Le coup d’envoi du Cowboy Carter Tour confirme le statut d’icône de Queen B, qui compte bien transformer les scènes du monde entier en podium, soir après soir. On décrypte.
Ce mardi 28 avril marquait le lancement du Cowboy Carter au SoFi Stadium de Los Angeles, première date d’une tournée de 32 concerts, qui sillonnera les États-Unis et l’Europe. Et si les fans étaient impatients de découvrir la set list, le monde entier avait également les yeux rivés les tenues de l’ancienne Destiny’s Child, choisies avec soin par la styliste Shiona Turini (déjà en charge de ses looks du Superbowl) et réalisées par quelques-uns des plus grands noms de la fashionsphère. De son iconique micro-short de Crazy in Love à ses body pailletés signatures en passant par des looks à franges attendus (album de country oblige), Beyoncé signe sans doute le plus grand show mode de sa carrière. Carrière durant laquelle la reine des abeilles s’est toujours appliquée à faire du costume de scène un élément du spectacle à part entière.
Raconter une histoire
Et c’est en Mugler que le défilé commence. Le lien parfait entre son dernier projet et le reste de sa carrière. En effet, pro des costumes de scènes, le designer allemand et la popstar texane avaient entamé une collaboration en 2009, à l’occasion du World Tour de Beyoncé. Et ne s’étaient, depuis, jamais quitté. Si lors de son Renaissance Tour l’année dernière, la chanteuse nous avait ébloui dans un corset Mugler inspiré des années disco, c’est cette fois toute de blanc vêtue qu’elle a décidé d’entamer sa tournée, en body et jambières à franges, chapeau de cowboy sur la tête. Un look littéral qui annonce la couleur. Car oui : en bonne Vierge, quand Beyoncé fait quelque chose, elle le fait à fond. En témoignent ses récentes apparitions, toutes en lien avec l’univers country déployé dans l’acte II de sa trilogie.
Des références à la country, les dix tenues du spectacles en comportent. Oui 10. Là où les artistes changeaient habituellement deux à trois fois de vêtements, Beyoncé, elle, s’appuie sur une garde robe estimée à 2,7 millions d’euros servant chacun des thèmes de son album, de la fierté de ses racines à la famille en passant par la revendication de la culture afro-américaine. Et fait basculer dans une autre dimension le costume de scène. C’est d’ailleurs ce qui fait l’une des forces scéniques de Beyoncé (outre sa voix et ses capacités de danseuses, évidemment) : immédiatement identifiables, ses tenues sont le prolongement visuel de chacun des univers qu’explore la chanteuse. “Beyoncé est très réfléchie. Ce spectacle du Superbowl était une reconquête de l’espace ainsi qu’une déclaration d’amour visuelle aux cow-boys noirs, aux icônes de la country, aux légendes texanes et à la culture noire. La garde-robe était riche en nuances et constituait une compilation de thèmes et de références, à l’image de l’album lui-même,” confiait d’ailleurs sa styliste au Harper Bazaar à l’occasion de l’événement sportif. Guerrière pour le revendicateur Formation Tour, avant-gardiste pour Renaissance, rodéo-futuriste pour Cowboy Carter : tout comme la scénographie, les looks servent une histoire. Et contribuent à façonner la légende Beyoncé.
Égérie idéale
Car la « tourdrobe » de Beyoncé, c’est avant tout un moyen pour les designers de défiler, hors Fashion Week. Scrutée par le monde entier, les performances scéniques de l’interprète de Bodyguard s’accompagnent de nombreux changements de tableaux, et donc, de tenues. Avec toujours, un thème, scrupuleusement respecté par les créateurs invités à habiller la star. Pour le Cowboy Carter Tour, l’uniforme de la cowgirl se pare de paillettes et de carreaux en Burberry, de jean en Roberto Cavalli ou d’un imprimé bandana rouge en Moschino. Même ses looks les plus emblématiques sont ressortis du placard, histoire de montrer à son public que, même après des décennies de carrière, Beyoncé n’est jamais à la traîne. Ainsi, ses célèbres débardeurs blancs et short en jean coupé de Crazy in Love se voient revisités à la sauce country, gants à franges et bottes fourrées en option. Une façon également pour Beyoncé de rappeler au monde entier que si la country n’a jamais voulu d’elle, elle n’a pas attendu de sortir un album du genre pour revendiquer ses racines du sud des États-Unis.
De quoi inspirer également ses fans qui, à chacune de ses tournées, choisissent leurs tenues en lien avec le thème annoncé par Beyoncé. Sur TikTok, les idées de looks se multiplient, rassemblées sous les hashtag #cowboycarteroutfitideas ou #cowboycarteroutfit. « Les gens apprécient ces moments avec un enthousiasme probablement supérieur à celui d’avant la pandémie, explique Tiffany Ap, correspondante principale du Business of Fashion, Privés de spectacles en direct pendant une période prolongée, les gens en profitent d’autant plus. »
Si l’occasion est à ne pas rater pour les grands designers, les plus jeunes veulent aussi leur part du gâteau et l’opportunité d’habiller la Queen. David Koma, qui a créé deux looks pour la tournée Renaissance l’avoue pour le Guardian : « La visibilité est incroyable. Mentions sur les réseaux sociaux, articles numériques et imprimés, et bouche-à-oreille : l’intérêt monte immédiatement. » Une chance en or qui s’accompagne de contraintes techniques : et oui, on ne crée pas une tenue de scène comme on crée une robe de défilé. « [La tenue] doit être visuellement délicate, mais aussi incroyablement résistante… Elle doit être facile à enfiler et à retirer lorsque le temps presse. Il faut aussi penser aux superpositions et pouvoir retirer les pièces extérieures sans perdre la magie, » poursuit David Koma.
Pour conclure son spectacle, la Texane a misé cette année sur une marque japonnaise connue par les aficionados, moins du grand public : Anrealage. Réalisée en collaboration avec MPLUSPLUS – une agence de design japonaise dirigée par Minoru Fujimoto qui intègre des LED dans les textiles -, la robe projetait en direct des images évoluant au rythme de la chanson Daughter. Une collaboration qui avait déjà été fructueuse lors du Renaissance Tour que Beyoncé a manifestement souhaité prolonger, de façon entre plus spectaculaire. “Après avoir accepté l’offre, mon équipe et moi avons fait des allers-retours entre le Japon et Los Angeles pour concevoir et produire une tenue originale. Le résultat : une robe à crinoline confectionnée avec notre tissu signature, le Led Textile, un tissu souple capable d’afficher des couleurs, des motifs et des graphismes changeants comme un écran à cristaux liquides, a expliqué Kunihiko Morinaga, fondateur d’Anrealage à WWD, La production complète de la robe a duré environ un mois et demi, répétitions comprises. Notre équipe contrôlait les visuels en temps réel depuis les coulisses, synchronisant le design avec la musique au fur et à mesure du spectacle”. Une prouesse de plus qui confirme que dans le monde de la pop comme dans celui de la country, il n’y a bien qu’une reine. Et son nom, c’est Beyoncé.
30 avril 2025