Beyoncé pour Tiffany and Co.,la campagne au “diamant de sang” qui passe mal

La chanteuse est accusée de glorifier la suprématie blanche.

Crédit photo : Tiffany and Co.

Beyoncé et Jay-Z ont été choisis par le joailler Tiffany &Co. pour être les nouvelles égéries de la marque. Dans une campagne photos dévoilée par LVMH, on voit le couple posant face à un large tableau Basquiat. Mais c’est un autre objet, moins volumineux mais tout aussi précieux qui a fait réagir la toile. Beyoncé arbore le plus gros diamant de Tiffany & Co., un canari jaune de de 128.54 carats. Alors qu’elle est devenue la première femme noire à porter le bijoux, après Audrey Hepburn, Lady Gaga ou encore Gal Gadot, Beyoncé est accusée de participer au commerce des diamants dits de sang. Parce que celui glissé autour de son cou, a été découvert dans les mines de diamants de Kimberley en Afrique du Sud en 1877 sous la domination coloniale britannique.

Suprématie blanche et hyprocrisie ?

Tiffany & Co mentionne cependant sur son site Internet que tous ses diamants sont certifiés “sans conflit”. Autrement dit, ne proviennent pas de régions où l’exploitation de diamants sert à des milices armées. “En tant que leader mondial du luxe durable, Tiffany & Co s’engage à s’approvisionner en matériaux naturels et précieux de manière éthique et durable. Nous avons une politique de tolérance zéro envers les diamants de la guerre et nous nous approvisionnons en diamants uniquement auprès de sources connues et de pays qui participent au processus de Kimberley“, peut-on lire sur leur site. Pas de détails en revanche sur les conditions d’extraction du diamant de la discorde, qui provient bien de la mine de Kimberley comme le stipule Tiffany and Co. sur sa page dédiée au bijou.

Dans une tribune du Washington Post intitulée “Désolé Beyoncé mais les diamants de Tiffany are not girl’s best friends”, en référence à la chanson de Marilyn Monroe, la journaliste Karen Nicole Attiah pointe du doigt l’hypocrisie de la chanteuse qui défend les causes noires, scandant “Black is King” sur ses albums, tout en arborant un objet qui est le parfait exemple de la suprématie blanche. “Il y a une histoire laide – une histoire de suprématie blanche et de colonialisme – derrière la belle pierre autour du cou de Beyoncé (…)Si le succès des Noirs se définit par le fait d’être payés pour porter les gros diamants coloniaux des Blancs, alors nous sommes vraiment toujours dans le creux de la vague.”, écrit-elle.

La mère de Beyoncé défend sa fille

Tina Knowles-Lawson, la mère de Beyoncé a défendu sa fille en laissant un commentaire sous une publication du média theGrio. Elle dénonce l’hypocrisie cette fois du grand public : “Combien d’entre vous, activistes socialement conscients, possèdent des diamants ? C’est bien ce qu’il me semblait ! Eh bien, devinez quoi êtes-vous allés vérifier d’où venait le diamant ? Probablement pas”, écrit-elle. “Donc, quand vous vous fiancerez, vous n’aurez pas de diamant que vous mettrez sur un anneau en argent sterling. Et vous feriez mieux de vérifier d’où il vient et son origine“, a-t-elle ajouté.

En marge de cette campagne, Tiffany & Co. s’est engagé à verser 2 millions de dollars pour des programmes de bourses et de stages pour les collèges et universités historiquement noirs (HBCU). En accord avec le couple Carters.

Le village Kimberley surnommé the big hole

Le village de Kimberley est devenu en quelques années, une machine à diamants. Alors que les baraques en tôles constituaient une bonne partie du village dans les années 1870, la découverte d’une mine va complètement changer l’industrie de ce petit coin d’Afrique du Sud. Un trou de 300 mètres de profondeur sera construit à la main par des ouvriers sud-africains, valant à Kimberley le surnom de The Big Hole (le grand trou, ndlr). Et sous des conditions inhumaines pour les travailleurs locaux, enrôlés par les colons britanniques, la production de diamant va atteindre plus d’un million de carats entre 1872 et 1873. Les ouvriers mineurs africains, en majorité Zoulous, étaient soumis à des règles proches de l’esclavage. Parqués dans des camps, surveillés par une police spéciale, fouillés à nu à la fin de la journée de travail… beaucoup sont morts sous des effondrements. Si l’épuisement des sols fait peu à peu partir les colons, Kimberley reste toujours synonyme de ruée vers les diamants. Une monnaie d’échange facile pour les milices africaines qui continuent de s’en servir pour acheter leurs armes. La ville a négocié un accord en 2002 avec plusieurs états, qui se sont engagés à ce qu’aucun diamant des conflits ne puisse entrer dans le commerce légal.

30 août 2021

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