L’affaire Benjamin Mendy aura redonné du crédit à la parole de celles qu’on n’écoute jamais. Celles qui peuvent bien payer de leurs corps après tout.
Le footballeur Benjamin Mendy est accusé de six viols et d’une agression sexuelle par quatre plaignantes, dont une mineure de 17 ans. Si son procès n’aura lieu qu’en janvier 2022, l’ancien international est retenu à la prison d’Altcourse, au nord de Liverpool depuis fin août. Selon les premiers éléments du dossier, toutes les agressions se seraient produites chez le footballeur entre octobre 2020 et août 2021. Benjamin Mendy nie tous faits qui lui sont reprochés. Présumé innocent jusqu’à la décision de justice qui sera rendue l’an prochain, l’opinion publique a souvent jugé en premier ces femmes qui fréquentent des footballeurs. Ou disons le plus simplement, ces jeunes femmes qui s’amusent avec des garçons riches. Mais plus particulièrement dans le football c’est le mot “michto” qui est utilisé pour décrire des femmes qu’on caractériserait de vénales. Derrière ce terme se cache souvent la même réthorique lorsqu’elles parlent ou portent plainte : “en même temps elles s’attendaient à quoi ?”. Sûrement pas à être violées.
À toutes celles qui
On ne jugera pas ici l’affaire Benjamin Mendy. C’est à la justice de le faire. Mais ce dossier aura permis (un peu) de redonner la parole à celles que l’on croit toujours de mèche, à celles qui de toute façon devaient bien s’attendre à payer de leurs corps. À celles pour qui rien ne pouvaient être gratuit. À celles qui mentent forcément parce que “le mec avec son salaire aurait pu se payer toutes les meufs qu’il veut sans être obligé de violer”. À celles qui peuvent bien donner leur cul. À celles qui veulent forcement leur faire cracher de la thune. À celles qui devaient forcément être consentantes puisqu’elles étaient chez lui de leur plein gré. À celles qui en même temps s’attendaient à quoi, puisqu’elles étaient saoules. À celles qui veulent forcément faire le buzz puisque tu verrais la gueule de leurs comptes Insta. À celles qui parlent maintenant alors que ça fait quatre ans qu’elles disent rien chelou. À celles qui ont accepté de l’argent pour se taire donc c’étaient forcément des gratteuses. À celles qui s’étonnent que leur corps soit une monnaie d’échange sur un marché dont le prix se fixerait en fonction du nombre de vodka rebull offertes.
L’affaire Benjamin Mendy, parce qu’elle ne connait pas d’équivalent dans le football, a provoqué une onde de choc, poussant certains spécialistes du ballon rond à s’emparer du sujet. De quoi crédibiliser la paroles des plaignantes. Parce qu’il aura fallu attendre que le milieu y croit pour qu’on les croit. Parce que peu importe ce que tu étais venue faire en soirée et avec qui, tu as le droit de dire non. Même à un mec qui a de la thune. Parce que le consentement ne s’achète pas. Michto ou pas.
12 meufs : Un footballeur m’a sexuellement agressée.
— Chaouinette (@Chaouinette) November 19, 2021
La populace : Tu mens, tu cherches le buzz. Un footballeur riche et célèbre a pas besoin de violer des meufs.
Un seul mec : Les footballeurs sont des violeurs.
La populace : Oh mon dieu quelle horreur, c’est des monstres.
Aucune des plaignantes ici n’est définie par l’autrice de cet article comme une michto. C’est bien la dénomination de michto qui est dans son ensemble, dénoncée.
22 novembre 2021