Le label français FICHU veut rendre ses lettres de noblesse au durag

Le jeune label mêle modernité et traditions ancestrales.

Crédit photo : FICHU

C’est à Paris que la jeune marque spécialisée dans la création de durags FICHU est née. Sa mission principale ? Protéger les cheveux texturés en offrant style et élégance tout en démocratisant la perception de ce couvre-chef qui a encore du mal à trouver sa place dans certains lieux. À son origine au 19ème siècle, le port du durag ne se faisait pas par choix mais par nécessité. Aujourd’hui en parallèle de son utilisation liée aux rituels de soins capillaires, le durag est devenu un accessoire de mode, comme un ornement de tête. Riche de son histoire, le durag de Marc et Melissa, fondateurs de FICHU, se différencie de par son processus de production qui allie fabrication locale et sélection de tissus au sein des stocks dormants de maisons de couture. Rencontre avec les créateurs de la marque.

ANCRÉ : Depuis quand imaginez-vous vos propres créations ? 

Melissa et Marc, créateurs de FICHU : Tout a commencé il y a 1 an, avec l’envie d’offrir un durag en cadeau. Nous recherchions un durag de qualité avec de belles matières et de belles finitions. Un durag à la confection consciente que nous n’avons jamais trouvé, car il n’y en avait simplement pas. Nous voulions ce qui n’existait pas encore. C’est finalement pour pallier à ce manque sur le marché des cheveux mixtes & texturés que FICHU est né. 

Crédit photo : FICHU

Où puisez-vous vos inspirations ?

D’origines françaises et Afro-Descendant, nous avons souhaité à notre manière faire cohabiter différents environnements. Des États-Unis au Brésil en passant par le Moyen-Orient, avoir vécu dans différents endroits du monde nous a enrichi. C’est cet esprit moderne, nomade et respectueux des traditions d’autrefois que nous voulons restituer. FICHU, c’est un mélange d’influences : de paysages, de peuples historiques, de contes, de voyages… une envie de faire côtoyer la douceur des teintes naturelles et la pop-culture des 90’s. Il y a une forme de nostalgie heureuse là-dedans.

Que souhaitez-vous transmettre à travers vos créations ?

Accepter son identité, c’est également être fier de ses racines, se sentir beau/belle passe par une étape de soin, de préservation capillaire particulière, FICHU est cette étape. L’idée est aussi de libérer la parole sur la perception des cheveux mixtes, crépus, texturés, bouclés, frisés. Il existe encore une forme d’ignorance à leur sujet. Nous voulons démontrer qu’il est possible d’allier protection des cheveux et élégance.

Comment décrivez-vous votre processus créatif ?


Étant les premiers utilisateurs de nos durags, nous qualifierons notre approche de sensible, consciente et pratique. Formés au design graphique et au design d’objet – espace, il est important que nos créations restent simples, intemporelles et cohérentes. Plus concrètement, au départ il y a toujours la problématique : dans quelles circonstances protéger ses cheveux, préserver ou maintenir une coiffure ?

À la base utilisé pour entretenir les coiffures, le durag est devenu avec le temps un accessoire de mode. Comment arrivez-vous à mixer traditions ancestrales et usages modernes lors de la création de vos durags ? 

Si le durag est aujourd’hui un accessoire de mode, il est riche d’une histoire que l’on ne doit pas oublier. Introduit au 19ᵉ siècle, il servait autrefois d’ornement de tête aux rois éthiopiens, de protection contre les intempéries ou d’entretien capillaire aux esclaves Afro Américains et aux Antilles. Les origines culturelles et historiques de ces “pièces de tissus” s’étendent bien avant la tendance rap/hip hop. Plus récemment des personnalités comme Jay Z, Memphis Bleek, Nelly ou Iverson ont été les ambassadeurs du durag à une époque où sa réputation n’était pas si évidente. Même si la mode permet une visibilité positive et attrayante du durag, il ne faut pas qu’elle le consume pour ensuite le ranger sous le tapis. C’est la raison pour laquelle nous avons pris le temps d’identifier les applications modernes que requiert le durag. Pour le confort la nuit, la pratique d’un sport ou rayonner lors d’un événement, chaque situation a été l’occasion pour nos premières collections de proposer des durags dans des matériaux uniques et adaptés. Le modèle Namibie par exemple en crêpe lourde, a des propriétés différentes du modèle Balthazar, composé à plus de 95% de soie.


Vos collections portent le nom de stations de métro. D’où vient ce choix ?

Avant d’être des stations de métro, ce sont des quartiers où nous avons été confinés un certain temps. C’est là que FICHU est né. Nos premières capsules se devaient d’être ancrées dans le réel. Étant implantés à Paris, cela nous paraissait cohérent et évident. Et puis, un durag c’est un peu une couronne pas vrai ? 

Crédit photo : FICHU

Comment voyez-vous l’évolution de FICHU dans les années à venir ?

Grandir en France en ayant les cheveux mixtes n’est pas chose aisée. D’une certaine manière le dictat du cheveux lisse, souple et brillant nous a désinstruit et il nous faut nous réinstruire. Nous souhaitons étendre l’éducation autour des cheveux texturés en étant davantage présents dans l’univers du soin capillaire. Cela passe par un accompagnement dans les salons de coiffure et les instituts de beauté. Nous souhaitons également continuer à répondre correctement aux différents besoins modernes de nos utilisateurs. Ce que l’on oublie parfois, c’est que le durag n’est pas un accessoire religieux et en ce sens il faut continuer d’œuvrer à le démocratiser dans des lieux où sa perception reste encore négative comme les hôtels, certains restaurants, les musées ou lieux publics. C’est un accessoire traditionnel et élégant comme pouvait l’être le Fichu autrefois !  

Et pour les parisiens curieux d’en savoir plus, la marque sera présente au pop-up store “Slow Christmas” du 9 au 14 décembre au 59 rue Charlot dans le 3ème arrondissement.

Slow Christmas Pop-up
Du 9 au 14 décembre
59 rue Charlot
Paris 75003

Découvrez également le psychédélisme d’Iris Mutombo.

6 décembre 2021

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