection BALMAIN imaginée par Olivier Rousteing pour se rendre compte que le designer n’est pas allé piocher du côté de “Baby One More Time”. Le français a choisi de revisiter le style BALMAIN des années 1945 dans ce que Vogue décrit comme une “old-world haute couture presentation”. Pareil chez Dior qui pioche dans les 50’s avec un défilé, certes coloré côté décor avec des installations de l’artiste portugaise Joana Vasconcelos, mais dont les mannequins semblent tout droit sorties de la chambre de Mercredi de la famille Adams. Noir c’est noir il n’y a plus d’espoir. Gribouillés sont les rêves d’inclusivité.

À gauche : Défilé Courrèges – À droite : Défilé Dior
Crédit photo : Vogue Runway

Il faut se diriger vers les plus petits noms du calendrier parisien pour retrouver des silhouettes en chair. La marque espagnole Paloma Wool a par exemple enrôlé la mannequin Plus Size Alva Claire. Chez Vaquera aussi on aperçoit des ventres, des cuisses, pendant que chez Weinsanto, la modèle tunisienne Plus Size Ameni Esseibi fait danser une robe à fleurs sur ses lignes généreuses. À Milan et à Londres aussi, les mannequins Plus Size semblent avoir été largement écrémées. Selon l’activiste Felicity Hayward, elles ne représentaient que 3% des filles sur les catwalks londoniens. “14 modèles sur les 2400 présentes étaient considérées comme curvy”, écrit-elle sur son compte Instagram. Les défilés new-yorkais eux n’ont utilisé que 31 mannequins de ce type sur leur podium, contre 49 la saison dernière.

Pour Alex Haddad, directeur de l’agence de mannequins BMA Models, les raisons de ce ghosting sont surtout économiques : “Ils ne voulaient pas de filles plus curvy et nous avons décidé que financièrement, cela ne valait pas la peine, surtout avec la crise du coût de la vie”, explique t-il dans le Mail Online . En 2022 dans les colonnes de Vogue, la mannequin Plus Size Marielle Elizabeth semblait annoncer dans un article intitulé Mon corps est-il sur le point de se démoder ?”, ce que l’on ne peut que constater tristement. La disparition de l’inclusivité des corps. La tendance BBL a foutu le camp, comme coupée au cutter par sa mère elle-même, Kim Kardashian. Cette dernière était apparue avec 7 kilos en moins dans une robe empruntée à Marilyn Monroe sur les marches du Met Gala en mai 2022. Elle expliquait alors qu’un régime draconien lui avait permis de rentrer dans cette tenue, et qu’elle voyait son corps comme celui d’un acteur qui le modifie pour jouer un rôle.

Mais comme l’écrit Marielle Elizabeth, toutes les femmes ne peuvent avoir recours à des actes de chirurgie esthétique pour suivre la mode. Encore moins les femmes noirs dont s’est largement inspirée Kim Kardashian et à qui on a dit pendant de nombreuses années que leurs courbes étaient rédhibitoires avant de les glorifier. N’oublions pas non plus que derrière le style Y2K des années 2000, se cachaient de nombreuses humiliations pour celles dont le corps ne sera finalement jamais longtemps à la mode. La “skinny bitch era” est de retour. Sûrement pour le pire finalement. Et on ne parle pas des string ficelle.

2 mars 2023

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