Comment un kimono a semé le trouble entre Clarisse Agbégnénou et la Fédération de judo

Le vêtement est devenu un symbole d’équité.

Photomontage à partir d’une photo officielle de la Fédération française de judo par Cyril Masson

Pour comprendre les derniers tweets de Clarisse Agbégnénou qui vise la Fédération française de judo, il faut remonter au 17 février dernier. La quintuple championne du monde faisait alors son grand retour en équipe de France de judo après avoir donné naissance à son premier enfant. Lors du Grand Slam de Tel Aviv, elle s’était présentée avec un kimono de son équipementier personnel Mizuno. Une tenue qui n’avait pas plu à la Fédération française de judo, sponsorisée officiellement par adidas et qui avait alors sanctionné “la double championne olympique en la privant d’entraîneur pour la compétition en Israël“, comme le révèle Le Parisien en février 2022. Mais pourquoi Clarisse Agbégnénou avait-elle choisi de contourner le règlement ? Au risque de rater son retour à la compétition. Pour une question d’équité.

Avoir les mêmes droits que Teddy Riner

Chez les hommes Teddy Riner est lui autorisé à porter le judogi (nom véritable donné à la tenue de judo) de son choix. Depuis 2017, le septuple champion du monde de judo a obtenu le droit de porter la tenue de son propre équipementier. Le tout après une lutte menée par son avocate Delphine Verheyden, qui avait argumenté que le kimono pouvait être considéré comme un équipement à part entière, aux mêmes titres que les crampons des joueurs de foot, ou les pointes des coureurs en athlétisme. Par exemple, Messi qui joue au PSG porte le maillot du club estampillé Nike et Jordan mais est équipé en crampons par son sponsor officiel, adidas. En 2017 la Fédération française de judo avait signé un accord avec les trois bandes, tandis que la même année Riner officialisait un contrat avec Under Armor. La firme américaine ne fabriquant à l’époque pas de kimonos, il avait été autorisé à ajouter simplement le logo Under Armor sur la tenue fournie par la Fédération. Depuis 2021 Teddy Riner porte une tenue Fight Art, marque qu’il a lancée.

C’est pour cette raison que Clarisse Agbégnénou a choisi d’aller à la confrontation. Pour avoir les mêmes droits que son homologue masculin. “Mon souhait était de remettre l’équité au centre de l’équipe de France”, rappelle t-elle dans les colonnes du Parisien, après avoir annoncé qu’elle porterait finalement du adidas. Une décision qui fait suite à la récente annonce de la Fédération française de judo début avril concernant Teddy Riner. Ce dernier a finalement renoncé à porter le judogi de sa marque et le remplacera par le adidas pour les prochains Mondiaux qui débuteront le 7 mai prochain à Doha.

Mais pour Clarisse Agbégnénou le mal est fait. “Les relations ne se reconstruiront pas, c’est trop tard. J’ai plusieurs fois essayé de faire un pas en avant, mais à chaque fois on me remet plus bas que terre et c’est dur de se relever. Je resterai loyale, mais je me tiendrai à distance. Le mal est fait et je n’ai plus confiance dans les dirigeants de la fédération française de judo. Jamais je ne regretterai d’avoir mis le sujet du kimono sur la table, ce combat était juste et au moins il a permis de recréer une unité. J’avais demandé qu’il y ait une équité, c’est le cas. J’ai maintenant besoin de mettre mon énergie au service de mon projet sportif et pour décrocher une médaille”, confie t-elle au Parisien.

Engagée pour l’égalité homme femme dans le sport, la championne continue de faire entendre sa voix publiquement. Comme récemment lorsqu’elle a remercié le tout nouveau sélectionneur de l’équipe de France de football, Hervé Renard. Ce dernier a annoncé que les mères footballeuses pourraient dorénavant se joindre au groupe avec leurs enfants.

13 avril 2023

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